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Définition en 1866
par Thomas 2011-10-12 18:19:09
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Le Littré est intéressant en ce qu'il date précisément de l'époque à laquelle est écrit ce texte (ouvrage été publié à partir de 1863, puis dans sa deuxième édition en 1872-1877).

Voilà ce qu'il donne pour le terme esclavage :

ESCLAVAGE
(è-skla-va-j') s. m.


État d'esclave dans l'antiquité. L'esclavage chez les Grecs et chez les Romains. Emmener, réduire en esclavage des femmes, des enfants.
On ne croirait jamais que c'eût été la pitié qui eût établi l'esclavage, MONTESQ. Esp. XV, 2.
Je ne vous demande que la liberté d'une jeune esclave de Babylone que vous avez depuis quelques jours ; et je consens de rester en esclavage à sa place, si je n'ai pas le bonheur de guérir le magnifique seigneur Ogul, VOLT. Zadig, 18.
État d'esclave chez les modernes. L'esclavage des nègres.
Le cri pour l'esclavage est le cri du luxe et de la volupté, et non pas celui de l'amour de la félicité publique, MONTESQ. Esp. XV, 9.
L'esclavage est d'ailleurs aussi opposé au droit civil qu'au droit naturel ; quelle loi civile pourrait empêcher un esclave de fuir ? MONTESQ. ib. XV, 2.


Par extension, assujettissement, dépendance. Être en esclavage sous un despote.
Gouverner les peuples contre leur volonté, c'est se rendre très misérable pour avoir le faux honneur de les tenir dans l'esclavage, FÉN. Tél. VIII.
Ce serait mettre les familles dans le plus rigoureux esclavage, FÉN. ib. XXIII.
L'esclavage politique établi dans le corps de l'État fait que l'on sent peu l'esclavage civil, MONTESQ. Esp. XV, 13.
Dans les climats où les femmes vivent sous un esclavage domestique, il semble que la loi doive permettre aux femmes la répudiation, et aux maris seulement le divorce, MONTESQ. ib. XVI, 15.
À peine Jérusalem jouit-elle de quelque ombre de liberté, qu'elle fut déchirée par des guerres civiles, qui la rendirent, sous ses fantômes de rois, beaucoup plus à plaindre qu'elle ne l'avait jamais été dans une si longue suite de différents esclavages, VOLT. Dict. phil. Juifs.


Fig. Ce qui assujettit, subjugue. L'esclavage des passions.
Je ne hais point la vie et j'en aime l'usage, Mais sans attachement qui sente l'esclavage, CORN. Poly. v, 2.
Je brise avec honneur mon illustre esclavage, CORN. Rodog. III, 3.
Il vous dégage des passions.... qui sont les sources de vos péchés.... si vous en aimez l'esclavage, BOURD. Avent, Pénit. 482.
Vous vivez dans l'esclavage du péché et vous y mourrez, BOURD. 8e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 135.
Mais si, par d'autres soins plus dignes de mon âge, Par de profonds respects, par un long esclavage, RAC. Baj. III, 2.
L'esclavage de la rime, la gêne, la contrainte qu'elle impose.
Ce qui laisse peu de liberté, de loisir. Cet emploi est lucratif, mais c'est un esclavage.


Terme de gravure. Manière gênée, taille qui n'est point quittée à propos.


Sorte de chaîne, ordinairement ornée de diamants ou de pierres précieuses, qui descend sur la poitrine en demi-cercle, dite ainsi parce qu'on la compare à la chaîne portée par l'esclave.
Il portait un chapeau pointu retroussé d'un gros diamant, et un esclavage de perles et de rubis au lieu de carcan, HAMILTON, Le bélier, au commencement.


Ancien terme de négoce. Le droit qu'une compagnie de marchands avait seule de vendre et d'acheter certaines marchandises.

REMARQUE
M. de Malherbe disait et écrivait esclavitude, et ne pouvait souffrir esclavage ; néanmoins esclavage est beaucoup plus usité que l'autre, VAUG. Rem. t. II, p. 681, dans POUGENS.

ÉTYMOLOGIE
Esclave.


On peut remarquer au passage :
- que sont abondamment cités les moralistes encyclopédistes du XVIIIe siècle
- que Malherbe pourrait avoir inspiré Ségolène Royale.

Mais puisque le terme est étymologiquement construit sur celui d'« esclave », il est nécessaire de s'intéresser aussi au sens de ce mot.

ESCLAVE
(è-skla-v') s. m. et f.


Celui, celle qui est sous la puissance absolue d'un maître, par achat, par héritage ou par la guerre. Délivrer, racheter des esclaves. Platon vendu comme esclave. Le trafic des esclaves à la côte d'Afrique.
On trouve la sainteté dans les emplois les plus bas, et un esclave s'élève à la perfection dans le service d'un maître mortel, pourvu qu'il y sache regarder l'ordre de Dieu, BOSSUET, le Tellier.
De mon rang descendue, à mille autres égale, Ou la première esclave enfin de ma rivale, RAC. Baj. v, 4.
Aristote veut prouver qu'il y a des esclaves par nature ; ce qu'il dit ne le prouve guère, MONTESQ. Esp. XV, 7.
Les Athéniens traitaient leurs esclaves avec une grande douceur ; on ne voit point qu'ils aient troublé l'État à Athènes, comme ils ébranlèrent celui de Lacédémone, MONTESQ. ib. XV, 17.
Chaque nation européenne a une manière de traiter ses esclaves qui lui est propre : l'Espagnol en fait les compagnons de son indolence ; le Portugais, les instruments de ses débauches ; le Hollandais, les victimes de son avarice, RAYNAL, Hist. phil. XI, 22.
Il est prouvé que quatorze ou quinze cent mille noirs, aujourd'hui épars dans les colonies européennes du nouveau monde, sont les restes infortunés de huit ou neuf millions d'esclaves qu'elles ont reçus, RAYNAL, ib.
Les esclaves de tout âge, de tout sexe et de toute nation sont un objet considérable de commerce dans toute la Grèce, BARTHÉL. ch. 6.

Terme de droit romain. Esclaves de la peine, ceux qui étaient condamnés à travailler dans les mines, ou à combattre des animaux féroces pour divertir le peuple.

Par extension.
Esclave couronnée, Je partis pour l'hymen où j'étais destinée, RAC. Mithr. I, 3.
Ce n'est donc point, Ismène, un bruit mal affermi ? Je cesse d'être esclave et n'ai plus d'ennemi, RAC. Phèdre, II, 1.

Fig.
Il [un livre] est esclave né de quiconque l'achète, BOILEAU, Sat. IX.
La rime est une esclave et ne doit qu'obéir, BOILEAU, Art p. I.


Celui qui est soumis à une domination étrangère, à un gouvernement despotique.
Fut-il jamais au joug esclaves plus soumis ? RAC. Esth. III, 4.
Quand l'esclave imprudent pour ses maîtres combat, Tout son sang prodigué se répand sans éclat, C. DELAV. Vêpres sicil. I, 2.
D'anciens Gaulois, pauvres esclaves, Un soir qu'autour d'eux tout dormait, Levaient la dîme sur les caves Du maître qui les opprimait, BÉRANG. Escl. gaulois.

En esclave, à la façon des esclaves, servilement.
Je prétends n'être point obligée à me soumettre en esclave à vos volontés, MOL. G. Dandin, II, 4.
Le sang des Ottomans Ne doit point en esclave obéir aux serments, RAC. Baj. III, 3.


Dominé par, assujetti à.
Vous seriez devenu, pour avoir tout dompté, Esclave des grandeurs où vous êtes monté, CORN. Cinna, II, 1.
Elle a trop de vertus pour n'être pas chrétienne.... Pour vivre des enfers esclave infortunée, CORN. Poly. IV, 3.
Père dénaturé, malheureux politique, Esclave ambitieux d'une peur chimérique, CORN. ib. v, 6.
Vil esclave toujours sous le joug du péché, Au démon qu'il redoute il demeure attaché, BOILEAU, Épît. XI.
Triste destin des rois, esclaves que nous sommes Et des rigueurs du sort et des discours des hommes, RAC. Iphig. I, 5.
Esclave d'une lâche et frivole pitié, RAC. Athal. II, 7.
L'empereur soupçonneux, esclave de son rang, CAMPISTRON, Andron. I, 8.
Plus une âme mondaine est esclave de ses passions, MASS. Car. Respect hum.
Elle n'en est pas moins l'esclave des vanités d'Égypte, MASS. ib. Prosp.
J'eusse été près du Gange esclave des faux dieux, Chrétienne dans Paris, musulmane en ces lieux, VOLT. Zaïre, I, 1.
Mais le reste du monde, esclave de la crainte, VOLT. Alz. I, 1.
En arrivant à la cour, il se vit entouré une seconde fois des esclaves de la faveur, CONDORCET, Maurepas.

Être esclave de sa parole, tenir religieusement la promesse qu'on a faite.
Être esclave de son devoir, l'accomplir scrupuleusement.
Tout cela part d'un coeur toujours maître de soi, D'un héros qui n'est point esclave de sa foi, RAC. Andr. IV, 5.


Qui est volontairement asservi aux volontés de quelqu'un.
Tous les hommes vivants sont ici-bas esclaves ; Mais, suivant ce qu'ils sont, ils diffèrent d'entraves, RÉGNIER, Sat. III.
Qui est plus esclave qu'un courtisan assidu, si ce n'est un courtisan plus assidu ? LA BRUY. VIII.
Les hommes veulent être esclaves quelque part et puiser là de quoi dominer ailleurs, LA BRUY. ib.
Vous exigez que vos esclaves vous servent avec tant de respect, MASS. Car. Temples.
Diderot s'est fait esclave des libraires, et est devenu celui des fanatiques, VOLT. Lett. à d'Alembert, 15 oct. 1759.
Je ne désire pas des amis ; il ne me faut que des dupes et des esclaves, GENLIS, Veillées du chât. t. III, p. 381, dans POUGENS.

Dans le langage de la galanterie, amant et serviteur d'une dame.
Je ne souffrirai point qu'Hypsipile me brave, Et m'enlève ce coeur que j'ai vu mon esclave, CORN. Tois. d'or, IV, 3.
Une aventure me fit voir la charmante Élise ; cette vue me rendit esclave de ses beautés, MOL. l'Avare, v, 5.
Mais enfin je ne puis.... .... esclave d'un coup d'oeil Par des soumissions caresser son orgueil, VOLT. Alz. I, 1.


Qui n'a aucun moment de libre. Cet emploi le rend esclave. Les domestiques sont esclaves dans cette maison.


Adj. Les nègres esclaves.
Ô malheureuse et respectable reine, comment vous retrouvé-je en ce lieu écarté, vêtue en esclave et accompagnée d'autres femmes esclaves qui cherchent un basilic pour le faire cuire dans de l'eau rose par ordonnance du médecin ? VOLT. Zadig, 1.

Fig. Avoir une âme esclave, avoir une âme vile et basse.
Par extension. Qui obéit comme ferait un esclave.
Sylla peut en effet quitter sa dictature ; Mais il peut faire aussi des consuls à son choix, De qui la pourpre esclave agira sous ses lois, CORN. Sertor. IV, 3.
L'air tient les vents tous prêts à suivre sa colère [de Médée] ; Tant la nature esclave a peur de lui déplaire, CORN. Méd. III, 1.
Il est beau d'étaler cette prérogative Aux yeux du Rhône esclave et de Rome captive, CORN. Sert. IV, 2.

HISTORIQUE
XIIe s.
Qui estoit franc est devenu esclave, Machab. I, 2.
XIIIe s.
Et qui cele rançon ne porroit paer, si seroit esclas, Hist. occid. des croisades, t. I, p. 89.
Quant Seif Eddin ot les mil esclaz, ib. p. 97.
L'on se peut clamer par l'assise de esclaf ou de esclave qui est mesel [lépreux] ou meselle, ou qui cheit dou mauvais mau [épilepsie], Ass. de Jér. I, 129.
XIVe s.
Le royaume de Rome estoit abandonné non pas seulement à gens estranges et pelerines, mes encores à serfs et à esclaves, BERCHEURE, f° 20, verso.
Voulons que lesdits Cathelans qui vouldront venir en nostre dit royaume le puissent faire seurement et sauvement avec leurs femmes, enfans, serviteurs, esclaux [valets], esclaves, bagues, joyaulx, Ordonn. avril 1486.

ÉTYMOLOGIE
Provenç. esclau, s. m. ; esclava, s. f. ; espagn. esclavo ; portug. escravo ; ital. schiavo ; allem. Sclave ; angl. slave ; de slavus ou sclavus, Slave, nom de peuple, qui fut employé pour désigner un serf après les guerres qu'Othon le Grand et ses successeurs firent aux peuples slaves et dans lesquelles une partie de ces peuples furent emmenés en captivité, distribués aux guerriers de l'empire d'Allemagne et réduits en servitude. Un très grand nombre de Slaves étant devenus serfs, le mot de slave fut employé pour synonyme de serf. Les premiers exemples de l'usage de slavus en cette signification remontent au Xe siècle ; voy. GUÉRARD, Polyptyque d'Irminon, I, 283.


Voilà quelques éléments. Je suivrai cette discussion avec intérêt, mais ne suis pas compétent pour l'alimenter.

Thomas

     

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          je suis très perplexe sur ces "propos" par jejomau  (2011-05-10 16:07:00)
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