En effet, vous négociez quoi avec votre (un?) évêque, Monsieur l'abbé?
- Votre place au soleil? ou moins à l'ombre ?
- le droit de dire la messe en semi-privé...
- Un autel latéral le dimanche entre 12h35 et 12h55 dans une crypte de banlieue...
- La possibilité de célébrer selon le rite de Paul VI, mais en latin?
- de saint Pie V, en français? ou le canon à voix haute, ou avec le nouveau calendrier ou... ou... ou (ad libitum)
- Un appartement...?
- Un salaire...?
- le droit de porter soutane, dans votre chambre...
- Le droit de faire du catéchisme, mais faut pas que ça se sache...?
- La possibilité de confesser au confessionnal, une fois par mois ?
Vous négociez, vous oeuvrez à ce qu'il se rapproche, dites-vous ? Qu'est-ce que cela signifie? Vous travaillez à ce que votre évêque enseigne les vérités du credo? Ou qu'il vous laisse au moins le faire vous-même, parce que vous êtes prêtres ?
Monsieur l'abbé, votre évêque est-il votre charge pastorale? Tandis que ces vilains tradis, qui bouzillent toutes vos nuances, font tant de bruit.
...
Je ne veux pas allonger la liste.
Evidemment, il vaut mieux être bien avec son évêque, évidemment. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Mais je ne vois pas que pour cela, vous ayez le droit de demander le silence à ceux qui meurent autour de vous, et qui meurent dans l'exacte proportion de la démission (au sens le plus littéral du mot) de l'évêque avec lequel vous négociez.
Pardonnez-moi, si je vous semble mesquin, Monsieur l'abbé, (je reconnais que je le suis un peu ) mais j'ai une sainte horreur des prêtres "conservateurs" qui vomissent du tradis à tout bout de champ, en agitant les mains haut et fort - si possible devant leur évêque, ce qui les dédouane d'être des ces vilains pharisiens (la parabole désormais est inverse : je vous remercie, Seigneur, de ce que je ne suis pas comme ces pharisiens, ) - parce que j'ai côtoyé en toute bonne foi de ces prêtres qui ont été de vrais loups ravisseurs derrière le goût des dentelles, de l'encens, du latin, de la "négociation", et des jeunes garçons-servants de messe (...) Ces prêtres-là ne connaissaient qu'un seul péché irrémissible : la FSSPX, dont par ailleurs il bénéficiaient de la non-négociation, sans s'en rendre compte, bien en amont de leur propre ordination. Et avec ce péché irrémissible, les pécheurs: les "tradis" - bruyants, arrogants, désobéissants, médisants, grincheux, contre-productifs...
Les laïcs ont été spoliés, et leur juste colère non seulement n'est pas peccamineuse, Monsieur l'abbé, mais elle est vertu dans la mesure même où, sur elle, des oeuvres sont nées qui ont porté des fruits de vie. Elle est le signe qu'en eux la Vie, n'est pas tout à fait morte, et qu'ils ne peuvent se résigner à voir les âmes de leurs enfants se perdre, quitte pour cela à perdre tout - tout sauf la Vie.
Le 20e et le 21e siècles auront été peuplés de prêtres martyrs de leur sacerdoce, qui, malgré leur évêque hélas, ont, grâce à Dieu, continué de donner la Vie aux âmes - au prix de leur vie à eux. A ces prêtres-là, nous seront d'une reconnaissance infinie... même si l'exile se prolonge et que la messe du dimanche est - pour être messe - confinée dans des garages plutôt qu'au maître-autel de la cathédrale. Et à propos de ces évêques-là nous continuerons de dénoncer ce que Bernanos a appelé si justement et sans complaisance : "l'Imposture".
En union de prière, Monsieur l'abbé, pour que le Bon Pasteur peuple son Eglise de saints, et que nous soyons de ceux-là.