de Vianney and C°.
A chaque élection, j'attends de voir les candidats de ce parti qui, en dehors du F.C, n'a pas l'air d'avoir la moindre consistance. Pas de candidats, pas de voix, pas d'élus. Pas plus aux récentes cantonales.
En bref, comme le pensait Mgr Dupanloup en ... 1865 (!), nous sommes installés dans "l'hypothèse", un régime de laïcité, pour encore un long moment.
Il faudrait répondre aux outrances du commentaire par M. Chemain de l'article, excellent à mon sens et sans flagornerie aucune [ une erreur cependant le décret impérial sur les juifs est assimilable aux Articles organiques mais n'en fait pas partie] , de Mgr Simon. Il ne s'agissait pas principalement de l'islam de France mais d'une explication historique du sens d'Église en France et d'Église de France. L'archevêque fait d'ailleurs un exposé qui est tout ultramontain. Il souligne aussi fortement ce que laïcistes et syllabusiens oublient souvent l'article premier de la loi de 1905.
L'application à l'islam qu'en tire Mgr Simon en conclusion, c'est l'ultime demie colonne, est surtout critiquable quant à la citation de 1995 de feu le cardinal Lustiger. Sur plusieurs points :
- les musulmans sont présents sur le territoire métropolitain, sans même parler du nouveau département de Mayotte où c'est la religion majoritaire de façon écrasante et où on ne parle pas de drames religieux à ma connaissance, depuis bien plus longtemps (un bon siècle avec l'émigration africaine - Maghreb et Afrique noire).
- "ce n'est pas en France que seront résolues les questions posées à l'islam" : les sociologues insistent pourtant sur le rôle des "diasporas". Quand l'islam est une religion minoritaire, il est conduit à ajuster ses comportements : c'est tout l'enjeu. Pourquoi ces situations en Europe et Amérique du Nord n'aurait-elle pas d'influence sur les zones où cette religion est majoritaire ? L'énoncé du cardinal Lustiger ne me paraît pas exact tel quel.
Tout le débat sera dans la phrase "faire respecter avec sagesse et bienveillance la loi républicaine". Cela, de soi, revient bien à imposer "faire respecter" un "islam à la française", compatible dans ses pratiques avec la société française pluraliste en la matière. Les inquiétudes et la maladroite idée de "débat sur l'islam et la laïcité" tiennent d'abord et presqu'exclusivement au fait que l'État et les collectivités ne font pas "respecter" en certains lieux la "loi républicaine".
La solution, là je rejoins le cardinal défunt, n'est sûrement pas une ingérence de l'Etat dans les croyances et les institutions propres à chacun (regardons le désastre suisse côté catholique, pensons au Vietnam ...). L'État - sauf pour la poignée de syllabusiens au monde - n'est pas théologien. Il n'a pas à réécrire la Sunna ni à se faire cadi suprême, juge musulman. Les dirigeants des Églises chrétiennes craignent, à juste titre, les débordements soit du laïcisme - idiot et malveillant pour paraphraser le Cardinal - soit la résurgence d'un penchant de type gallican d'inféodation des cultes à l'État. Les syllabusiens ont le droit d'exister autant que les tenants de la charia et les juifs ultra-orthodoxes, les Mormons etc. Chacun peut avoir sa théologie, comme le rappelle E. Poulat fréquemment : Vianney peut clamer la "Vérité" d'un Etat confessionnel exclusivement catholique avec une kyrielle d'exemptions pour les clercs, la compétence exclusive des officialités, l'interdiction du culte public des autres religions, que sais-je encore. Mgr Simon, comme le communiqué des responsables de 6 cultes, veulent que M. Copé (et alii) n'empêchent pas Vianney de s'afficher syllabusien sur le F.C. Moi aussi.
L'État n'aura le devoir d'intervenir que s'il voulait imposer par la force ses idées à une portion de territoire national : ce qui vaut pour Vianney vaut pour les fondamentalistes musulmans et les autres.
Reste à déterminer, au cas par cas, quand il faut intervenir pour "faire respecter avec sagesse et bienveillance la loi républicaine" et se garder des fous malveillants.
Sans tomber dans les travers du dialogue interreligieux, les traditionalistes devraient être les premiers (et premières) à comprendre les motivations profondes, religieuses, des fondamentalistes d'autres religions et autres confessions chrétiennes.
Vianney se tire adroitement de cette nasse en restant logique avec lui-même : le prix de cette cohérence interne étant l'irréalisme absolu, la voie syllabusienne étant totalement impraticable pour très longtemps, à vue humaine. Lui-même ne le conteste pas. Cela s'appelle une posture, ce n'est pas une politique.
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