Paul III n'a pas "avant tout" - je vous cite - un objectif pastoral. Il a aussi un objectif pastoral et Trente comporte oui une part très importante de dispositions "pastorales", on disait "disciplinaires" à l'époque. En ce sens le concile de Trente parachève ce que le précédent concile oecuménique Latran V avait tenté sans succès.
MAIS entre la clôture de Latran V en 1517 et l'ouverture de Trente en 1545, il s'est tout de même passé un événement d'ampleur colossale, cher Jérusalem, que vous mettez sous le tapis un peu trop prestement : la Réformation ou Réforme protestante qui déchire la chrétienté occidentale et la met à feu et à sang.
Luther, Calvin, Zwingli et les autres, je suis sûr que ça vous revient.
Trente est d'abord la réponse aux questions doctrinales/dogmatiques posées par la Réforme protestante et aussi la suite de l'essai raté de réforme disciplinaire (pastorale) esquissé à Latran V.
Le Concile s'ouvre sur la question biblique en 1545-1546 en réponse évidente au Scriptura Sola de Luther et aux interrogations suscitées par la place de la Bible dans la vie de l'Église par le courant humaniste dès le XVe et les protestants.
La grande différence entre l'association doctrine/pastorale à Trente et à Vatican II tient à ceci qui adorne certains décrets comme celui-ci relatif à la réception des Livres saints et des traditions du 8 avril 1546 :
" Si quelqu'un ne reçoit pas ces livres pour sacrés et canoniques dans leur totalité, avec toutes leurs parties, tels qu'on a coutume de les lire dans l'Église catholique et qu'on les trouve dans la vieille édition de la Vulgate latine ; s'il méprise en connaissance de cause et de propos délibéré les traditions susdites : qu'il soit anathème. "
Il n'y a pas de condamnation explicite et de sanction canonique dans les textes de Vatican II comme il n'y a pas de proclamation d'aucun dogme nouveau. Tout ce qui est proprement d'ordre dogmatique dans Vatican II provient de la Tradition antérieure déjà énoncée comme partie de la Révélation.
Si comme l'écrit Signo, il y a une part d'artificiel dans la distinction trop tranchée entre "doctrinal" et "pastoral", c'est verser dans un excès inverse que de nier toute distinction entre les deux et plus encore d'ériger au rang de dogme proclamé des énoncés qui n'ont jamais reçu ce statut.
Pour prendre un exemple simple : le N.O.M. ne correspond pas à la constitution conciliaire et même s'il lui était fidèle pourrait être révisé sans dommage puisqu'il relève de thèses pastorales qui ont échoué du moins en Occident et Amérique latine de façon patente. La néo-liturgie est une création purement pastorale ratée mais on le voit dans T.C. et une allocution du cardinal Roche que l'on fait passer pour l'alpha et l'omega de la Tradition liturgique romaine en l'absolutisant de manière abusive.
Le NOM c'est, si vous voulez, Trente prescrivant un synode diocésain ... tous les ans, une prescription pastorale qui ne fut pratiquement appliquée nulle part. Saint François de Sales en tenait un tous les deux ans ce qui était exceptionnel.
Une grande partie de Latran V est restée lettre morte.
ps. Paul III avait lancé aussi une invitation aux Églises orientales séparées ... un peu comme Jean XXIII mais pour s'unir à Rome visiblement pas pour observer.
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