Cher ami,
merci de votre réponse !
1) Il est évident que l'union et l'unité ne sont pas exactement la même chose. Il me semble que l'union est plus forte que l'unité, en ce qu'elle engage la totalité de notre être (et pas seulement un accord). Cela est vrai de l'union avec Dieu (avec le verset que vous citez). Cela est également vrai du mariage. Une telle union n'abolit pas les différences entre Dieu et les hommes, entre le mari et la femme.
2) L'unité n'est pas une union de ce type. Elle est davantage du côté de l'unité familiale (au sens où l'on parle d'une famille unie) ou de l'unité politique (au sens où l'on parle d'un pays uni). Une telle unité n'abolit pas les différences, voire les divergences. Il ne s'agit pas d'uniformité, mais d'accord.
3) Un tel accord se vit dans l'ordre naturel (unité de la famille, unité de la société), mais il se vit aussi dans l'ordre surnaturel. C'est là qu'intervient la prière de Jésus-Christ en Jn 17 : celle-ci concerne les disciples, vous avez raison de le souligner, ou plus exactement, tous ceux que le Père a donné au Fils (Jn 17, 1). Je ne vois pas comment on peut imaginer que le Père n'ait pas donné toute l'humanité au Fils, étant sauve la liberté de chacun de l'accepter ou non, et d'en tirer les conséquences. Chez saint Jean, le monde (kosmos, mundum) désigne la réalité qui refuse la Révélation : par définition, le monde est quelque chose de fluide. Quitte le monde celui qui accepte la Révélation ; rejoint le monde celui qui apostasie.
Dans cette unité, il importe de revenir au texte : "ut sint unum sicut nos" Sicut traduit kathôs : ce n'est pas une comparaison, mais un exemple, un modèle. Le modèle de l'unité de l'Eglise, c'est l'unité du Père et du Fils. Dans l'ordre naturel, un tel modèle est irréalisable (ce qui rend tout pélagianisme faux) ; en revanche, la configuration au Christ le rend réalisable dans l'ordre surnaturel (lequel est déjà à l'oeuvre aujourd'hui).
4) Nous avons donc une situation guère facile à articuler. D'un côté, une unité surnaturelle, en acte pour tous les chrétiens, en puissance pour tous ceux qui, peut-être, deviendront chrétiens un jour. De l'autre, des sociétés, des pays, des cultures, qui, parfois, n'arrivent pas à vivre cette unité. Je suis chrétien et français. Comme chrétien, je dois accepter la communion avec tous les chrétiens et imaginer qu'une communion soit possible avec toute l'humanité lorsque celle-ci aura accepté le Christ. Comme Français, je dois accepter tant la beauté et la spécificité de mon pays, que celles des autres pays. Cela n'est pas toujours facile à vivre, pas plus qu'il n'est aisé de vivre n'importe laquelle des réalités spirituelles.
Tout cela pour dire que l'unité du genre humain n'est pas d'abord une réalité politique de type onusienne, mais une réalité mystique, déjà présente et en attente d'accomplissement.
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