Cher signo,
J'adhère au constat que vous dressez.
Le comble est que "la communion fréquente" a développé le mauvais instinct grégaire, au point qu'on s'approche de la Table eucharistique pour suivre le troupeau, qu'on en a moins le désir quand on est seul et malade, et que quiconque prétend nous empêcher d'en approcher commet le crime de nous empêcher de suivre le troupeau... auquel on croit appartenir en le suivant alors qu'il s'agit d'un troupeau spirituel et que le Corps du christ ou le peuple de Dieu est le contraire d'une foule grégaire et versatile.
Il est fou que le don suprême de Jésus-Christ soit devenu objet de droit... Donc parler de droit à la communion est passer complètement à côté du Mystère. Jésus-Christ n'a pas donné Sa vie pour nous offrir un droit humain.
En revanche, tout le monde devrait avoir droit au Sacrement de pénitence ou de réconciliation, les divorcés remariés compris, fût-ce pour recevoir des "absolutions incomplètes", des "demi pardons" comme écrivait Maupassant dans "Une vie". Nous sommes beaucoup trop dans la logique du tout ou rien.
Il s'agit de ne pas oublier que les sacrements sont faits pour nous aider dans notre vie terrestre. Ils sont sans doute une préfiguration de la vie éternelle, mais il ne faut pas attendre d'être purs comme on le sera devenu si on est admis à passer notre vie au ciel pour recevoir des sacrements qui ne nécessitent pas une pureté absolue de notre corps, comme seul à mon avis est celui de l'Eucharistie, "source et sommet de notre vie chrétienne", banalisé chez presque tous les catholiques -et je me mets dans le lot-. C'est cette banalisation qui constitue le scandale.
Mais cette banalisation et l'instinct grégaire avec lequel on s'approche de la table eucharistique repose sur une autre raison: le chrétien est mis en demeure de savor par lui-même s'il est en état de grâce ou s'il ne l'est pas. Et comme l'a illustré la célèbre réplique de Jeanne d'Arc, répondre à une telle question est impossible. Ou on se croira en état de grâce et on fera preuve de la présomption la plus orgueilleuse, ou, ayant un tempérament inquiet et scrupuleux, on ne s'y croira jamais, et on passera une vie dans l'humiliation en se privant des consolations que Jésus est venu nous apporter dans les tribulations par sacrements.
Ceci serait amoindri si nous recourions tous à un directeur ou à un accompagnateur spirituel. Mais justement, nous n'y recourons plus. La modernité (fille du modernisme au moment duquel Saint Pie x a favorisé la communion fréquente) est propice au subjectivisme et n'aime plus que les consciences soient dirigées. La direction spirituelle s'est affaiblie du fait qu'elle a souffert des abus par lesquels les disciples devenaient en pratique incapables de se gouverner dans la juste mesure de leur dignité et de leur liberté spirituelle. Or comme l'a justement noté un liseur, l'Eglise continue de parler au monde comme si le monde était en état d'être dirigé ou demandait sa direction... Nous sommes à la croisé de tous ces dilemmes.
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