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La certitude morale d'être en état de grâce...
par Chicoutimi 2023-04-10 00:40:36
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est reconnue par l'unanimité des théologiens. Sans cette certitude morale (à distinguer de la certitude de foi) il ne serait pas possible de recevoir la Sainte Communion ni d'avoir l'âme en paix. Voici un texte intéressant sur le sujet de la Revue du Clergé français (1906):


LE SIGNE INFAILLIBLE DE L'ÉTAT DE GRACE


"La sanctification personnelle doit être pour chacun de nous l'objectif principal de la vie présente et par conséquent toutes les voies qui conduisent à la sainteté, toutes les conditions susceptibles de favoriser son développement, doivent être examinées avec le plus profond intérêt.

Il en est ainsi en particulier de la paix de l'âme, l'une des conditions essentielles de notre avancement spirituel. La paix de l'âme nous est aussi nécessaire pour acquérir la vigueur spirituelle, sans laquelle nous succomberions aux heures d'épreuve, que la paix des royaumes peut l'être aux peuples pour se préparer aux actes héroïques de la guerre. La paix de l'âme est l'atmosphère morale où nos énergies supérieures atteignent à leur pleine et parfaite maturité.

C'est dans la paix de l'âme, au temps de sa prospérité, que le saint homme Job parvint à cette patience héroïque manifestée ensuite pour l'édification des siècles. C'est dans la paix de l'âme, en vaquant au soin de son troupeau sur les collines de la Judée, que le pâtre David s'éleva à cette piété, à cette charité admirables qui éclatent à chaque page de ses chants inspirés. Enfin, c'est aussi dans la paix de l'âme et dans le calme profond de Nazareth que le Sauveur lui-même voulut se préparer durant les trente premières années de sa vie au drame sanglant du Golgotha.

L'inquiétude au contraire est l'une des plus graves maladies de l'âme. Elle brise notre élan vers le bien, paralyse nos forces, refroidit notre amour. L'inquiétude engendre les scrupules, l'un des fléaux de la conscience chrétienne; et l'une des formes de l'inquiétude, dans le monde croyant, c'est l'inquiétude au sujet de l'état de grâce. Plus la foi est profonde, l'intelligence puissante, plus le coeur est ardent, et plus cette question de l'état de grâce se présente à l'esprit comme un problème capital. Aussi les plus belles âmes n'ont pas toujours été à l'abri des morsures du scrupule à cet égard. Ignace de Loyola et François de Sales, par exemple, en dépit de leur génie et de leur sainteté, ont subi à ce sujet des angoisses voisines du désespoir et une inquiétude du même genre fut la cause principale de l'apostasie de Luther.

« Luther, dit Kraus, voulait une certitude absolue de son salut à venir et de son état de grâce. Cette certitude qu'il ne pardonnait pas à l'Église de n'avoir pas pu lui donner, il crut la trouver dans la doctrine de saint Paul sur la justification par la foi, et, érigeant en théorie ce qui s'était passé dans son âme troublée, il annonça au monde « le nouvel évangile » qui sera désormais le grand article de foi, le caractère même de la véritable Église. » (KRAUS, Histoire de l'Église universelle, 3 vol. in-8°, t. III, p. 35.)

Nous examinerons plus loin, s'il est bien vrai que la doctrine catholique soit impuissante à nous fournir les éléments d'une sécurité profonde soit par rapport à notre salut, soit même par rapport à notre état de grâce actuel et nous montrerons que les angoisses d'Ignace de Loyola, de François de Sales et de Luther, s'il est permis d'associer de tels noms, étaient des sentiments inharmoniques avec l'enseignement catholique. Nous indiquerons l'infaillible moyen que Dieu nous a mis en mains pour assurer notre salut, nous exposerons comment l'inquiétude au sujet de l'état de grâce n'a pas sa raison d'être et nous démontrerons enfin la possibilité pour les justes d'atteindre à la certitude absolue de leur justification.

Sur ce dernier point, nous avons à lutter, il est vrai, contre un préjugé assez répandu de nos jours; mais, il n'y a là en effet qu’un préjugé sans fondement suffisant, analogue à plusieurs autres dont l'histoire de l'Église a gardé le souvenir et qui se dissipèrent peu à peu au souffle de la tradition mieux comprise. C'est ainsi, par exemple, que durant de longs siècles on croyait çà et là dans le monde chrétien au retour prochain du Christ sur la terre en raison du passage suivant de l'Apocalypse (xx, 2-6) : « (...) ».

(...)

Et pour procéder avec ordre dans une étude aussi intéressante, disons en premier lieu que cette question de la possibilité de la certitude absolue de l'état de grâce n'est encore nullement résolue. Voici, d'une manière précise, où en est le problème : d'une part, tous les théologiens admettent que les justes peuvent avoir de leur état de grâce une certitude morale au sens large, et d'autre part, tous professent également qu'en dehors d'une révélation privée la certitude de foi de notre état de grâce est impossible. Avant d'aller plus loin, il est donc nécessaire d'exposer ce qu'il faut entendre par ces mots : certitude morale au sens large et certitude de foi de l'état de grâce.

Puis nous montrerons qu'il existe un troisième genre de certitude, la certitude d'évidence, certitude vraiment incompatible avec l'erreur et cependant essentiellement différente de la certitude de foi, et cela fait, il ne nous restera plus qu'à établir la possibilité pour les justes d'atteindre à une telle certitude relativement à leur état de grâce.

La certitude morale de l'état de grâce, admise comme possible par tous les théologiens, n'est donc qu'une certitude au sens large, une certitude compatible avec l'erreur. C'est une certitude de l'ordre pratique plutôt que théorique et permettant néanmoins d'écarter avec raison toute crainte et toute anxiété au sujet de l'état de grâce. C'est d'ailleurs en vertu d'une certitude morale analogue que nous écartons pratiquement aussi, dans les affaires les plus graves de la vie présente, toute crainte et toute anxiété, sans avoir cependant une certitude absolue de n'être pas dans l'erreur. Supposez, par exemple, que vous soyez obligé de confier votre vie ou votre honneur aux mains d'un chirurgien ou d'un avocat. Dès que vous aurez pris les renseignements voulus, dès qu'il ne vous restera plus aucun doute prudent sur l'honnêteté et l'habileté des hommes auxquels vous allez confier vos plus chers intérêts, vous posséderez alors précisément la certitude morale pratique d'avoir fait un bon choix et dès lors vous aurez raison d'écarter toute crainte et toute anxiété sur la manière dont votre vie ou votre honneur seront sauvegardés, sans avoir cependant à cet égard une certitude absolue; car, après tout, votre avocat et votre chirurgien pourraient trahir votre cause ou rencontrer sur leur chemin des difficultés au-dessus de leur savoir, de leur habileté professionnelle.

Donc, au dire unanime des théologiens, nous pouvons avoir de notre état de grâce une certitude morale de ce genre, nous possédons cette certitude quand nous constatons en nous-mêmes le goût des choses divines, l'abstention probable et prolongée du péché mortel, la pratique de la mortification et de la pénitence, la fréquentation des sacrements, etc. Ce sont là en effet des signes précieux de l'état de grâce, pleinement suffisants pour engendrer une véritable certitude morale pratique, une certitude morale au sens large, et nous allons prouver qu'une telle certitude morale suffit pour nous permettre d'écarter avec raison toute crainte et toute anxiété au sujet de notre état de grâce. Elle n'y suffirait peut-être pas par elle-même; mais, elle y suffit pleinement quand elle est jointe à un second moyen dont Dieu nous a munis pour assurer définitivement la paix de nos âmes.

Ce second moyen, c'est la prière; car c'est une doctrine absolument certaine qu'en demandant chaque jour au Seigneur de nous recevoir au Paradis après notre mort, nous sommes sûrs d'obtenir de Dieu ce que nous demandons, à la condition que notre prière soit accompagnée chez les pécheurs du désir de se convertir et chez les justes de celui de persévérer. Saint Alphonse de Liguori ne craint pas de l'affirmer : « Celui qui prie se sauve certainement et celui qui ne prie pas se damne certainement. » (Du grand moyen de la prière, 1re partie, chap. I, conclusion.) Du reste, cette doctrine s'appuie sur la promesse formelle du Christ (JEAN, XVI, 23): « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous l'accordera.)

Notre salut est donc mis hors de tout danger par la prière ; mais alors, il est aisé de comprendre comment la certitude morale de notre état de grâce peut et doit nous suffire, quand elle est jointe à la prière, pour écarter avec raison toute inquiétude et toute anxiété à une heure quelconque de notre vie, au sujet de notre justification actuelle ou future. Pourquoi en effet nous inquièterions-nous de notre état de grâce actuel quand nous avons, d'une part, la certitude morale d'être présentement agréable à Dieu et un moyen infaillible et facile, d'autre part, d'obtenir de lui la justification finale ?

Toutefois, il n'en reste pas moins vrai que cette certitude morale au sens large, tout en demeurant suffisante pour écarter le doute prudent et pratique au sujet de notre justification actuelle, laisse subsister le doute théorique et que par ce doute théorique toujours possible le doute pratique et imprudent, si déraisonnable soit-il, peut se glisser comme ne le prouvent que trop les angoisses de tous les scrupuleux.

(...)


2° Il est possible aux justes d'avoir de leur état de grâce une certitude d'évidence.


Dieu et l'Église ne nous ont jamais dit formellement qu'il existait un signe infaillible de l'état de grâce; mais, nous établirons par voie de démonstration rationnelle, par déduction rationnelle des vérités révélées qu'un tel signe existe et quel est ce signe.

(...)
 
Voici, à cet égard, ce que dit Becan, l'un des théologiens les plus sûrs de la Compagnie de Jésus (Opera, 2 vol. in-f. 1630, Mayence, t. I, p. 851) : « L'acte de contrition, dès qu'il est émis, est une disposition suffisante à la grâce sanctifiante et Dieu infuse la grâce à l'instant même où le pécheur émet cet acte. Vous direz: On peut donc être certain de sa justification ? Nous répondons : On peut en avoir une certitude morale, non une certitude de foi. On n'a pas une révélation immédiate de sa justification.

(...)"

Source

     

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 La grâce quezaco par fils du vent  (2023-04-09 11:17:50)
      La grâce par Jean-Paul PARFU  (2023-04-09 19:40:10)
          Y'a pas mieux que Wikipedia ??? par Meneau  (2023-04-09 20:32:39)
      Si Ste Jeanne d'Arc répond ainsi par Meneau  (2023-04-09 20:38:31)
          Mais comment savoir si on est en état de grâce? par le torrentiel  (2023-04-09 23:34:29)
              Certitude morale par Meneau  (2023-04-10 00:03:33)
                  La certitude morale est à double tranchant par le torrentiel  (2023-04-10 11:27:00)
                      Tant que la "poutre" par Meneau  (2023-04-10 12:55:31)
              La certitude morale d'être en état de grâce... par Chicoutimi  (2023-04-10 00:40:36)
                  Convaincant, par le torrentiel  (2023-04-10 11:38:51)
              l'Espérance une réponse possible ? par jejomau  (2023-04-10 09:24:25)
                  C'est une belle réponse par le torrentiel  (2023-04-10 11:10:40)
      [réponse] par jejomau  (2023-04-09 21:04:33)
      Deux précisions par Jean-Paul PARFU  (2023-04-09 21:26:01)
      Merci pour vos réponses par fils du vent  (2023-04-10 16:40:28)
      Le Père Auguste-Alexis Goupil : la grâce par Anne Charlotte Lundi  (2023-04-11 08:20:28)


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