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Chronique de carême : En définitive une présentation, Titre : - Ces gens-là… !
par Davidoff2 2023-03-02 03:31:56
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Normalement, je ne parle jamais de ce sujet, mais sur le forum catholique je me sens à l’aise car c’est peuplé de contributeurs et lecteurs qui accepteraient de garder un enfant différent, genre trisomique, handicapé ou spécial. Alors c’est un peu comme un sujet de présentation d’un nouveau venu sur le forum, mais pas mon identité personnelle (nom prénom âge job, combien d’enfants et où j’habite et encore à la rigueur quelle est mon activité et ce genre de chose habituelles). Non, là je dois vous inviter à essayer de comprendre des gens comme moi, qui essaye depuis mon enfance, de comprendre comment les gens normaux fonctionnent. Là, je vous ouvre la porte d’une personne… anormale ? malade ? différente? don de Dieu ? malédiction ?, … j’en sais rien de comment on pourrait le nommer, mais disons pas ordinaire.

Alors pour faire plus général, je me suis dit : Je ne suis pas un grand écrivain, la littérature est quelque chose qui me demande vraiment des efforts, mais j’ai un don pour raconter les histoires, et même pour les vivre, alors est-ce que je peux arriver à faire ouvrir la porte de ces gens-là…, à des gens normaux, des gens qui d’inquiètent pour des choses comme l’argent, la messe en Latin, le pape ou même à de réels supporter de l’équipe de France ?, juste des gens normaux ?. Et je me dis, je tente le coup, avec des exemples, les curieux pourraient comprendre la manière de voir. Ceux qui ne sont pas curieux et s’intéressent aux polémiques plutôt qu’à un voyage dans une troisième dimension, eh bien ils continueront d’être scandalisés à chaque rubrique de carême. Parce que la folie en Dieu est scandale pour le monde, et la rage de la nature humaine fait peur aux gens paisibles, alors ils ne pourront pas réellement capter les autres rubriques de carême. Du coup je me dis, … laissons cette rubrique « Le téléphone c’est le mal » pour plus tard, et je leur donne la clef du point de vue, s’ils ont la clef, ils comprendront le scandale des suivantes. Alors allez, un grand voyage à l’intérieur de l’un de « ceux-là », vous verrez ce qui se passe et comment ça se passe, je ne vais pas pouvoir peindre mes mécanismes intérieur par écrit, mais avec quelques exemples, vous comprendrez parfaitement comment fonctionne l’un de ces gens. Moi je suis fasciné par les gens, j’essaye de les comprendre, les gens normaux, c’est très intéressant, mais si on disait à une personne normale que le fœtus qu’elle porte dans son ventre est atteint exactement de ceci et qu’il devra vivre avec cette pathologie toute sa vie, eh bien je sais qu’elle serait peinée, même si elle décide de le garder. Et je veux vous dire qu’elle a 1000 fois raison de le garder, parce que j’aime la vie, j’aime cette vie, comme je suis.

Les gens normaux sans convictions avorteraient ces fœtus, ils en veulent un de bonne qualité, alors oui, il se peut que malgré tout ses efforts, le contrôle qualité ait laissé passé une pièce défectueuse, mais sur la masse c’est inévitable. La marque la plus sérieuse du monde, c’est Rolex (citée N°1 depuis des années dans un classement sur les 500 marques du monde qui inspirent le plus confiance, en N°2 on a souvent Légo, et Disney a périclité depuis qu’ils ont introduit l’idéologie Woke dans leur programme, source : fruit de mes observations macro-économique car tout m’intéresse), et particulièrement des objets hors du temps, beaux et conçus pour fonctionner à travers les siècles (la Vacheron Constantin de 1755, date de la fondation de la plus vieille manufacture horlogère du monde et elle fonctionne toujours, à Genève, et ensuite ils en ont fabriqué pour tous les rois, Marie-Antoinette, Napoléon et jusqu’à Trump, tout fonctionne toujours bien, quelque soit l’époque, c’est des objets hors du temps la mécanique de ce niveau, et dans ce monde Rolex c’est la référence absolue en matière de robustesse, précision, niveau de fabrication tolérance 2 microns (un micron c’est mille fois plus petit qu’un millimètre pour ceux qui n’ont pas la conscience des grandeurs), elle fait le chiffre d’affaire complet des 4 marques suivantes (Omega, Cartier, Audemars Piguet, Longines), ou un chiffre plus important que les 18 marques du Swatch Group réunies (on ne parle même pas des autres groupes de marques). Bref, Rolex évolue hors du temps car son fondateur, Hans Wisldorf est l’un de « ces gens là », et comme il n’a pas pu avoir de descendance avec son épouse, il en a fait une fondation philanthropique, et donc, comme fondation, ils n’ont pas besoin de publier leurs comptes et chiffres au registre du commerce, alors Rolex évolue en dehors des impératifs de rendement, c’est non lucratif, ils voient loin et s’en fichent (5 dirigeants de la fondations, de vieilles familles genevoises qui respectent à la lettre les consignes du fondateur. Le fondateur a un grain, mais il comprend les choses, en 1905 les gens pensaient qu’il était fou, pareil en 1920, il fait des choses parce que personne ne l’avait informé que c’était impossible. Alors comme il n’est pas au courant il fait quand-même, et oui, c’était très compliqué mais finalement pas impossible… ? En plus il n’est même pas horloger, lui il voit les choses et il les fait fabriquer. Donc non, juste des idées qui ont révolutionné la manière dont les gens normaux se comportent. Parce qu’il réfléchissait comme « ces gens-là » et si aujourd’hui vous levez le bras pour lire l’heure c’est que cet individu, que vous ayez une Rolex ou une casio à 3 francs, a produit ce geste dans la population générale. Si vous cherchez votre montre dans le revers de votre gilet pour prendre votre montre, l’ouvrir, lire l’heure, la refermer et la remettre dans votre poche gousset, c’est qu’il n’a eu aucune influence sur vous. Au delà de cela, Rolex se doit d’être un produit absolument irréprochable, conçu pour durer des centaines d’années, pas de pille ni électronique, il faut que la mécanique soit parfaite, si parfaite qu’il y a cinq ans, ils ont lancés à la poubelle toutes les certifications de la fédération horlogère Suisse, ce que personne ne fait, car pouvoir vendre une montre avec le label certifié COSC en plus de swiss made, eh bien même si le label demande des réglages supplémentaires et coûte à obtenir, il vaut beaucoup, car une montre COSC sera vendue plus chère que les modèles qui ne peuvent y prétendre. Mais Rolex a fait savoir qu’ils ne vendraient plus une seule montre avec le label, car les marges de tolérance du COSC sont trop larges (-4 / +6 secondes de tolérance par jour) Rolex a dit : « On vous garanti du -2/+2 et on passe la garantie de 2 à 5 ans, aucun soucis » ! Ils produisent massivement, et malgré cela, la qualité de chaque pièce est contrôlée minutieusement avant de quitter la manufacture (c’est essentiel d’être irréprochable, ils savent qu’ils sont l’étalon). Eh bien même eux laissent parfois passer une montre défaillante, j’en ai vu une chez l’horloger, neuve, et oui, on a bien dû constater qu’on avait une Rolex neuve défaillante, et c’est vraiment très rare.

Alors, pour les hommes ? Le contrôle qualité, ça se passe comment ? Aussi bien que chez Rolex ? Dans le genre que tout va bien, et oui, bien sûr, il se peut qu’il y ai une montre défaillante qui passe à travers les mailles du filet, mais renvoyez-là et on la répare de suite, leur SAV est le meilleur.

Avec les humains on fait comment pour ceux qui sont défaillants ? On les renvoie à l’expéditeur ? Impossible, on a beau forcer, ça ne veut pas rentrer ! Non, les gens normaux vont avorter et les gens comme ici vont avoir un petit coup au moral, ils vont se dire que la vie ne va pas être facile, mais ils vont faire tous leurs efforts pour accueillir et aimer ce nouvel être humain, même s’il est mal foutu.

Vous croyez réellement que le contrôle qualité des bébés est comme chez Rolex ?, bien rôdé mais qu’il peut y avoir des loupés, même si ça reste rare ?

Si vous réfléchissez comme ça, vous vous aventurez dans des difficultés et des soucis, parce que l’enfant deviendra un de « ces gens-là... », un … malade ? Non, parce que Dieu a mis au point un processus infaillible, nettement mieux que Rolex, tout est parfait, il n’y a pas de « ces gens-là » et ce n’est pas bien de les désigner ainsi, on a une vie différente, et chacun est comme il est. Mais vous voyez, même moi je me laisse prendre au piège lorsque j’écris « les gens normaux », parce que tout le monde est original, différent. Mais bon, il y a tout de même des catégories plus nettes pour nous, qui ont été étudiées par les gens normaux et qui ont indiqués des nom de pathologies. Mais faisons semblant que nous ne sommes pas des malades, juste des cadeaux, des bonus, de la joie d’avoir un enfant plus original que le petit blond au yeux bleu du voisin qui saute sur le trampoline qui est un enfant normal, sans options particulièrement saillante. (attention, je mets en garde, je ne dis pas que c’est bien, j’essaie juste de vous faire comprendre qu’il faut à tout prix rester positif quel que soit la situation, d’où le ton du billet, c’est mon ton naturel).

Et là, il y a un soucis de vocabulaire, car si Dieu permet un enfant original à une famille, c’est pour son bien, pour l’élévation de ses parents, de ses frères et sœurs normaux, j’ai une quantité d’exemples, et si l’enfant a une vie courte, oui je sais que c’est difficile de ne pas s’en désoler, mais Dieu ne voit pas les choses sous cet angle, Il sait exactement ce qu’Il fait, et s’il accepte un enfant original à un couple, c’est pour leur bien (toujours spirituel, car même si Dieu peut s’occuper du matériel, Son objectif est toujours spirituel).

Mon fils me demande pourquoi je ne m’inquiète jamais ? Je lui tire les cheveux. Il me demande ce que je fiche, et je regarde dans ma main, je me demande si j’ai un cheveux, je ne vois pas de cheveux. Il allume sa lampe de poche du Smartphone pour regarder, il n’y a pas de cheveux. Il me demande qu’est-ce que je fais et je lui dis que je cherchais un cheveux pour répondre à sa question mais il n’y en a pas. Alors il secoue sa main sur la tête, et tout à coup il y a un cheveux qui me tombe dans la main où je cherchais avant. Je prends le cheveux, je le regarde, et je lui dis : « Tu vois, celui-ci Il a permis que tu le perdes ! Avant Il avait pas permis quand je t’ai tiré les cheveux. Alors si pas un cheveux ne tombe de ma tête sans que Dieu le Père Lui-même, en Personne, ne donne l’autorisation pour ça, … franchement, tu veux t’inquiéter de quoi ? »

J’ai une manière de penser assez basique.

J’ai connu énormément de « ces gens-là », et ces gens-là sont très intéressants. Je me souviens de montagnes qu’on grimpait avec Bertrand quand on était jeune, balade en montagne, nuit à la cabane, et sommet le lendemain (peaux de phoques l’hiver), et Bertrand était un type formidable, toujours positif quelque soit la situation. Bertrand avait une originalité très visible (moi pas), mais techniquement, il avait juste un chromosome de plus que les gens ordinaire, c’était l’option en supplément sur le chromosome 21. Les gens normaux en ont deux à ce 21ème étage, et lui il a eu l’option avec le 3ème. Mais il était tellement marrant, et il appréciait tout, l’effort ne le faisait pas peur, et arrivé à la cabane, il était si heureux qu’il en trépignait et savourait chaque instant. Et le soir, quand tout le monde se couche, je peux dire à Bertrand des trucs cash comme : « Eh Bertand, toi t’es un peu taré ou tu gravites naturellement dans le bonheur ? (en faisant des cercles en spirale avec index en direction du ciel et en roulant les yeux). Il me dit « le bonheur », alors je peux lui répondre quelque chose comme : « Mouais, mais t’es sûrement aussi un peu taré, alors vient avec moi, on sort, je vais te montrer quelque chose de chouette ! » Et Bertrand est toujours content de découvrir quelque chose de chouette. Oui parce qu’entre nous, on peut se permettre d’être familiers, mais si on ne le connais pas… enfin non, ça ne se présente pas comme ça (il n’y a pas d’entre nous), c’est juste un truc de communication. Si ça bloque il ne faut pas parler comme ça, c’est juste du feeling, et là c’est des marques d’affections.

Pour moi, il est impensable de dormir dans une cabane de montage à 3000 mètres d’altitude et de ne pas sortir la nuit, parce qu’à cette altitude, par ciel découvert, c’est un spectacle. Là-haut, il n’y a aucune lumière parasite, l’atmosphère est légère, alors je pose mon sac par terre, et je me couche en posant ma tête dessus, et là : Houaouuu ! Avec la lune, les rochers sont sombres, noirs, les montagnes ont un sacrée teinte, avec la roche et les glaciers, tout prend une teinte quasi métallique, c’est totalement différent de la journée, et tout est calme, on entend ce glacier craquer alors que la journée tout semble très statique. La nuit on ne le voit pas bouger, mais on l’entend bouger. Sans lune, c’est encore plus beau, on ne voit plus les montagnes ni les alentours, non, là on plonge complètement dans les étoiles, la voie lactée qui sépare le ciel en deux, c’est magnifique. Alors Bertand me suis, on s’installe et je lui montre. Il faut laisser une dizaine de minutes d’observation, et ensuite, lorsqu’on s’est imprégné de cette magnificence totalement gigantesque, je peux lui parler un peu, lui désigner Saturne et Jupier, quelques constellation, l’étoile polaire avec la grande et la petite ourse, Cassiopée…

Parfois, un alpiniste normal sort de la cabane, on entend la porte, puis on entend pisser par terre, fermeture éclair, porte, et fini, il est reparti dormir sans rien voir.

Mais pour des gens comme moi et Bertrand, le spectacle en vaut la peine, il est motivé pour tout, mais il a aussi le sens du merveilleux. Et finalement Bertrand était tellement motivé que pour finir, des gens ont voulu faire un film sur lui, et ils l’ont fait ! Le titre c’était : « Je veux voir le soleil debout ! », et sur la pochette de garde, il y a Bertrand au sommet, avec toujours la même tronche qu’il tire quand il est au sommet, il est trop content, et je vous assure qu’il n’y a pas besoin d’études du comportement facial des mimiques pour savoir exactement dans quel état de joie il est.

Bon, eh bien si c’était un type sans options, un type normal, il aurait été content d’être arrivé au sommet mais est-ce qu’il aurait pu être assez communicatif pour apporter du bonheur à d’autres ? J’en sais rien, prenez le type le plus équilibré et normal que vous voulez, est-ce qu’il est capable d’exprimer autant de bonheur au point d’être contagieux ? Personnellement, je n’en ai pas connu, et je suis sûr que si on prend un très bon acteur, n’importe lequel, Tom Cruise par exemple, est-ce qu’il y arrivera, avec tous ses talents de communiquer des émotions ? C’est son job, il met les gens dans une ambiance dans laquelle évolue le film parce qu’il joue tellement bien qu’on ne croit pas que c’est pour de faux et on se laisse prendre dans l’histoire, mais pour le bonheur, je ne sais pas si Tom Cruise arrive réellement à le communiquer comme Bertrand naturellement, je ne pense pas.

D’ailleurs, le film était si bon que l’évêché en a profité pour l’utiliser auprès des gens normaux pour montrer la beauté de la vie et des choses comme ça.

Alors voilà, ces gens-là, moi je les vois plutôt comme le sel de la terre que comme des malades.

J’en arrive donc à ma particularité, parce que vous avez besoin que je vous ouvre cette porte pour que vous puissiez mettre en perspective ce que je raconte, pourquoi je le raconte, et pourquoi ce décalage de style alors que je sais très bien écrire de façon littérale, … mais ça m’emmerde, c’est pour ça que je préfère écrire des scénarii de théâtre, parce que j’écris du parler, j’imagine toujours l’acteur parler, je peux lui faire dire ce que je veux, il le dira, mais il faut que ça cadre dans la pièce. Ceci dit, lorsqu’un écrit est destiné à être parlé ou joué, là oui, c’est vraiment chouette. Et les enfants c’est le mieux ! Les acteurs adultes font leur job, il faut une intrigue chouette et qu’ils jouent bien et basta, la pièce est sympa. Mais avec les enfants c’est mieux, ils sont encore maladroits, mais l’un de mes fils est aussi l’un de « ces gens-là », et il était réellement trop doué en comédie, et en plus je pouvais lui faire dire n’importe quoi, il mémorisait sans problème un vocabulaire phénoménal. Maintenant il a 21 ans, c’est pour cela que j’ai pu détecter qu’il avait ce « problème », la même option que moi. Donc facilité au niveau du vocabulaire, et j’ai imaginé un passage dans une scène, une école de théâtre, mais le mettre dans le groupe des plus grands. Le petit a 4 ans, j’écris une pièce sur la cour de Louis XIV, costumes et tout, le trône, tout est parfait, la cour jacasse d’un côté et de l’autre, quelques dialogues politiques ou de compliments vestimentaires pour les femmes, un mot d’inquiétude sur le jeune âge du nouveau roi sans le dire exactement, tout est léger mais beau, très beaux costumes, tout est important.

Et tout à coup, le grand chambellan arrive et annonce : « Messeigneurs, le roi ! » Et il tape avec son bâton par terre. Et là, tout le monde se tait et fait la révérence et le petit, haut comme trois pommes, habillé en roi soleil, entre en scène. Techniquement, il est roi depuis l’âge de 4 ans, ça colle mais le public se marre, c’est attendu. Bon, il s’assied sur son trône, les grands se relèvent, et là le petit doit jouer comme s’il était maladroit et parler comme un enfant de 4 ans (mais fort, ce qui est le cas, car il n’a pas d’appréhensions) : « Bon, alors aujourd’hui on attaque quelqu’un ou on attend encore quelque chose ? » Le conseillé lui raconte une histoire avec les Germain, et le petit se lève : « On attaque les Germains ! » Mais finalement, le conseillé lui déconseille à cause que la grande tante de Son Altesse a marié machin chez les germains et il lui propose une autre embrouille, et là je sais que le public est tolérant parce qu’il est petit (au milieu des plus grands élèves qui jouent comme des acteurs de 18 ans qu’ils sont), il fait même exprès d’être un peu maladroit mais son naturel l’emmène tout de même à être assez à l’aise avec le personnage, et je veux que le public se dise que c’est juste un blague comme ça et qu’il est avec les grands mais ça restera juste une pièce fraîche, bon enfant, et c’est là que je peux placer ma phrase. Le conseillé se tait, son affaire n’est pas très nette, le roi réfléchit, et puis tout à coup il s’indigne contre son conseillé, se redresse et s’exclame : « Nom mais dites-moi Boniface, c’est pas un peu anticonstitutionnel votre histoire ? » Et là c’est bon, le public décolle dans une dimension qu’il n’avait pas imaginé, non, ce n’est pas une pièce-blague, c’est de la voltige, et je peux donner la tournure que je veux à la pièce, le public adhère et est dans la poche, le petit fera exactement le job.

Mais je ne pense pas que je puisse écrire des chroniques comme ça sans vous expliquer ça, parce que je sais aujourd’hui que les gens ne réfléchissent pas comme moi et peuvent être surpris. Et donc je suis un peu gêné aux entournures parce que l’option que j’ai eu, moi, les gens la craignent, alors je me suis dit que c’était une bonne idée de commencer avec l’histoire de Bertrand, les catholiques ne sont à priori pas contre les trisomiques, mais là on va basculer du côté psychiatrique (rude hein?) : Option bipolaire.

:-)

Oui oui, complètement, toutes les phases, psychose et tout, même un bonus en plus que les psychiatres ne connaissaient pas, c’est un abbé d’Ecône qu’on a invité à la maison qui a trouvé l’explication il y a quelques années. Il était médecin neurologue avant de devenir abbé, et lors de ses études, ils ont pu aller voir une opération thorax ouvert comme étudiants, et le chirurgien leur a montré un truc : Avec un instrument, il a commencé à taquiner l’estomac, et de rose, il est devenu rouge vif. Donc j’ai l’option de l’estomac aussi, j’avais fait contrôler pour un ulcère mais non, je n’ai rien, c’est lié aux émotions je pense, un problème de gestion à priori, mais les toubibs ne connaissent pas vraiment ce genre de truc. Je n’ai pas les mêmes émotions que le reste de la population, ils ont fait une option package avec bipolaire qui se décharge sur l’estomac, c’est plus facile de souffrir physiquement, alors à mon avis c’est un complément utile, je garde le moral et je laisse à l’estomac la gestion d’émotions trop compliquées. Il y a juste que parfois, quand ça tire trop, même si je reste positif, je deviens de mauvaise humeur et ça ce n’est pas bien.

Voilà.

Alors vous ne savez peut-être pas ce que c’est « bipolaire », moi je ne le savais pas non plus, je ne me suis rendu compte au fur et à mesure que le temps passait que plein de gens ne vivaient et ne voyaient pas la même chose que moi.

Après 2 ans de voyage, je suis revenu en Suisse, je faisais un stage à l’hôpital pour voir si je voulais faire un job comme infirmier (je m’étais bien débrouillé au mouroir de Mère Teresa), mais c’était nul. Par contre, j’ai trouvé un bouquin qui m’intéressait, le DSM III, c’est la bible des psychiatres, et j’avais vécu des trucs dont je savais qu’ils n’étaient pas réels, des choses nécessaires pour me sauver la vie, mais il s’agissait de mécanismes de défense, quand on est perdu avec les clochards à Buenos Aires, qu’on traverse la ville de Parana à 20h00, il fait nuit et qu’on ferme les yeux à chaque carrefour en espérant se faire renverser par un camion, on entend les klaxons mais on s’en fiche, et la ville traversée ainsi, j’arrive en face du fleuve, et là il ne s’agit plus de coup de bol, le pas suivant c’est de cracher volontairement au visage de Dieu la vie qu’il ma donné, et ça, je le sais. Alors dans ces états particuliers il n’y a qu’une image qui peut nous en sortir, juste une image, et là, au bord du fleuve, je lève les yeux vers le ciel, et au lieu de la lune et des étoiles, apparaît une image qui empli totalement les cieux, c’est une image magnifique et émotionnelle, je la regarde, et je m’écroule en pleurs, alors je sais que c’est bon signe, car une émotion m’a touché, la beauté qui a provoqué la tristesse due à une détresse extrême que je n’arrivais pas à porter, et une émotion c’est déjà ça lorsqu’il n’y a plus rien d’autres, même la tristesse c’est bon, c’est vivant.

Mais bien sûr que je savais que l’image n’était pas réelle, que c’était une hallucination, mais lorsqu’on arrive à la limite du supportable (réellement la limite), l’esprit la fabrique, et c’est ma-gni-fique ! Mais les images terrestres aussi.

La déprime, c’est rude mais nécessaire, mais tout au fond, quand c’est trop fort, il y a un circuit qui dis-connecte, et on s’aventure en un lieu où il n’y a plus rien. Moi j’appelais ça « le grand noir », il n’y a plus de dieu ni de diable qui s’intéresse à moi, aucune émotion, quasi impossibilité à communiquer, je vois les autres, et même je les entends, mais comment dire, ils sont flous et le son est étouffé, la meilleure comparaison réelle c’est de se tenir dans un bain la tête dans l’eau, juste les yeux qui affleurent l’eau pour rajouter un peu de trouble, et vous entendez à peu prêt comme si vos oreilles étaient à 5 cm sous l’eau. Lors du grand noir, il n’est plus question de télévision ou de n’importe quoi d’autre, et si quelqu’un veut quelque chose de moi et que je suis « absent » (psychose = aliénation = étranger) et qu’il insiste, je peux éventuellement éructer un « Qui parle ? ». L’avantage après l’Argentine, c’est que je savais que le grand noir n’était pas définitif. D’être dans le grand noir, ce n’est pas dur, on ne souffre pas puisqu’on ne pense quasiment plus, mais c’est trop long, c’est tellement long, et tout est mort en nous, alors plus rien n’a d’importance, et si on croit que c’est définitif, on fait comme en Argentine, vu la longueur à laquelle défilent les journées, seul, perdu, alors si c’est définitif ce sera beaucoup trop long avec une espérance de vie de 80 ans. Mais la psychose peut provoquer une hallucination suffisamment belle pour que les sentiments et les émotions reviennent quand-même (en l’occurrence l’image du visage de mon paternel qui emplissait complètement les cieux et qui me regardait souriant, bienveillant, donc une image très émotionnelle. Je vois ça et je me souviens d’une phrase qu’il m’avait dite avant de partir : « Saches que si tu es en danger, n’importe où dans le monde, tu téléphones et je viens par le premier avion), j’ai senti de l’amour pour moi et je me suis écroulé en pleurs, mesurant mon état désespéré, la tristesse est arrivée. La dépression, c’est plus dur que le grand noir, mais c’est vivant, il y a de l’émotion, des sensations, des pensées, de la communication. Le grand noir c’est juste que lorsqu’on est dedans, on a l’impression que c’est une éternité, même si ça ne dure qu’une semaine, il n’y a plus rien à part : dieu que c’est long…

Voilà, j’ai commencé par le dur parce qu’ensuite c’est que du bonheur cette option bipolaire ;-)

En réalité, je ne peux pas écrire la chronique du « Le téléphone c’est la mort », et même les autres, si vous ne savez pas de quel point de vue je vois les choses, il y a plein de choses « graves » dont les gens font grand cas, (j’en sais rien, des détails… finance, bras cassé, ma femme a bousillé la bagnole, des choses qui arrivent et qui mettrait dans le tracas quelqu’un d’équilibré, ou pour quelqu’un de sensible, il pourrait se mettre dans tous ses états pour un tremblement de terre de l’autre côté du monde, des incendies ou des guerres, des choses comme ça). Oui, je vois bien que c’est ennuyeux, mais soit ça n’est pas grave (finances, bras cassé ou bagnole), soit ça ne me concerne pas. La phrase clef, quelque soit la situation c’est l’éternel : « Bon, de toutes façons on s’en fout, c’est du pognon et le bras se répare tout seul, et pour le reste ben oui, ces gens dans les catastrophes, il y a bien plus malheureux que moi, je n’ai pas à me plaindre ! Donc tout va bien ! »

Parfois lorsque c’est très très dur, je cherche à la télé une catastrophe, le tremblement de terre récent par exemple : Je vois ça, c’est déjà le bordel en Turquie qui sont organisés, et de l’autre côté de la frontière, en Syrie, c’est une enclave de guerre avec les jihadistes ? Donc aucune assurance habitation, pas de secours, les turcs bloquent les camions humanitaires internationaux sur la seule route qui donne accès à cette zone Syrienne, parce que les turcs sont tellement dans la mouise eux-même qu’ils ont besoin de ce matériel ? Zone géographique pour vérifier le climat ? - En plus ils ont le froid, voilà : « Ces gens là, exactement au nord de la Syrie, eux ils ont le droit de se plaindre, c’est tout, et chez moi tout va bien, des détails financiers, des états d’âme ou des bobos : On s’en fout ! ».

Je ne suis pas sûr si cette phrase remonte à l’époque avec papa, mais il me semble avoir fait cas une fois de mes problèmes d’humeur, j’avais un peu de problèmes à comprendre combien je pouvais être un casse cou toujours dans des trucs extrêmes, (ski de l’extrême, varappe, montagnes et il faut toujours plus loin toujours plus fort), et dubitatif face à un match de foot ? Déjà dans la coure d’école petit, je m’assieds souvent sous le grand chêne au-dessus du talus de la cour, je regarde les camarades jouer au foot, je saisis pas bien l’enjeu ? Gagner oui, mais gagner quoi ? Le match ? Aucune récompense réelle mais ils ont l’air vachement content quand-même. Je ne participais qu’au Rugby, il y avait du contact, je savais qu’il n’y avait pas de récompense à la clef mais c’était intéressant. Mais certaines personnes exagéraient leur joie ou je ne sais pas comment c’est possible d’être autant content pour si peu ?

Mais comme je ne juge jamais a priori, j’ai développé une sorte de sens de l’observation de la réaction des gens, et chaque 4 ans, chaque Mondial c’est un délice. A force, si on ne regarde que par intérêt stratégique, là c’est absolument évident que le Qatar a beaucoup à se faire pardonner (abrité et donné des rentes à vie aux lieutenants de Ben Laden), ils sont dans plein de trucs louches, mais là, je sais qu’avec le Mondial ils ont touché le jackpot. Voilà, ça c’est réel, et c’est intéressant, les polémiques sur l’esclavagisme de travail sont normales, j’ai un copain Sri Lankais qui voulait y aller. Un catholique qui nous a emmené dans toutes les messes de la période de Noël tout au sud, dans la cathédrale de l’époque des portugais avec l’évêque, il nous a invité chez lui, et comme on y a été plusieurs fois, on a bien sympathisé. Bref, il est cuisinier dans un hôtel à touristes car les musulmans ne touchent pas le porc, et les bouddhistes, avec leur histoire de réincarnation en bestioles, ils ne cuisinent que des plantes, du coup catholique c’est un avantage dans un hôtel à touristes, mais le jour de Pâques 2019 => 8 attentats dans les églises et les hôtels, fini les touristes, et puis 2020 Covid, 2021 les gens crèvent de faim, émeutes et toujours Covid = pas de touristes, et en mars 2022 le pays fait défaut et s’en retrouve réduit à quémander l’aumône à l’Inde et la Chine. Enfin bref, après le truc des hôtels en 2019, il n’a plus de boulot, il n’y a pas de système social comme le chômage, du coup il est démuni et veut aller bosser au Qatar. Et là c’est concret, je peux agir, alors je lui demande combien il gagnait par moi, il me dit le montant, c’est modeste pour l’Europe mais c’est correct là-bas, et je sais que la famille est beaucoup plus importante que l’argent, alors je lui dit : « Écoute Vincent tu ne bouges pas de là, tu t’occupes bien de ta famille, je te vire ton salaire chaque mois, ne vas pas t’emmerder au Qatar ». Il ne voulait pas devenir rentier, alors j’ai expliqué le cas à quelques personnes qui ont de l’argent, comme mon dermatologue et d’autres, j’ai réuni 5000 balles, il a pu s’acheter un tuk-tuk et développer un petit business, il m’a envoyé une photo et sur le toit, il y avait une grande calligraphie : « God Bless DAVID », ça m’a fait marré parce que je me disais que chaque jour que Dieu fait, quand il regarde sur la terre, il voit ce tuk-tuk au Sri Lanka, et même si je lui tape sur le système, je sais qu’Il va se dire : « Bon, ben ok, je le bénis encore aujourd’hui ! », mais je voulais quand-même acheter des prières pour ma famille, alors je lui verse quand-même son salaire en échange des prières de sa famille, une sorte de troc, et il le fait tout le temps, ils ont une grande foi très simple, c’est chouette, si un membre de ma famille a un problème, je lui écrit un mail, je lui explique qui et pourquoi, et il dès qu’il lit le mail, il me répond : Ne vous inquitez pas Monsieur David (oui, une sorte de complexe collonialiste je suppose, il écrit toujours Mister), mais bon, il m’écrit : Ne vous inquiétez pas pour un tel, on se met toute la famille en prière, tout se passera bien. Et moi je suis tranquille, les choses sérieuses se passent, je paye pour, il a qu’à bosser, … prier ! Bon donc ça c’était en aparté, pas pour me vanter mais pour dire que les émotions non, ce n’est pas ça, c’est juste que je vois qu’il y a des problèmes, et si j’y peux quelque chose je le fais, si je n’y peut rien je m’en fiche, ils me sont juste utiles pour me dire que oui, eux c’est les misérables du moment, et moi, sans doute que parfois j’ai été le plus misérable et perdu, mais maintenant tout va bien, j’ai compris le mécanisme, donc aucun problème, et chaque annecdote vous ouvre une porte sur ma manière simple de vivre.

Mais on en était à la coupe du monde et du Qatar qui a besoin de redorer son blason, tout le monde essaye de ternir le blason avec cette histoire des travailleurs, ensuite les LGBT entrent en scène, il me font marrer parce qu’ils tombent sur plus coriace et politiquement incorrect que les fiottes occidentales, donc on s’en fout des LGBT, ils seront éjectés de l’espace médiatique dès qu’un match aura des résultats intéressants, et d’emblée, le Qatar perd et les critiques médiatiques reprennent de plus belle (on n’a jamais vu le pays organisateur perde son premier match, ce mondial est une farce, etc. … ouais tu parles Gaston, attend encore un peu), et le lendemain l’Arabie Saoudite bat l’Argentine de Messie ?, C’est fini, à ce moment précis je sais que tout est balayé jusqu’à la finale (LGBT, droits des travailleurs et autres pisses-froids), et le monde s’éveille. A ce moment je lève mon verre et je dis : Bien joué Mohamed, ton équipe à perdu, mais tu te réconcilies avec l’autre Mohamed en Arabie Saoudite, et dans la foulée l’attention est détournée, les équipes incongrues font un parcours formidable, l’Argentine gagne la finale, Messie enfile le manteau traditionnel des rois, c’est le Qatar qui désigne le roi du monde, magistral !

Là oui, je suis admiratif, mais j’observe aussi les spectateurs, ils sont tendus, il s’agit de quelque chose de grave, et la joie explosive lors du but, … le type ne va pas gagner un franc de plus si son pays gagne, il s’est peut-être même endetté pour venir voir au stade, mais ce bonheur là, pour si peu, oui, là il y a un zeste de jalousie...

Je n’arrive pas à me laisser prendre par des émotions de basse intensité comme ça, mais je soutiens l’Argentine en finale par pure forme, qu’ils gagnent ou qu’ils perdent ça ne change rien, mais je suis pour l’Argentine parce qu’ils sont en détresse économique et c’est un truc qui semble leur faire du bien. C’est tout, ni chaud ni froid, si c’est un beau match, tant mieux (et c’était un beau match), mais je me mettais dans la peau du spectateur que je voyais, et je me disais que la tension devait être maximale lors des tirs aux buts, on voit cette émotion mais je suis incapable de la ressentir. J’étais content pour Messie, mais j’ai eu une réelle émotion lorsque Mohamed (ou je ne sais pas comment il s’appelle, le moustachu du Qatar…, enfin je m’en fous, je les appelle tous Mohamed, je trouve que ça leur va très bien), alors oui, l’émotion lorsque Mohamed a fait enfiler ce manteau à Messie, il a osé ce qu’aucun pays n’avait osé avant lui, ça a passé, c’est dingue, tout le monde s’est laissé prendre ! Pour moi, concrètement c’est le Qatar a gagné la coupe du monde (pour la vie réelle), et tant mieux pour les argentins s’ils sont contents d’avoir gagné comme ça (pour l’émotion de la victoire sportive).

Bref, je disais donc que je m’en était ouvert à mon père très jeune, et il me répond un truc du genre : « Oui bon les humeurs tu sais, ça vient ça va, mais on s’en fout, t’es l’aîné, tu montres l’exemple, ça va très bien comme ça, d’ac ? ». D’ac., et il me semble que j’applique un peu ça.

Alors oui, je suis l’un de : ces gens-là, je dis option pour être toujours positif, même si en réalité c’est quand-même un handicap, mais qui nous force à développer d’autres facultés, l’observation pour moi et la faculté de communication avec tout le monde, car je suis curieux et je m’intéresse aux gens (ça c’est spécifique) et aux belles choses (ça c’est assez général chez les bipolaires), et je pense que c’est pareil pour d’autres handicaps, alors quelque chose comme ça est étrange, ou bien fait peur aux gens, on préfère ne pas le dire et faire semblant d’être normal.

Mais bon, à part la déprime qui est pénible mais qui me laisse encore prier mon chapelet ça va, et le grand noir c’est rare, avec le recul je me suis rendu compte que c’était le prix à payer de certains épisodes fantastiques, parce que tous les autres états sont super sympas. Pour rester basique, peut-être que le grand noir c’est juste que stop, le cerveau met en pause les neurones, ils ont besoin de quelques jours de vacances, parce qu’ils ont été trop vite et que là il ne subsiste qu’un état de conscience qui sait que l’on existe et où on est, c’est tout, pas de réflexions complexes. Et finalement, après 20 ans d’essais de molécules, j’arrive maintenant à provoquer un grand noir, j’ai dû le faire en novembre passé. C’était dingue, tout va tellement vite, on comprend tout, on voit tout, il y a tellement d’informations, c’est comme si tous les canaux sont ouvert, je sais tellement de chose, je devrais dire tellement de choses, tout se bouscule, je connais parfaitement les gens, ils parlent trop lentement, je sais ce qu’ils demandent j’attends juste qu’ils aient fini de formuler pour répondre, c’est insupportable, je me prends la tête entre les main, je me dis c’est trop rapide, j’ai besoin de 10 jours de repos total, il faut 10 jours. Je réuni ma famille : Écoutez tous, vous me verrez mais je ne suis plus là pendant 10 jour, je leur explique la situation, j’ai absolument besoin de 10 jours. Le sommeil était trop faible, beaucoup trop faible, beaucoup trop en forme, j’ai fait tellement de choses (Rome, Florence et plein de choses avec des gens très intéressants c’était super, j’ai été solaire et là je sens que je passe au-delà, dans quelque chose que je ne vais plus pouvoir maîtriser. La déprime et les histoires ça reste maîtrisable, mais à partir du moment où le sommeil s’en va complètement on sait qu’on en a plus pour longtemps, et là ils comprennent et je prends la molécule aux doses qu’il faut et c’est fini. Rideau, toutes lumières éteintes, c’est le grand noir, il n’y a plus de pensées, plus de rapidité, plus rien.

Mais c’est relaxant. Je peux rester 3 heures sur le fauteuil à ne pas voir, un peu au lit, je peux déambuler, pas de pensées, tout est étrange, le petit (13 ans et demi) semble dire quelque chose, je le regarde, pas de pensée pas de parole, mais il insiste, je fais un effort pour essayer de comprendre : Papa, t’es passé de super-héro à super-zombie ?… si ça demande une réponse il demandera à maman. Le premier jour ça fait tellement du bien que tout s’arrête, mais ensuite je sais que je dois attendre, dans cet état là oui je dors mieux, et même bien, mais à partir d’un moment, ça devient très très dur, je peux regarder la date, on n’est qu’au 4ème jour… c’est très long. Ma fille, qui me comprend, me regarde et me demande lointainement « C’est pas trop dur, ça à l’air dur ? », un larme perle parce qu’elle n’a pas idée, ce n’est pas dur, c’est tellement long. Vous savez quoi forum catholique ? S’il n’y a rien en enfer (ni tortures ni supplices) et que c’est un grand noir pour l’éternité, ne vous dites pas que c’est pas grave si on y tombe, c’est extrêmement long. Aucun sentiment, aucune émotion, coupé de l’amour de Dieu ou de l’intérêt du diable, totalement seul, quasiment sans pensées, juste donner congé quelques jours aux neurones ou à je ne sais pas quoi pour ne subsister plus que par la conscience de soi, d’être là, de qui on est, c’est comme si on laisse le bouton veille, rien ne se passe, et il y a une esquisse de pensée si par exemple on a mal au dos à cause d’une position on le sens, et la pensée c’est : Je change de position ou je vais me coucher, je vais me coucher, et il y a le mouvement (quelqu’un bouge la souris = pensée d’aller au lit, l’écran s’allume = le mouvement d’aller au lit mais aucun fichier d’ouvert, et au lit, ben si personne ne retouche la souris, ça se remet en veille tout seul. Le 7ème jour du grand noir, j’ai été forcé par des circonstances d’en sortir, il a fallut stopper la molécule et le 8ème jour j’ai pu régler le problème, mais j’étais furax qu’on m’ait forcé à sortir. Toute ma famille, mon petit de 13 ans, ils ont tous compris, mais il y a des gens normaux qui ne comprennent pas, même si on leur dit, c’est du genre (un bon coup de pied au cul et ça repart). Et même si on leur explique il s’en fichent ou ne comprennent pas, je ne sais pas. Bref, le 8ème jour je règle le problème mais je sens que 7 jours ça n’a pas été suffisent parce que je repart direct en vrille, et là je rajoute 3 jours. Après, on diminue la molécule petit à petit, on refait surface lentement, parce que si ça repart vite c’est mauvais signe, c’est qu’il faut encore y rester. Mais ça a été, tout est redevenu normal.

Sinon ça m’ouvre beaucoup de portes, chez plein de gens différents, parce que j’ai quelque chose qui fait que je comprends parfaitement Bertrand et je vois les autres qui essayent de communiquer maladroitement avec lui (oui parce qu’après le film, c’était devenu une vedette locale et toutes les mamies bigoudis étaient gentilles avec Bertrand). Les êtres humains de très petite taille aussi, oui, dans le genre juste après bébé, ou même pendant, en fait, à partir du moment où il voit et perçoit et communique des émotions par des petits signes, il y a déjà une sorte de communication qui se créer, et ensuite c’est plus facile. Les adultes autour de moi ne savent pas parler le langage bébé, parce qu’il n’y a pas de langage, il y a un partage. J’ai des problèmes d’articulation ces derniers temps alors je reste debout, au fond de l’église, ça me permet d’observer, et je vois les jeunes familles. Parfois les parents sont un peu sévères, ils pincent la fesse ou un truc comme ça quand il fait le con, mais j’arrive à le rassurer avec une expression. C’est déjà une communication.

Au mouroir de Calcuta, j’ai été capable de communiquer avec un vieux qui était aveugle et qui ne parlait pas anglais (en tant qu’aveugle oui, il fait aussi partie de « ces gens-là », différents). Là il faut utiliser les mains, il lui reste donc le touché et l’écoute sans compréhension de la langue, mais on arrive quand-même à se présenter, je lui prends les mains, les mets sur mon visage : « David ». Il me touche, … david…, alors il cherche mes mains, m’en prend une, la met sur son cœur et me dit : « Babou ». Ce n’est pas grand-chose, mais un prénom est un prénom, et à lui, le mien lui a été utile, il était toujours sur le lit tout au fond, et le soir après l’assiette de riz et poulet, il sait que je vais partir mais que je ne partirais pas avant de lui avoir dit bonne nuit. Mais inquiet, il appelle parfois DAVID, DAVID, … je sais ce qu’il veut, alors je fais un crochet à la cuisine, vole 5 petits beurres et je ressors derrière par les douches et j’arrive vers lui : « David, biscot biscot ! » Mais oui, les voilà tes biscuits Babou. Moi je suis décontracte mais dès qu’il saisit les biscuits il est inquiet et les cache tout en panique sous son coussin. Il les gardait pour grignoter pendant la nuit, c’était le privilège de Babou (parce que si je faisais la même chose avec les 99 autres, la supérieure aurait mené une enquête sérieuse, mais 5 par jour personne ne voyait la différence, sauf Babou). On croit que 5 petits beurres c’est rien, mais oui, c’est beaucoup pour Babou. Il a pris froid le 25 décembre, le 26 il avait de la fièvre, on décide de le mettre devant (les trois lits devant c’est très mauvais signe, la supérieure n’imagine rien du tout, elle a fait les camps de réfugiés du Bengladesh en 72, elle sait parfaitement qui va mourir ou pas dans la journée, et si Sister Look a donné son accord de le mettre devant après avoir vu Babou, c’est très mauvais signe). Babou ne se laisse toucher par aucune sœur, j’arrive : « Babou, David, biscot ! » Il se calme, je peux le porter dans les bras jusqu’au lit du goûte à goûte devant, la bonne sœur veut poser un goûte à goûte, mais elle est nulle, je l’ai déjà vu faire, une fois c’est ressorti par la peau de l’autre côté, elle va le faire chier avec son produit, laissez faire, il va mourir ! Elle se barre, je tiens encore la main de Babou, l’autre main sur l’artère de l’autre poignet, bambam, bambam, bambam… c’est réglé, la faucheuse à coupé le fil, Babou est mort. J’ai recueilli le dernier battement de coeur de Babou ! Alors je le soulève, je l’emmène dans la chambre « froide », les larmes coulent parce que j’aimais bien Babou, mais je suis content qu’il soit délivré, alors dans la chambre froide, en nettoyant son corps, je me marre, parce que je sais qu’il est là dans la pièce et qu’il me voit pour la première fois de sa vie, et encore là j’arrive à communiquer avec un : « Alors tu peux me voir maintenant sacré vieux biscotmann, c’est chouette la vue non ? Pas trop déçu de ma tronche ? »

Voilà, l’option aveugle pour Babou, ça lui a valu que je m’intéresse un peu plus à lui.

Mais dans ces années-là, la psychiatrie c’était assez tabou dans la famille, alors en lisant ce DSM III pendant mon stage à l’hôpital, j’ai lu, trouvé la définition parfaitement pertinente, c’était absolument parfaitement décrit, alors j’ai recopié la définition telle quelle sur mon dernier carnet de voyage, et au-dessous de la définition, j’ai conclus tous ces carnets de voyage par une note personnelle : "Suis-je vraiment atteint par cette maladie ? - Probable, mais tant mieux, j'aime bien, voilà une chose qui va mettre du sel dans mon existence, du mouvement qui cassera la monotonie".

C’était après l’épisode Argentin, et ça me rassurait que tout était normal, même le grand noir, il suffit d’attendre et ça passera.

Parce que d’un autre côté, … quelle intensité.

Aujourd’hui, si quelqu’un me demandait si je préférais vivre sans l’option bipolaire, je lui répondrais non (même avec le truc du ventre en plus, les jours où le ventre est trop « tordu », tire... je ne peux pas manger, ou alors je rends, mais j’accepte ça comme des jeûnes, et me dispense le vendredi), parce que je suis comme ça dans la vie, c’est moi, sans l’observation, est-ce que j’essayerai de comprendre les mécanismes et les gens ? Je ne serai plus moi, David qui ne s’intéresse plus aux gens ce n’est plus moi. Oui, vous avez lu une brève description du grand noir et vous vous dites peut-être que c’est pas bien, mais dans cette maladie, tout est inversé, si le grand noir existe, l’opposé existe aussi, et l’opposé du grand noir je vous laisse imaginer dans quel état je peux devenir ? Solaire.

C’est gonflé de ma part, et je ne voudrais pas trop expliquer parce qu’il y a quelqu’un qui l’a fait beaucoup mieux que moi, un prix nobel de littérature, tous ses livres sont magnifiques, je dois vous faire lire ceci pour que vous compreniez cette vie fantastique, toujours tendue entre les extrêmes, et la lutte :

Hermann Hesse, Le Loup des Steppes

J'essayais d'analyser un peu ma situation. Les jours de ténèbres, je ne puis communiquer, tout
m'apparaît si lointain. Je suis seul dans les espaces glacés de mon âme et plus aucun sentiment ne m'appartient. Alors, je guète l'étincelle. Je sais qu'une lumière va percer mes ténèbres et venir me toucher, mais je ne sais pas où la chercher. Parfois, elle se présente sous la forme d'une musique, ou d'une fille, ou d'un paysage, ou même une fois, d'une vache. L'étincelle, c'est la pureté, la pureté d'un paysage, d'une musique où d'une jolie fille qui entre en moi. Il faut que je puisse baigner une demi-heure ou une heure dans une image pure pour que des sentiments puissent renaître en moi.
Oui, qu'il est bon de retrouver cette trace divine au milieu de la vie que nous menons, de cette vie si satisfaite, si bourgeoise, si dénuée d'esprit en face de ces affaires, de cette politique, de cette économie, de ces hommes !

Comment ne serais-je pas un loup des steppes et un ermite hérissé au milieu d'un monde dont je ne partage aucune des ambitions, dont je n'apprécie aucun des plaisirs. Je ne puis tenir longtemps ni devant la télé, ni dans un théâtre, à peine puis-je lire le journal. Je ne comprend pas quelle est cette jouissance que les hommes cherchent dans les hôtels et les casinos, dans les cafés regorgeant de monde, aux sons d'une musique forcenée, dans les bars, les boites de nuits, les villes de luxe, les expositions universelles, les conférences destinées aux pauvres d'esprits avides de s'instruire, les parcs d'attractions, les stades : tous ces plaisirs qui me seraient accessibles et que des milliers d'autres poursuivent au prix d'efforts, je ne puis ni les comprendre ni les partager. En revanche, ce qui m'arrive dans mes heures rares de jouissance, ce qui m'est émotion, joie, extase et élévation, le monde l'ignore, le fuit et le tolère tout au plus dans la poésie; dans la vie il traite cela de folie. En effet, si la foule a raison, si cette musique des cafés, ces plaisirs collectifs, ces hommes américanisés, contents de si peu, ont raisons, c'est bien moi qui ai tort, qui suis fou, qui reste un
loup des steppes, un animal égaré dans un monde étranger et incompréhensible, qui ne retrouve plus son climat, sa nourriture, sa patrie.

Cependant, même si je suis un animal égaré, incapable de comprendre le monde environnant, ma vie absurde a un sens; quelque chose en moi répond, sert de récepteur aux appels issus de mondes lointains et sublimes; mon cerveau est empreint de milliers d'images. Des images qui jaillissent dans mon esprit en écoutant un immortel dans son oeuvre, Mozart où Händel, où en me laissant saisir d'un tableau dont la pureté évoque un monde plus beau et plus pur. Je pourrai décrire une musique de Mozart et disséquer chaque instant qui élève cet art au dessus de ce monde, vers une dimension exaltante et sublime, comme un boucher dissèque son veau.

Oui, comment comparer cette musique à celle qui nous arrive aujourd'hui des Etats Unis, où des nouvelles stars Européenne. Cette nouvelle musique, il faut bien le dire, a l'avantage d'une grande
sincérité, d'une bonne humeur enfantine, d'un négroïsme non frelaté, digne d'appréciation. Elle a quelque chose d'américain, qui nous paraît à nous autres Européens, si frais dans la force de l'adolescence. Les hommes seraient-ils devenus semblables? Étaient-ils déjà sur cette voie?
Nous autres vieux érudits et admirateurs de l'Europe ancienne, de la véritable musique, de la vraie poésie d'autrefois, n'étions nous après tout qu'une poignée stupide de neurasthéniques compliqués, qui demain seraient oubliés et raillés ? Ce que nous appelons culture, âme, esprit, ce que nous qualifions de beau et de sacré n'était-ce pas qu'un spectre mort depuis longtemps, et à la réalité duquel croit seulement quelques fous? Ce que nous poursuivons, nous autres déments, n'avait peut-être jamais vécu, n'avait toujours été qu'un fantôme dans la tête de nos semblables ?

Mais les oeuvres existent, elles ne sont pas imaginaires. Des Michelange, Salvador Dali, Wolfgang Mozart, Georg Friedrich Händel, Goethe existent et ont puisé si profondément en leur coeur pour connaître toute la souffrance et la félicité d'une vie où toutes barrières, toute morale et doctrines sont tombées, une vie hors système, que leurs œuvres ne pouvaient que transcender au delà de la matière et de la science. Ces hommes ont tous en eux deux âmes, deux essences; le divin et le diabolique, le sang maternel et le sang paternel, le don du bonheur et le génie de la souffrance coexistent et inter-existent en eux aussi haineusement et désordonnément que le loup et l'esprit en moi.

Ces êtres là, dont la vie est des plus inquiète, éprouvent parfois à leurs rares instants de joie une si indicible beauté et intensité, l'écume du moment jaillit si haut et si aveuglante au dessus de la mer de souffrance que ce bonheur éclatant et bref, en rayonnant, effleure et séduit les autres. C'est ainsi que naissent, écume éphémère et précieuse au dessus de l'océan de douleurs, toutes ces oeuvres d'art par lesquelles un seul homme qui souffre s'élève si haut, pour une heure, au-dessus de son propre sort; que sa félicité rayonne comme un astre et, à tous ceux qui la voie, apparaît comme une éternité, comme leur propre rêve de bonheur. Tous ces hommes, quels que soient les noms que portent leurs actes et leurs œuvres, n'ont pas, au fond, de vie proprement dite; leur vie n'est pas une existence: elle n'a pas de forme, ils ne sont pas héros, artistes ou penseurs de la même façon dont d'autres sont juges, médecins, professeurs, maçons ou cordonniers; leur vie est un mouvement, un flux éternel et poignant, elle est misérablement, douloureusement déchirée et apparaît insensée et sinistre si l'on ne consent pas à trouver son sens dans les rares émotions, actions, pensées et œuvres qui resplendissent au-dessus de ce chaos.

Parmi ces hommes, aucune idée ne leur était plus horrible et plus haïssable que celle de devoir un jour remplir une fonction, suivre un immuable emploi du temps, obéir aux autres. Un bureau, un comptoir, un office leur étaient exécrable comme la mort, et ce qu'il pouvait leur arriver de plus affreux en rêve, c'était d'être prisonnier dans une caserne.

Mozart avait l'oreille, c'est un fait, mais ses compositions ne sont pas sorties de son oreille, mais des tréfonds de sa personne. L'obéissance est le couteau qui égorge la volonté de l'homme. "Obéis", à ce mot, la créativité et l'imagination tirent le rideau.

C'est pourquoi, il est rare de trouver des bourgeois dans le cercle des grands esprits. Car le bourgeois obéis, et il obéis aux règles de la société, et il s'y sent en sécurité, content de lui-même. Je ne blâme pas les bourgeois car j'ai ardemment envié leur mode de fonctionnement et la satisfaction dans laquelle baignait leur vie, mais je ne fais pas partie de ce monde-là et je peux bien être envieux, je sais aujourd'hui que je n'appartiendrai jamais à cette race.

L'homme a la possibilité de s'abandonner absolument à l'esprit, à la tentative de pénétration du divin, à l'idéal de la sainteté. Il a également la possibilité inverse de s'abandonner entièrement à la vie de l'instinct, aux convoitises des sens, et de concentrer tout son désir sur le gain de la
jouissance immédiate. La première voie mène à la sainteté, au martyre de l'esprit, à l'absorption en Dieu. La seconde mène à la débauche, au martyre des sens, à l'absorption en la putrescence. Le bourgeois, lui, cherche à garder le milieu modéré entre ces deux extrêmes. Jamais il ne
s'absorbera, ne s'abandonnera ni à la luxure ni à l'ascétisme; jamais il ne sera un martyre, jamais il ne consentira à son abolition : son idéal, tout opposé, est la conservation du moi; il n'aspire ni à la sainteté ni à son contraire, il ne supporte pas l'absolu, il veut bien servir Dieu, mais aussi le plaisir ; il tient à être vertueux, mais en même temps à avoir ses aises. Bref, il cherche à s'installer entre les extrêmes, dans la zone agréable et tempérée, sans orages ni tempêtes violentes, et il y réussit, mais au dépens de cette intensité de vie et de sentiment que donne une existence orientée vers l’extrême et l'absolu.

On ne peut vivre intensément qu'aux dépens du moi. Le bourgeois, précisément, n'apprécie rien autant que le moi (un moi qui n'existe, il est vrai, qu'a l'état rudimentaire). Ainsi, au détriment de l'intensité, il obtient la conservation et la sécurité, au lieu de la folie en Dieu, il récolte la tranquillité de la conscience; au lieu de la volupté, le confort; au lieu de la liberté, l'aisance; au lieu de l'ardeur mortelle, une température agréable. Le bourgeois, de part sa nature, est un être doué d'une faible
vitalité, craintif, effrayé de tout abandon, facile à gouverner. C'est pourquoi à la place de la puissance, il a mit la majorité; à la place de la force, la loi; à la place de la responsabilité, le droit de vote. Le mot d'ordre du bourgeoisisme est le principe inverti des forts : celui qui n'est pas contre moi est pour moi.

………..

Aparté personnel de ce que JE pense par rapport à ces écrits, c’est très bien écris, mais je rajoute ceci (que j’avais écris en août 1999) :

Les loups des steppes représentent un grand nombre d'individus. Je mentionne « individus » à dessein car si je parlais d'un nombre de personnes on verrait immédiatement une masse de gens.

La majorité des loups des steppes se retrouvent dans une dimension d’idéal. L'idéal non pas puéril, mais une vision du monde et des hommes avec des yeux d'enfant, mais avec un cerveau d'adulte. Nous voyons ce que pourrai être le monde si les hommes n'attachaient pas autant d'importance à l'argent, au pouvoir, à leur mesquineries, à leurs ambitions souvent arrogantes. Les individus vivant cet idéal de l'absolu en leur fort intérieur cherchent, de quelque manière que ce soit, de changer le monde, d'apporter un message différent aux hommes, et cela peut paraître aussi autant ambitieux qu'arrogant, mais ces outsiders du bourgeoisisme veulent transcender l'humanité pour la faire évoluer vers le beau et le bon. C'est pourquoi, les loup des steppes s'affirment généralement dans l'art et la pensée.

Grâce au loup, ils perçoivent la force vitale de la mère, la nature. Grâce à l'esprit, ils savent utiliser les images pures que leur donne le loup pour dresser une œuvre, un livre, une musique, un poème. Et c'est par là que l'individu isolé peut parler à ceux qui appartiennent au monde bourgeois. C'est par ce biais que le bourgeois peut soudain entrevoir une image, une histoire faisant vibrer
son cœur de la même manière que lorsqu'il était enfant. Pendant l'adolescence, à l'âge où notre cerveau était déjà assez évolué pour percevoir une dimension supérieure à notre train-train de tous les jours, et où le monde adulte ne nous a pas encore happé dans ses préoccupations et ses soi-disant responsabilités. Nous avons tous vécu un moment un peu mystique dans lequel se mélangeaient réalité et idéalisme universel, non ? Parfois même, je gage que beaucoup ont perçu l'idéal et l'irréel comme nettement supérieur à la réalité du monde économique et politique dont ils obéissent aujourd'hui à toutes les règles. Le loup des steppes est en cela différent que lui, n'a pas pu céder son âme au système qui était mis en place pour l'accueillir dans le monde adulte. Il doit impérativement suivre Sa légende personnelle. C'est un chercheur, il doit découvrir le sens absolu de la vie. Il échafaude des théories qui se modifient et s'améliorent au fur et à mesure que son esprit évolue dans le sens de cette compréhension de la vie. Ses moyens d'expression sont des idées, des tableaux, des
compositions, des livres, et l'art en général. Celui qui n'a pas pu abandonner l'idéal de son adolescence va chercher à le réaliser mais avec les capacité d'un adulte. Et comme souvent cet idéal était fait d'une plus grande fraternité entre les hommes, ces loup des steppes sont souvent des humanistes. Ils ont remarqué que par l'art, ils pouvaient mettre le doigt sur un point sensible des bourgeois. Ils pouvaient ainsi espérer que le message de leur musique, de leur peinture, de leur livre, fasse évoluer la pensée universelle vers une meilleure harmonie du monde. Celui qui a été saisi par l'engrenage du bourgeoisisme peut soudain à nouveau se plonger dans un univers auquel il y a rêvé étant jeune. Voilà le trait d'union entre le bourgeois et le loup des steppe, l'un fait rêver l'autre et l'autre le fait vivre d'une manière plus matérielle. A l'époque, les aristocrates misaient sur des artistes et leur offraient gîte et nourriture en échange de leurs œuvres. On a ainsi pu voir des œuvres incomprises dans une époque donnée, resurgir avec fracas 100 ou 200 ans après la mort de l'artiste. Le système économique d'aujourd'hui a changé les donnes du jeu. On ne regarde plus la beauté et la pureté d'une œuvre, on la juge en mesurant les effets économique que l’œuvre pourra porter. Si elle est hors mode du moment, elle n'est pas vendable et elle sera rejetée sans autre forme de consolation. Aujourd'hui, les loups des steppes qui ne sont pas capables d’être compris par leur œuvre sont innombrables, car le monde a changé, la beauté et la pureté agressent un monde corrompu. Cela, même si l'individu a mis tout son cœur, sa volonté et ses capacités dans des créations artistiques. Personne, ne regardera la pureté ou la sincérité de l’œuvre, mais combien elle a rapporté. Si elle n'a pas, ou n'a qu'une faible valeur marchande, on déclarera ces loups des steppes incompréhensibles et ils seront casé dans une place qu'ils n'occuperont pas longtemps car les tiraillements de leur âme leur feront plonger dans les ténèbres qu'engendre l'incompréhension de ce monde hirsute.

Mais ceux qui ont réussi ont su façonner des cultures, fait rêver des populations, transporter les tièdes pour quelques minutes au-dessus de leur horizon habituel. Mais pourquoi donc toute cette souffrance, toutes ces remises en questions et ces recherches ? Nous avons une dimension de trop, le monde vit avec ses besoins de base et de reconnaissance. Nous vivons dans un univers fait d'idéals. Cependant, notre idéal étant un idéal collectif et non personnel (il s'adresse à l'humanité et non à un seul individu), la souffrance d'être incompris ou du moins de voir que le monde ne change pas d'un yota malgré nos messages qui nous semblent justes et sincères, nous fait penser que nous avons peut-être tort et nous voilà obligé de nous remettre à nouveau en question.

Fin de l’aparté personnel que j’avais écris à la suite de ce passage en 1999.

Mais bon, je redonne la parole au prix Nobel :

J'avais en moi une image de la vie, une croyance, une exigence, j'étais prêt à des exploits, des souffrances, des sacrifices. Mais peu à peu, je remarquais que le monde n'exigeait de moi aucun exploit et aucun sacrifice, que la vie n'est pas une épopée héroïque avec des rôles en vedette, mais une cuisine bourgeoise, où l'on se contente de boire et de manger, de prendre un café, de tricoter des bas, de jouer aux cartes et de regarder le téléviseur. Et celui qui veut et qui a en lui autre chose : L'héroïque, le beau, le pur, l'adoration de l'art, la piété pour les saints, n'est qu'un imbécile et un don Quichotte.

D'abord, j'ai désespéré, et, pendant longtemps, j'ai cherché la faute en moi-même. En fin de compte, pensai-je, c'est toujours la vie qui doit avoir raison et, si elle s'était jouée de mes beaux rêves, c'est qu'ils étaient bêtes et avaient tort. Mais cela ne me réconfortait pas vraiment. J'observai alors, avec mes yeux et mes oreilles, la vie -la soit-disant vie- je regardais mes voisins, mes cousins, mes amis, et je vis que mes rêves avaient eu raison, mille fois raison. C'était la vie, la réalité qui avait tort.
Comment pourrais-je vieillir bêtement derrière un bureau, sous les ordres d'un patron, ou devenir brasseur d'affaire ou balayeur ?

Nous sommes bien trop exigeants et affamés pour ce monde moderne, simple, commode, content de si peu; il nous vomit. Celui qui veut vivre en notre temps et qui veut jouir de sa vie ne doit pas être une créature comme nous. Pour celui qui veut de la musique au lieu du bruit, de la joie au lieu de plaisir, de l'âme au lieu d'argent, de création au lieu de fabrication, de la passion au lieu d'amusettes, ce joli petit monde-là n'est pas une patrie.

C'est certainement pour cela que la mort nous attire, car nous percevons que notre patrie s'y trouve de l'autre côté. C'est le royaume qui est au-delà du temps et de l'apparence. C'est à lui que nous appartenons, c'est là que va notre cœur, et c'est pour cela que nous désirons la mort. Là-bas, nous retrouverons les loups des steppes et les saints. Beaucoup de saints furent d'abord de grands pécheurs car le péché peut être lui aussi, une voie vers la sainteté, le péché et le vice. Que devons nous passer par tant d'ordures et d'absurdité pour aller vers notre patrie. Et nous n'avons personne qui nous y conduise, notre seul guide est la nostalgie, le monde va son chemin et nous, le notre. Je ne vois cependant pas d'un bon œil la structure économique et sociale que le monde ordonne aujourd'hui. Les dirigeants prônent des idéals comme ceux des américains ou des bolcheviks, qui sont les uns et les autres très raisonnables, et pourtant, violent et dépossèdent horriblement la vie,
parce qu'il la simplifie avec tant de candeur. L'image de l'être humain, qui représentait jadis un idéal, est en train de devenir un cliché. Nous autres fous et loups des steppes l'anoblirons peut-être à nouveau.

Pour l’instant, restons absorbé dans ce qu'un bourgeois appellerai l'irréel, … les mots traduisent mal le sens secret, tout est un peu différent, un peu faussé, un peu travesti, un peu insensé - oui, et il est bon aussi, et c'est une chose que j'approuve, que ce qui représente la richesse et la sagesse de l'un ne soit pour l'autre que folie.


Voilà, le grand Hermann Hesse, Le Loup des Steppes, le roman où il se livre le plus et le seul qu’il n’a pas osé signer… publié, édité, auteur inconnu, droits d’auteurs à l’aubergiste qui l’a hébergé durant les deux mois d’écriture du bouquin. Il s’était présenté sous un faux non, a laissé le manuscrit à l’aubergiste en partant, des millions, aucune importance pour un loup des steppes, il a avoué sur le tard, en disant qu’il voulait voir si les gens continuaient à acheter ses livres à cause du nom où s’il était toujours réellement bon, c’est tout.

Aujourd’hui je dirai qu’il décrit assez bien ce truc de loup des steppes et milliers d’image, patrie de l’autre côté etc, il voit les nouvelles choses arriver et il s’en désole totalement.

Moi j’avais noté un mot sur des gens qui avaient du talent mais qu’ils avaient de la peine à le vendre, ne connaissaient pas les circuits et le business, mais de mon côté, même si je perçois ce qu’il dit sur Mozart et Händel, oui, la musique est magnifique et une fois j’ai même raconté une musique de Vivaldi à mon fils, je lui ai expliqué les images que le son produisait, c’était une très grande fresque qui se déroulait au fur et à mesure de la musique, il a été fan, même s’il est normal. Mais contrairement à l’ami Herman, je m’adapte, je trouve l’époque intéressante, il me semble que je sens qu’il va se passer quelque chose. Et le fait de m’intéresser aux gens et aussi aux nations, voir comment tourne le monde, c’est intéressant. Si je suis distant, je vois le pape signer un accord avec Xi, ça a l’air louche, c’est secret, le cardinal Zen rouspète, il a quasi 90 ans, il a fait de la taule, il doit connaître la musique non ? Alors François je l’ai étudié et j’en ai tiré mes conclusion. Alors après m’être intéressé à la vie de ce cardinal Zen qui semble irréprochable et qui rouspète, il manque une pièce au dossier, c’est Xi, qui est-il ? Et là je cherche, je trouve l’histoire, et quand j’ai compris qui était Xi, j’ai compris que François c’était fait entubé. Un type qui choisi le parti à 9 ans plutôt que sa famille accusée à tort (son père camarade de route de Mao, au plus haut de l’aristocratie rouge, et accusé à tort, relégé dans les bas-fond de pékin, Xi qui est humilié à cause de son père et il fini dans une mine de charbon à 15 ans jusqu’à 19 ans, le temps que Mao se rende compte que le camarade Ximping était finalement innocent et réhabilite tout le monde. Il revient et à 20 ans c’est réglé, il a toujours défendu le parti, il monte comme une fusée, il a un plan, il fait arrêter l’ancien président du parti à la fin du congrès communiste d’octobre là, en 2022. C’est hallucinant de voir les images, le congrès est terminé, salutations, Xi au milieu, l’ancien président du parti à côté, les filcs arrivent, il disent au vieux de se lever, le vieux essaye d’avoir bonne mine et cherche à dire un mot à Xi, et qui, toujours de bonne humeur (il est toujours content, c’est comme ça les chinois). Bref, l’autre lui dit un truc, Xi sourit et hoche la tête, mais un signe de la main qui se veut peut-être amical mais qui veut clairement dire : Ouais c’est ça, ta gueule !

Enfin bref, le type c’est le cador, et je mets François à côté, et je rajoute l’élément « accord secrèts », et je rajoute le vieux cardinal Zen (ah ben tiens, un chinois qui ne rigole pas) mais il a l’air de savoir de quoi il cause et il rouspète. C’est des choses peut-être techniques et théologique, mais en observant d’un autre point de vue (sans analyse théologique de documents etc.), juste du point de vue des personnes, qui elles sont, quelles sont les forces en présence, eh bien ça a pas bonne mine leur accord. Mais ça ne me change pas la vie, je ne suis pas chinois.

Enfin voilà, c’est une vie qui doit être tout en intensité, lorsque Churchil avait 20 ans, il ne cherchait pas du travail en lisant les petites annonces dans le journal, il cherchait une guerre intéressante, typique.

Un trafiquant de drogue va se contenter de se faire de l’argent, le plus d’argent possible, et de tuer tous ceux qui veulent toucher à leur business, rien de plus, mais pas un type comme Pablo Escobar, lui il déclare carrément la guerre au gouvernement, typique.

Jules César consul de Rome, le plus pauvre des consuls de Rome… bref, c’est chiant, alors je ne sais pas s’il déprime où s’il est dans le grand noir ou s’il a eu une absence d’épilepsie, mais il dit avoir eu une vision de « La grandeur » (de Rome), si on dit ça à quelqu’un de normal, il va se dire « Ah oui, c’était un visionnaire ! », non, moi j’imagine tout à fait quelle genre de vision il a eu lorsqu’il évoque le mot « grandeur », parce que pour quelqu’un avec option, la grandeur n’est pas un concept, il l’a réellement vue, typique. (et obsédé sexuel, re-typique)

Hemingway est doué, mais la littérature… on s’emmerde un peu, allons libérer Paris, et il prend le Ritz aux Allemands, je crois que c’est même lui qui déloge le drapeau du Reich, typique. Et Castro se fait boycotter ? On s’en fout, j’apporte le bourbon, t’apportes les cigares et on continue à pêcher l’espadon, ça aussi c’est typique, on se fiche des détails, seul le réel compte.

J’ai aussi cherché parmi les personnages historique, et il se trouve qu’un Pr. en Psychiatrie a tenté l’exercice et en a fait un livre, c’est interressant, et bien sûr, mon premier regard va pour mon Saint Patron que je prie tous les jours, voilà ce qui est dit en résumé, donc le psy : Pour le roi David ou le roi Saül, c'est plus compliqué, puisque la seule source est la Bible. Mais, dit l’analyste : "Pour ce qui est du roi David, il est tellement caricatural en ce qui concerne le trouble bipolaire ou maniaco-dépressif que là, j'affirme, je suis certain de mon coup quand je porte ce genre de diagnostic". Idem pour moi, Saül je ne sais pas, mais David qui passe par là,... quoi un géant ? Il est où le problème ? Ah, c’est un défi ? Oui bon, il est grand, mais Dieu est de notre côté non ? « oui oui, t’inquiètes pas, il est avec nous, vas-y ! » - Bon, alors il est où le problème si Dieu est avec nous ? C’est typique ! Et pour les bonnes femmes aussi !

Par contre, Roi Salomon jugé absolument équilibré, c’est la même chose que pour Jules et Auguste César : Il faut un taré au début qui fait un truc parce qu’il n’était pas au courant que c’était impossible, donc il le fait, et ensuite il faut un type équilibré qui sache organiser les choses (comme Salomon ou Auguste). Pour le général de Gaule nickel : «Je considère que le général de Gaulle était un homme sain." Mais qu'est-ce que la bonne santé psychique ? C'est avoir la bonne réaction au bon moment et sans que ce soit tout le temps la même, explique le psychiatre. Dans le cas du général de Gaulle, il avait tout de même "une très haute estime de lui-même". "Ce qui me fait dire qu'il n'était pas fou c'est que sa grandeur ne pouvait découler que de celle de la France."

Mozart…, bon non, j’en parle pas de Mozart, parce qu’il écrivait sa musique quasiment sous la dictée, aucune rature, aucune ré-écriture, je pense qu’il voyait la musique comme moi je vois les mots.

Attention, non, je ne suis pas un génie, je suis incapable d’écrire comme ce que vous avez lu d’Hermann Hesse ci-dessus, mais les mots ont une forme, à l’écoute c’est facile. C’est juste pour dire qu’on vit, on perçoit des choses qui ne sont pas réelles, ou alors que personne d’autre ne perçoit, et la vie est nettement plus colorée je pense, et on a besoin de cette intensité.

Je vous donne un exemple simple à comprendre puisque c’est les gens normaux qui l’ont fait :
Si je lis le DSM III actuel en 1990, je lis : « Psychose maniaco-dépressive ». ça a l’air technique et il faut lire la définition pour avoir la signification exacte de chaque mot, et c’est clair. Mais les gens normaux on pensé bien faire et ils ont modifié l’appellation en « toubles bipolaires », c’est moins stigmatisant, ça sonne mieux, bucolique… Comme quoi, même les gens normaux sentent les mots, à défaut peut-être de les voir, de leur donner une forme. Alors « troubles » c’est bien, tiens… il a vu une jolie fille et il est troublé (c’est pas grave non?), et ensuite bipolaire c’est joli aussi, on se dit que c’est des types qui se baladent tranquillement entre les ours blancs du pôle nord et les pingouins de l’Antarctique avec quelques haltes sur l’équateur de temps en temps, c’est très bien.

Tandis que : Psychose ça fait film d’horreur, maniaque c’est : « Allo chef, ici le brigadier Gerald, … quoi ? Oui, Darmanin, le nouveau qui est en poste dans le restaurant et le maniaque vient d’entrer dans les toilettes des dames, je répète : le maniaque vient d’entrer dans les toilettes des dames, qu’est ce que je fais chef, j’interviens ? », et « dépressif »…, les dépressifs sont chiants, ils ne font que de rouspéter et pleurnicher sur leur sort. Voilà à peu prêt l’interprétation qu’une personne normale pourrait avoir en entendant la première définition, le petit frisson (psychose / maniaque / déprime), tandis que bipolaire, tout va bien ! Si j’avais lu le DSM V actuel en 1993, je pense que je n’aurai pas tilté, tandis qu’avant le politiquement correct c’était assez facile.

Voilà, j’ai essayé de vous emmener le plus près possible d’une compréhension de cette « maladie » particulière, il ne vous manque qu’une seule clef de lecture pour terminer de comprendre l’attitude du : « On s’en fout ! », et pourquoi il n’y a pas d’émotion durant une finale de coupe du monde.

Sans le vouloir, on doit quand-même faire un classement primordial : Qu’est-ce qui est important et qu’est-ce qui n’est pas important.

Alors chemin faisant, j’ai classé ainsi les choses importantes :
- la beauté, c’est ma bouée, très important
- l’amour, un homme comme moi a besoin d’aimer et il cherche les moyens parce qu’émotionnellement ce n’est pas comme les autres. (c’est pas classé dans l’ordre là)
- la famille (mais la famille fait partie de l’amour, donc un point interdépendant)
Et je le dis à la fin mais celui-là il n’est pas important, il est essentiel, c’est le Salut

Voilà les choses importantes, tout le reste ne provoque pas d’émotions particulières. Les émotions ne sont quasiment liées qu’à ces choses. Et là ça nous touche à un point que vous ne pouvez pas imaginer, si ça se passe mal dans cette dimension là, ça me vrille l’estomac, si ça se passe bien, j’éprouve tellement d’amour que parfois ça se traduit sous forme de bouffées de bonheur (des bouffées d’amour dirigée sur une personne c’est absolument exceptionnel), et je suis triste de savoir que ma femme, une personne très équilibrée, ne vivra jamais ce genre d’élans envers moi, alors avec tout cet amour, eh bien je le donne, et je reste totalement accroc à ma femme, je lui ai interdit de mourir avant moi, c’est une personne absolument vitale pour moi.

Je sais que mes enfants vont partir, mais je les aime tellement que je suis toujours resté complice, qu’ils aient 1 an ou 28, aucune importance. Pour eux, j’ai fait tout ce qu’il y avait à faire pour assurer leur Salut (les oraisons de Sainte Brigitte qui va Sauver 15 de mes descendants etc. nickel, c’est Jésus qui lui a dit, j’ai fais ça sérieusement, j’ai le visa, problème réglé, next), je leur montre l’important, ils sont dans le monde mais ont compris je crois. Si l’un de mes enfants meurt, je sais que Dieu a coupé son fil car Il aura vu que s’il restait en vie, il se perdrait, et que même dans ce cas où ça m’arracherait le cœur, je sais que la chair n’est que le moyen de revenir à notre vraie nature non corrompue, celle que Dieu avait voulu offrir à Adam avant qu’il ne se corrompe intérieurement et visiblement aussi (je parlerai d’Adam dans une autre chronique, je le prie chaque jour). La beauté et la famille peuvent mourir en chair, il faudra faire comme Job, et j’aime bien Job parce que la description (couvert de croûtes ou d’écailles), ça me fait penser à du psoriasis, et j’en ai depuis l’âge de 15 ans, mais j’ai toujours vu ça comme une bénédiction : ça m’a fait résister à plein de tentations, parce que lorsqu’on est couvert de croûtes sanguinolentes, on ne peux pas imaginer faire quoi que ce soit avec qui que ce soit. Dans la description de la maladie psy, c’est écrit que « le sujet peut tomber amoureux en quelques minutes durant une conversation, d’une infirmière ou de n’importe qui ». Mais c’est faux, il n’y a ni besoin de conversation, ni de quelques minutes, juste une image, un jolie fille, une étincelle de beauté au milieu du chaos et l’émotion arrive, voilà, ça c’est tout le registre émotionnel, il prend une place énorme, c’est des leviers qu’il faut toucher avec prudence, c’est un problème dans cette sphère qui me fera ressentir des déchirements incompréhensibles pour les gens équilibrés.

Par contre, tout le reste, non, il n’y a quasiment pas d’émotions, la vie la mort c’est important, l’argent et le reste c’est de l’amusement. Je tire 7000.- (CHF/euros idem) à la banque pour aller payer les factures de fin d’année, c’est beaucoup il y a 20 ans, j’arrive à la poste pour payer, poste fermée à 11h30, tant pis je reviendrai l’après-midi. Pendant que je fais la sieste, ma femme va au kiosque et perds le porte-monnaie, bêtement, et elle a vu les 7 billets de mille dedans, elle a peur, et moi aussi quand je la vois, réveillé de la sieste, je pense qu’il s’est passé quelque chose de grave parce que je me rends bien compte qu’elle est très mal à l’aise pour m’annoncer quelque chose et là je suis soudain très tendu. Mais lorsqu’elle me dit qu’elle a perdu le porte-monnaie la tension retombe tout de suite : « Ouuuuffff, je croyais que c’était quelque chose d’important. On s’en fout, c’est que du pognon ! » - Oui mais on est dans le jus, on a plus rien en banque ! « T’inquiètes pas, les Ethiopiens sont dans le jus, nous ça va aller, tu verras. »

Ces choses secondaires comme un compte en banque c’est très abstrait pour un type comme moi, donc non, ça, ça ne me dit rien. Je n’aime pas avoir d’argent de toute façon, quand j’en ai je le dépense dans des belles choses (parce que j’aime le beau, il est dans les choses importantes, et pas l’argent), donc c’est chouette. Les trucs annexes ne sont pas intéressants, les détails je m’en méfie, le diable se cache dedans et on s’en sort jamais, donc il faut une ligne claire et laisser de côté ces détails ennuyeux.

Deux exemples de Lourdes sur la manière de procéder quand ça devient compliqué avec des détails : Dernier jour à Lourdes avec 4 copains, on mange au resto, et à la fin, il faut se mettre d’accord sur le programme de l’après-midi. Un veut aller faire un tour avec le petit train et visiter le Lourdes miniature, l’autre devrait passer faire encore un saut au sanctuaire, l’autre doit se dégager une heure et demi pour les achats souvenirs pour les proches, et l’autre tout va bien, il suit le mouvement. Mais après dix minutes je vois bien qu’il n’y a pas de mouvement et qu’ils s’excitent pour combiner les horaires, les détails, alors la réaction bipolaire c’est : « Bon les gars, on s’en fout de ces histoires, moi je vais faire la sieste, François, il est à quelle heure ton petit train ? » - 16h00. « Bon, va bien, j’irai avec toi, sinon on se revoit tous à l’hôtel à 18h30 pour la bouffe, bonne nuit, ciao ! »

C’est réglé.

Et il faut aussi que ce soit beau : l’année suivante à Lourdes avec ma fille, elle achète quelques souvenirs pour les proches, je regarde : « Ah oui c’est sympa, … mais c’est quoi cette merde ? »
- Ah c’est un machin pour transporter les hosties, tu sais pour grand-papa quand il va apporter aux malades, il est pas joli ?
- Une custode en plastique peinte en doré, c’est comment à l’intérieur, du plastique ? Et tu veux qu’il mette Jésus là-dedans ? (là on touche aux choses importantes), Non, on va à la boutique des curés, là bas c’est au moins plaqué or.
- Mais j’ai déjà payé les 12 euros.
La Dame : Je peux la reprendre et je vous rends l’argent, elle vient d’acheter, il n’y a pas de problème.
- Non c’est bon, y’a la Sainte Vierge dessus ça ira pour les médicaments, on s’en fout de tes 12 euros, vient on va à la boutique des curés.

Alors non, je ne me sens pas particulièrement malade, c’est tout de même classé dans les maladies, il faut des molécules pour maîtriser certains états (en premier lieu pour arriver à dormir), et ensuite c’est au choix. La psychiatrie est capable de te proposer d’arrêter de souffrir violemment, j’ai essayé de me conformer strictement à leurs directives entre 40 et 50 ans. Alors oui, on arrête de souffrir dans le genre : « plainte effrayée de désespoir jaillissant des tréfonds de mon être », et on souffre plus soft, en fait on devient juste dépressif, donc chiants. Les effets c’est que je suis devenu de moins en moins bon en scénarios de théâtre, je le vois et les metteurs en scène me le disent, j’ai pris 40 kilos, je suis devenu un bon vrai patient psy comme il faut : Regard vitreux, gros, lent, toujours le même esprit par contre, et là on commence à faire des allez-retour à l’hôpital, on ne sait pas ce qui se passe, le toubib dit que c’est normal, la maladie à tendance à devenir plus difficile avec le temps, et un jour que je suis vraiment mal, un infirmier le remarque et me dit que ça à l’air d’aller mal, mais je réponds : « Oui, je vais mal, mais on s’en fout, je suis payé pour ! » Donc l’état d’esprit encore positif, mais résigné, mais je pense que c’est des conneries, c’est leurs médicaments qui ne sont pas adaptés. Enfin, dépend du point de vue, si le but est de devenir normal, oui, on souffre moins mais la vie devient chiante comme tout, fini la curiosité, chercher à comprendre les gens, des éclairs magnifiques, les images, tout devient terne, normal, il n’y plus de saveur.

Et on devient tout de même normal mais ça a un prix, et le prix c’est tout ce qui est ci-dessus + des problèmes physique de poids, de cholestérol, du foie, etc. Mais oui, durant cette période, on redevient avec une vision des choses un peu normale, et je me retrouve à débattre sur le Forum Catholique de choses secondaires sur le pape, la messe, le synode, des trucs complètement aberrants pour un gars tel que décrit par Hermann Hesse.

Mais j’étais zombifié, et il y a une année exactement, le 4 mars 2022, ma femme s’est plantée en face de moi et elle m’a dit : « Tu arrêtes ce médicament, il est entrain de te détruire » !

Et ma femme a toujours de bonnes idées, alors j’ai fait comme elle a dit, et j’ai ressuscité, je vois toutes les choses que les gens normaux ne remarquent pas (dans la rue aussi, les gens n’y prêtent pas attention et pourtant c’est important, si c’est beau, non?). Peut-être que vous ne comprenez pas encore bien le terme « ressuscité », mais j’ai pas mal expliqué il me semble, ça veut dire que je suis redevenu moi-même. Et si vous n’avez pas compris, vous transposez en réel et ça fait un type qui a perdu 36 kilos sans sport ni régime. Je n’arrivais plus à m’attacher les lacets sans retenir la respiration, je n’arrivais plus à marcher un kilomètre en février 2022, et en octobre, avec les 2 derniers, j’ai fait Florence et Rome, ma fille a un appareil téléphonique portatif qui compte les pas, plus de 20’000 par jour, aucun problème. Voilà, vous vous imaginez ça avec tous les problèmes de santé et de mobilité que ça implique et vous transposez psychiquement la même chose, c’est ça que ça veut dire ressusciter pour moi (et Florence et Rome dans cet état c’est absolument grandiose, il y a tellement de beau partout que je ne peux pas vous expliquer).

Et tout revient, tout, l’observation, sans jamais d’à priori. Normal (sous médication féroce), je débats, je m’indigne, ça ne va pas au Vatican, et la gay-pride, et ceci, et cela, et là, tout va bien… l’autre jour je suis aux bains thermaux, alors pour un type comme moi c’est très intéressant, beaucoup mieux que dans la rue, parce qu’on peut non seulement observer, mais écouter les gens. Et je cherche toujours des gens intéressants. Pas gentils, non, intéressants. Un papa avec son petit ? Tiens, … je vais me laisser porter par le courant de la rivière thermale pour voir comment il se démerde, j’ai les lunettes de soleil, je n’ai pas vocation à communiquer sur l’instant, juste observer, et personne ne voit mes yeux derrière les lunettes de soleil. Il s’en occupe si bien que je ne peux pas m’empêcher de féliciter le jeune papa et lui dire la beauté de la vie. Ensuite j’observe, les couples… les jeunes se bécotent, c’est mignon mais normal, et à partir du moment où ils ont des enfants c’est terminé les bécoteries, soit les deux, soit l’un ou l’autre s’occupe des enfants c’est mignon, à partir de 40 ans, on voit encore des gestes tendres, et pour les cheveux gris, … ils sont juste là, ensemble, décontractés, sans démonstration, ils ont sûrement eu une belle vie. Ah tiens, deux lesbiennes qui se tiennent ensemble, voilà des gens intéressants, je vais m’approcher un peu pour voir ce qu’elles se disent, et je prends place en faisant semblant de me détendre, mais je les vois à 50 centimètres de moi et elles ne savent pas que je les observe… (dit comme ça ça fait peur, genre un malade psy qui observe une proie, mais non, il n’y a aucune mauvaise intention, juste voir comment les gens vivent leur vie, s’ils sont heureux, c’est toujours bienveillant de ma part), alors j’écoute, elles sont mignonnes, c’est marrant quand-même… des lesbiennes ? (étrange), pendant que je les écoute, une femme de la cinquantaine qui a dû être une très belle femme il y a 20 ans, assez rare mais pas exceptionnel, une beauté qu’on croise environ tout les jours si on se ballade dans la rue, pas exceptionnelle mais elle a toujours de l’allure, c’est entrain devenir une vraie dame si elle sait se tenir et ne pas être hystérique,… voilà, je suis curieux, et si j’ai envie de dire quelque chose, je n’ai pas de problème de timidité, et c’est toujours un mot d’encouragement ou bienveillant.

Je n’ai jamais eu de problème avec les gens, je cherche à comprendre les situations, elles ne parlaient pas du tout de ça, mais que les lesbiennes aillent militer le lendemain pour l’IVG ou le mariage machin je m’en fiche un peu dans ces moment, c’est pas mon problème, là je capte juste l’instant, et l’instant n’est pas vindicatif, il est doux, les paroles sont tendres, tant mieux pour elles.

Et puis je prends un moment pour moi. Je m’allonge sur une place qui fait des petites bulles sous les genoux au bord de la rivière, tout est parfait puisque j’ai des problèmes d’articulations avec les genoux, le reste de la place est calme, et on voit défiler les gens dans la rivière, l’eau est bonne, on est le lendemain du mercredi des cendres, je n’ai toujours pas choisis mon carême, parce que l’objectif a toujours été inatteignable pour un type comme moi. Je regarde ma montre pour me donner une demi-heure de fuite en Dieu.

Et là je vois cette montre, c’est la plus belle montre de toute l’histoire de l’horlogerie, dessinée par un type exactement comme ça. Un coup de fil de la part d’Audemars Piguet durant Baselworld (sommet annuel mondial de l’horlogerie), on est en 1972, le quartz a fait son apparition en 1969, ça ne coûte rien et c’est plus précis que n’importe quelle montre mécanique, l’horlogerie Suisse est à terre, c’est fini. Alors Audemars Piguet téléphone à Gerald Genta, designer de génie, et la conversation est simple : « On est à Baselworld, des clients italiens aimeraient quelque chose d’un peu sport en acier, est-ce que tu peux faire quelque chose pour nous d’ici demain ? » - D’ici demain ? Je vais voir ce que je peux faire...

Il se repose, il cherche l’image et il trouve. Ensuite de ça c’est réglé, c’est le côté chiant, on ne peut pas expliquer, que ce soit la musique, un bouquin, une montre, une sculpture ou quoique ce soit, le génie qui a l’image dans la tête ne peux pas l’expliquer, s’il veut partager, il doit dessiner, écrire, sculpter, peindre, c’est du boulot. Alors il dessine durant toute la nuit, et d’une certaine manière, il sauve Audemars Piguet de la faillite et transforme le monde de l’horlogerie. C’est son chef d’œuvre même si ensuite, il a eu d’autres images sympa, rien n’a été à la hauteur de la Royal Oak. Avant, seul les amoureux du beau dépensaient de telles sommes pour avoir l’heure, mais aujourd’hui, par effet de mode, c’est devenu un objet de spéculation, il y a donc de l’argent en jeu et c’est ça qui intéresse réellement les gens. Une Royal Oak achetée en boutique à 22’000.- (CHF/euros) vaut 50’000 facile sur le marché secondaire (pour l’édition 2022 qui marque le 50ème anniversaire de cette création, ils ont fait des séries spéciales, tout le monde en voulait et presque personne n’a pu l’avoir, les gens étaient fous. Moi je suis au fond du lit en plein Covid avec de la fièvre, je ne consulte plus du tout l’ordinateur. Et après quelques jours, je regarde mes e-mails, et je vois que 3 jours auparavant, Audemars Piguet a présenté la collection spéciale 50ème anniversaire, je regarde les images et je lis ce qui s’en dit, et quand je lis qu’il y a eu 700’000 demandes en 24 heures pour une production de 18’000 pièces, je me dis que je vais téléphoner à Francesca, la patronne Audemars Piguet, pas de problème, je peux l’avoir dans la couleur, avec les complications, tout ce que je veux, et même une pour ma femme si ça me chante. Très bien, je passerais voir tout ça (elle a mon âge, elle sait que je suis un amoureux du beau, ça fait 15 ans que je la connais, elle me dit ses intentions de prières lorsque je vais à Lourdes, et c’est une super femme, je suis d’ailleurs son dernier client car depuis la folie spéculative, c’est devenu n’importe quoi et elle laisse son staf cuisiner les clients pour décider ensuite à qui elle va attribuer une montre, voilà, c’est simple).

A la fin, je commande le plus beau modèle, mais pas l’original bleu qui va valoir un paquet d’argent, le cadran blanc immaculé grande tapisserie, c’est mon préféré, que la montra vaille ensuite 60’000 au lieu de 100’000 le bleu ? M’en fiche, je paye 22 et je prends ce que je préfère, et Francesca le sait, il n’y a aucun problème.

J’ai fait exprès cette digression horlogère, pas pour faire de la pub, mais juste pour montrer la différence de vision entre quelqu’un qui a une vision du beau comme un bipolaire, et les gens normaux qui ont une vision plus terrestre de la chose, et si ils ont le choix, bien sûr que tout le monde choisira la bleue…, est-ce que tout le monde aime autant le bleu ou bien c’est une histoire de 40’000 francs de différence à la revente ?

Vous comprenez la différence de point de vue, avec moi le beau c’est dans les choses importantes, l’argent secondaire.

Donc j’en suis là de mes réflexions sur cette place de bain thermal devant la rivière, et à ce moment je vois que tout est parfait, les petites bulles sous les genoux, ma vie, ma montre, tout, et je me donne une demi heure avec Dieu le Père. C’est assez rare pour le noter, car en général je converse plutôt avec Marie ou Jésus, ils ont connu notre condition. Avec le Père c’est plus vaste, on ne peux pas l’appréhender, et là je me tourne de bonne volonté vers Lui, je veux savoir pour ce carême, je ne suis pas capable de faire des carêmes, c’est pas fait pour des types comme moi, je ne communie même plus parce que c’est comme ça, j’irais me confesser avant Pâques et je sais que ce jour là sera un grand jour pour moi (mais je suis toujours très recueilli lors des célébrations dominicales, c’est un sujet classé « important » pour moi).

Je me dis que je pourrais arrêter un peu ma curiosité aux choses du monde, arrêter la télévision (j’aime bien les deux émissions du soir sur CNWS avec la petite Christine et droit derrière le vieux pleurnicheur, Pascal Praud, quelle énergie), … eh, entre nous soit dit les Français, vous avez quand-même un problème avec les arabes non d’un chien. En Suisse tu craches dans la rue tu prends 100 balles d’amende. Une nuit d’émeute en Suisse c’est un abruti qui renverse une poubelle par terre (pas celles métalliques, faut pas exagérer, une en plastique), enfin bref, les banlieusards lyonnais savent que s’ils viennent en Suisse, c’est soit un gros coup, parce que si c’est juste une voiture de luxe et qu’il ne s’arrête pas, il se fait flinguer. Je schématise mais la famille du voyou sont venus en Suisse au bord de l’autoroute, avec des fleurs, Allah et tout, on veut que justice soit faite, mais c’est réglé, justice a été faite, le chef de la police vient expliquer : Y’a pas de problème, on était plusieurs voitures, il a clairement vu qu’il devait s’arrêter, il ne s’arrête pas et le jeune flic l’a descendu, il fallait pas voler la voiture ! ...et pour la maman, t’inquiète pas trop, Allah est miséricordieux. C’est quand-même étrange pour une Suisse qu’une famille vient demander justice pour un voyou. Enfin bref, il me semble que des gens normaux devraient plutôt raser les murs, du style : « oui bon d’accord, c’était un voyou, mais c’est bon maintenant il est mort, foutez-nous la paix ». Et là elle s’affiche en plein téléjournal. Ils sont pas habitués les Suisses. Et quand je regarde cette équipe sur Cnews je me dis que vous avez un sacré problème de discipline chez vous. Enfin, c’est mon point de vue. Parce qu’ici je connais une jeune fille d’origine belge, qui est venu en Suisse quand elle était bébé et qui a 20 ans, donc elle vit en Suisse depuis la naissance et elle loupe l’examen pour la nationalité ! Recalée là. Je lui ai demandé sur quelles questions, je savais la réponse, mais oui, faut être un peu au courant quand tu demandes une nationalité. M’enfin voilà, toute cette équipe du soir de Cnews et les problèmes des autres, c’est croustillant. Pour l’ordre la Suisse c’est mieux, mais le JT est chiant, alors on regarde les trucs croustillants qui se passe chez les Français et les Italiens, vous êtes plus marrants pour les disputes et les coups d’éclat. Par exemple, en Suisse les politiciens sont polis, et aucun politicien ne traite jamais un autre politicien de raciste, ça ne se fait pas, donc il n’y a pas de racisme (il y a des racistes, ils ont le droit d’être raciste, mais pas le droit de faire de la pub, donc invisibles). De toutes façon ils sont obligés de gouverner ensemble, c’est comme si vous aviez 7 types qui représentent les plus grandes forces du pays, condamnés à trouver une solution ensemble. Ils peuvent bien discuter, à la fin, comme ils sont 7, au vote il n’y a jamais d’égalité, et à partir du vote, tous les 7 doivent défendre le même avis. C’est comme si en France, le gouvernement c’est Macron, Mélanchon, Le Pen, Ciotti, et vu les scores, les partis de Macron, Mélanchon et Marine ont droit à un deuxième conseillé fédéral. Ça fait 7, ils sont condamné à s’entendre, voter et présenter un projet tous les 7 de front, quel que soit le sujet (et ils sont président à tour de rôle chaque année pour la représentation. C’est chiant non ? A la fin on se retrouve avec le pire UDC, (Marine à côté c’est une communiste), qui envoie sa limousine chercher la fille du plus à gauche conseiller socialiste au sud de l’Allemagne où elle avait un concours de violon. Donc à la fin on regarde les chaînes françaises par curiosité… pas malsaine en ce qui me concerne, mais inutile.

Il y a aussi l’ordinateur, mais j’ai déjà essayé et je me fais toujours avoir par ces écrans (c’est pour ça que je n’ai pas de smartphone), bref je suis toujours dans ce bain thermal, j’en ai aucune idée pour ce carême, je comprends qu’il faut arrêter de penser pour que Dieu parle, juste penser au Père dans toute son étendue, et là mon esprit fait appel à toutes mes connaissances astronomiques (2 ans de cours), pour avoir une idée de taille, et ensuite il faut introduire la notion temps dans l’équation, le Père voit tout d’un seul regard, le passé, le présent, le futur, Il intervient exactement quand Il veut, et lorsqu’on a les 3 dimensions de l’univers et qu’on rajoute le facteur temps, c’est drôle, j’arrive à fabriquer une espèce d’image, je ne suis rien dans une vision pareille, la terre n’est rien, et même la voie lactée est invisible si on regarde tout l’univers de front. Et moi au milieu de ça je suis une poussière ? Une sorte de point, et quand on rajoute le facteur temps, je ne suis même plus un point puisqu’il y a tous les espaces-temps dans la vision. Et aussi hallucinant que cela puisse paraître, JE SAIS que pas un cheveux ne tombe de ma tête sans que Lui, le Père, n’en donne l’autorisation ! C’est abyssal, mais je sais que je suis là, de bonne volonté, et que je dois faire un carême, et Lui Il SAIT TOUT, alors il n’y a pas de problème, je peux me perdre dans le Père, il va me donner une direction, je ne pense à pas grand-chose, j’ai juste fabriqué une image tellement immense que je peux me promener dedans sereinement, tout est beau, et tout à coup, c’est comme si c’était mélangé à l’image et en même temps une sorte d’injonction : Écris !

C’était limpide, et moi j’ai souris, parce que je savais exactement ce que cela signifiait : « On s’en fiche de tes efforts avec les écrans, t’es sympa avec les gamins et avec ta femme, il n’y a pas de problème, mais Je t’ai fais comme ça, Je t’ai donné un don de conteur, arrête de perdre ton temps avec les nouvelles et les disputes, écris ! »

Et donc voilà, maladroitement, j’ai commencé avec la sexualité, parce que je voulais m’en débarrasser (mais qui reviendra un petit peu dans une chronique sur l’amour, mais j’écrirais des warning avant et après si c’est rêche), et sur les autres chroniques je resterai toujours simple, je sais que les gens ne peuvent pas comprendre certaines expériences, je vais rester toujours avec un regard assez basique là-dessus, cru, mais basique.

Je vais terminer cette présentation en vous présentant un de ces gens-là qui a opté pour une autre chose et que Dieu ne pardonnera jamais à cause du manque de regret, mais ça c’est d’après l’Église. J’ai un copain qui est comme moi. Finalement, c’est assez basique comme maladie, mais chacun se débrouille un peu comme il peut pour comprendre les émotions normales des gens normaux qu’on ne partage pas forcément. Donc je le revois après l’avoir perdu de vue : « Ah dis-donc David, tu t’imagines pas ce que j’ai fait comme vacances ? »
- Vas-y dis ?
- Je suis parti à Vegas 3 semaines, non de chien si je veux t’expliquer je ne sais même pas par où commencer, mais 3 semaines j’ai claqué 190’000 balles, entre les jeux, les putes et la drogue, c’était absolument formidable !
- Ah ouais chouette, mais t’étais pas marié toi ?
- Oui, 15 ans de mariage !
- Et elle en a dit quoi bobonne ?
- Elle a foutu le camps.
- Ah ouais, dommage, après 15 ans, non ?
- Eh David, je peux te dire la vérité, franchement j’en ai rien à cirer, ces 3 semaines m’ont donné des images pour jusqu’à la fin de ma vie. Il semble qu’elle ait trouvé un autre type, un peu dans mon genre, mais plus équilibré, tant mieux pour elle.

Un jour je raconte cette histoire tout de même cocasse à un abbé d’Ecône, c’est durant le café, après le dîner, et là l’abbé il s’exclame : « Halahalaha quel dommage, il ne pourra pas recevoir l’absolution ! »

Techniquement, l’abbé à raison, mais moi je sais parce que j’ai aussi touché 200’000 balles du jour au lendemain, et 200’000 dans les mains d’un bipolaire, c’est des moyens pour accéder à n’importe quelle image ou fantasme. La beauté dans les montres ou Vegas, finalement, ça dépend juste du mode de priorité, mais oui, des belles jeunes filles des belles montres, c’est un peu la même chose, on veut tout. Moi je dois rester dans les clous parce que ma famille est totalement prioritaire, mais même en cas de faux pas, je sais que ma bobonne ne partira jamais. Sa mère est une grande aristocrate Austro-Hongroise, et quand elle a vu qu’elle ne pouvait plus empêcher le mariage, elle a convoqué sa fille avec des consignes, mais que la morale du forum réprouve (écoute ma petite, les hommes ont des besoins, voilà tout ce qu’il faut faire pour garder un homme, et s’il a d’autres besoin ne t’inquiètes pas, un homme sensé revient toujours vers la mère de ses enfants. Alors si tu maries ce gueux de Suisse, qu’il a d’autres besoins que toi et que tu divorces, tu ne mets plus les pieds dans ma maison, et si tu le trompes et qu’il divorce à cause de ça, tu ne mets plus les pieds dans la maison), c’est clair et reçu. Donc je sais qu’il n’y a pas de problème, ma femme me l’a dit, mais même si le sexe c’est chouette, je l’ai condamné dans la case Amour et je sais qu’un type comme moi, un pas de côté ça signifie un mélange amoureux et je pars en vrille, pas comme un type normal, alors malgré la permission, je ne peux pas (mais j’envie le roi David, de chien le type il ne s’emmerdait pas).

Personnellement, j’ai inclu le beau et la famille dans les trucs important, mais le sexe est aussi vorace, et si j’élabore un projet criminel (pas faire tuer un hittite pour lui faucher sa femme mais juste réaliser des fantasmes vite fait, je n’arrive pas à aller tant loin dans le Pater Noster :
- Notre Père (là je conscientise que c’est mon père meilleur que mon propre père comme me l’a dit Jésus)
- Qui êtes aux Cieux (et là je vois je peux capter l’image de la grandeur)
- Que votre nom soit sanctifié (et là c’est une nouvelle dimension qui tombe, le nom de Dieu : JE SUIS (à travers toute éternité, il demeure).
- Que Votre volonté soit faite, sur la terre, comme au Ciel (et ici je bloque. Parce que si j’ai un projet peccamineux, je SAIS que ce n’est pas la volonté de Dieu, donc je ne peux pas demander à Dieu ou Lui souhaiter que Sa volonté soit faite sur la terre si j’ai pour projet de faire l’inverse, et la volonté de Dieu est assez claire, Il l’a écrite Lui-même lorsqu’il s’est présenté à Moïse.)

Alors je bloque là et je continue dans mon projet peccamineux qui a l’air vachement chouette, ou bien je veux réellement faire la volonté de Dieu… réflexion (j’y gagne quoi j’y perd quoi ? Quasi rien matériellement et familialement… donc bon le problème c’est déjà de savoir si je veux continuer ce chapelet ou pas ? Mais à la fin j’abandonne mon projet et je prie mon chapelet, du genre : arrête de tergiverser, on s’en fiche de ces histoires de cul !… et c’est ok.

Mais je sais parfaitement ce qu’a vécu mon copain et je sais ce que cela représente pour une personne comme lui. S’il a investi autant d’argent pour concrétiser ce fantasme et se créer des images, ça lui a coûté 200’000 balles et il peut remodeler ces images au fur et à mesure du temps dans son esprit, et l’abbé lui demande de renoncer à son investissement ?

- Non mais ça va pas ou quoi ?

Donc non, on ne peux pas attaquer une conversion avec cet angle, la seule chose qui compte c’est sa bonne volonté, as-t-il envie de Dieu ou pas, parce que ces histoires, nous on en fait grand cas, mais Dieu il s’en fiche un peu. Je le sais de source sûre, un sainte qui a eu la vision de Jésus et elle lui a demandé s’il regrettait quelque chose de son passage sur terre, réponse :
- Depuis ma naissance jusqu’ à 30 ans, je ne regrette rien, et durant ma vie publique, les seules choses qui m’ont été pénible ont été les pharisiens et les docteurs de la loi à cause de leur dureté de cœur, je n’ai regretté aucun pécheur.

Il dit ça ! (genre « oui les pécheurs font des conneries, mais ils étaient marrants, mais ceux qui ne faisaient pas de péchés et qui avaient tout compris, purée ils étaient long à capter la combine, … s’ils la captent ! Et ils la captent peut-être, mais ils se mettent quand-même en guerre contre Dieu)

Lorsque Marie-Madeleine pleure et qu’il lui nettoie les pieds, Jésus sait absolument qu’elle va encore tomber deux fois, mais il lui pardonne avec un mot d’encouragement : « allez, va tranquille (en paix), et ne pèche plus ». C’est un peu une promesse d’alcoolique qu’elle fait là Marie-Madeleine, il pleure et il s’excuse et il promet de ne plus jamais reboire à sa femme parce qu’il regrette réellement, mais c’est rude ensuite. Nous on voit ça comme ça, la veille c’est une pute, le lendemain c’est une sainte, fini terminé. Il y a un sacré combat, Jésus le sait, il sait les tentations et la faiblesse, mais tout ça ça fait partie du concept humain, et là il voit cette bonne volonté, et même s’il voit qu’il reste des tentations, il ne chipote pas sur ces détails, pardonnée, allez gratuit, tu verras ça fait du bien et si tu rechutes pas de soucis, je re-pardonne, parce que tout ça c’est secondaire, le principal c’est la bonne volonté pour aller vers Dieu. Et là c’est plutôt plutôt Simon le Pharisien qui l’emmerde avec ces détails de chair au lieu de voir l’essentiel dans le cœur. (différence entre pécheur/juste, mais chiant, qui chipote et qui se la joue scandalisé. C’est ces gens là qui ont tapé sur le système de Jésus pendant sa vie terrestre, puisqu’il ne regrette pas les pécheurs, non ?

Je vois bien que c’est trop long, je ne sais pas si je peux mettre sur le forum catholique, il y a beaucoup de choses, et mon esprit a été totalement impliqué dans cette entreprise, vu l’ampleur, je n’osais plus poster. (parce que j’écris sur traitement de texte), … 20 pages, c’est un petit bouquin de présentation. Et je me suis tellement impliqué là-dedans, mais je me dis que je ne peux pas poster. Mais il y a le truc aux bains thermaux avec cette histoire du Père, alors je fais ça au lieu de regarder Christine Kelly et Pascal Praud, … et ça m’implique tellement émotionnellement…, je me dis que je ne peux pas poster et une personnalité du forum catholique que je respecte mais qui contribue peu dans les disputes m’a envoyé un e-mail pour me demander de continuer, et là je pense que c’est comme une confirmation de ce que m’a chuchoté Dieu, … alors je me dis que je vais poster, je relis un coup et je ralonge encore de 5 pages d’exemples et de commentaires et je m’en fiche, je poste.

Et cette écriture m’a épuisé et la machine à idées et à image fonctionne beaucoup trop vite, je poste et je prends direct une molécule qui va tout arrêter, me plonger artificiellement dans le grand noir, juste un jour, demain, car cette écriture m’a demandé tellement d’efforts émotionnels (classées principales), que c’est trop, il y a trop de choses qui arrivent, j’ai dû aller chercher des exemples tellement loin et tellement émotionnels pour moi, que j’ai besoin d’un arrêt, un grand noir juste un jour, et aujourd’hui je peux le provoquer, et ça fait du bien quand tout s’arrête, juste du calme, un seul jour dans l’Ether… Bravo si vous avez lu jusqu’ici, c’était absolument nécessaire de savoir d’où je parle pour comprendre les autres chroniques de carême… je ne détourne même plus les yeux du texte, les mots s’imagent, je dois arrêter, je voulais encore vous parler un peu du chapelet mais je n’en peux plus, je ferai des plus petites chroniques ensuite, celle-là c’était le gros morceau peut-être nécessaire pour ne pas se scandaliser des autres, il est quelle heure ? Je ne détourne même plus les yeux des mots car ils s’imagent à mesure, je détourne le regard vers l’heure, il est 03h30, rideau jusqu’au 4 mars.

Bonne nuit.

     

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