Un adepte de la liturgie de l'orgasme ? par Sombreval 2022-10-24 12:51:47 |
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J'en parlais déjà en 2009 sur mon site....
Lu quelques pages hier d’un bouquin, publié en 2008 au Cerf, d’un agrégé de philo, et professeur d’éthique à l’Institut Catholique de Lyon, qui nous expose une herméneutique de la «sexuation humaine» sous l’angle du personnalisme. La Personne pour le catholique gogo d’aujourd’hui, c’est l’homme de la Genèse créé à l’«image» de Dieu (infusée à la création et inaliénable) mais exempté de la nécessité d’atteindre à la «ressemblance» qui est l’actualisation de tout ce qui implique l’«image» et qui résulte de la réalisation graduelle, de l’effort : elle doit se conquérir (c’est la théosis). Considérée comme constitutive de la Personne, la sexualité devient dans la perspective de notre auteur une réalité sacrée, insoupçonnée des naturalistes, des hédonistes et autres matérialistes. On a eu droit au jansénisme au siècle de Pascal. Aujourd’hui on nous impose la «sexualité chrétienne», une «théologie de la conjugalité» censée nous révéler tous les aspects de la Personne : don, communion, auto-révélation (...)
On voit d’ailleurs que «l’herméneutique de la sexuation» et «des gestes amoureux» débouche bien souvent sur ce qu’on pourrait appeler une théologie pornographique qui a pour caractéristique principale d’être blasphématoire (ce que n’est pas explicitement et ouvertement la pornographie). A ce titre nous découvrons dans l’essai en question des extraits d’ouvrages qui auraient valu le bûcher à leurs auteurs à des époques moins déliquescentes. La transposition dans le domaine de la sexualité de tout ce qui touche à la liturgie catholique me semble particulièrement ignoble.. On est affligé à la lecture des extraits de l’essai d’un sexologue abruti, publié en 2006 aux Presses de la Renaissance et intitulé : Ne gâchez pas votre plaisir, il est sacré. Pour une liturgie de l’orgasme : «Dans l’effusion génitale, écrit-il, le couple vit la joie d’être tout en soi et tout à l’autre. Bien sûr cette communion ne dure qu’une fraction de temps. Puis une partie secrète de chacun se referme, comme se referme l’iconostase. Chacun revient sur terre et reprend sa route propre, comme lors de l’envoi final à la messe». Commentant ce passage, notre auteur ose cette affirmation ahurissante, en se fondant sur une lecture tronquée d’un verset du Cantique des Cantiques : «Le corps de l’amante est présenté comme le réceptacle de la semence masculine représenté par l’amas de froment ainsi que le lieu de l’ivresse du plaisir symbolisé par le vin parfumé. Dans l’amour conjugal, le don de la vie est symbolisé par les attributs mêmes de l’eucharistie, le pain et le vin. Enfin à l’instar de la communion eucharistique, le temps de la communion intime est un temps privilégié...etc…». Sur une page entière, est reproduite la citation d’un essai d’une paroissienne en chaleur qui face à son mec en rut se lance dans un monologue sirupeux, aux accents poétiques insupportables. Il y a lieu de penser qu’il s’agit d’un amant ou d’un mari imaginaire car aucun type normal n’aurait pu endurer le supplice d’un monologue aussi stupide, révélateur tout à la fois d’une névrose religieuse et d’une névrose sexuelle, qui se mêlent sans qu’on sache très bien laquelle conditionne l’autre :
Ceci est mon corps »
Blasphème ou réalité ?
Toute recueillie, je crois pouvoir prononcer devant toi ces mots divins :
« Ceci est mon corps »
Je prends à deux mains ce corps, avec sa pesanteur matérielle, ses élans et ses résonnances (…) avec son insatiable soif d’éternité
« Ceci est mon corps »…que je te donne en nourriture
Reçois-le en toi, comme le don le plus achevé que je puisse te faire, de l’être que je suis, moi, ton épouse.
En échange, tu me donnes, et je te reçois : ton corps d’homme, fait de vigueur et de puissance, avec ses violences (sic) et ses fougues, ses tentations et sa fécondité (…) avec ton âme tranchante comme une épée, pure comme un lac. Et cette clarté de Dieu qu’elle reflète (bon d’accord, mais c’est quand que tu te fous à poil ?)
« Ceci est mon corps »
Quand nous communions l’un à l’autre, ce n’est pas un blasphème que de dire que nous communions au Christ dont chacun de nous est pétri. En toi et moi, péchés et misères, joies et peines du couple, deviennent une unique hostie à l’image du Christ.
Qu’en lui, et par Lui, avec Lui, soit enfin sanctifié l’amour d’un homme et d’une femme devenu Cantique d’actions de grâce, Messe à la gloire de Dieu.
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