Elle aurait plus de légitimité que la tête de Maure de l'évêque corse, aussi vite disparue... On ne change pas d'armes comme de chemise en cours de carrière, ordinairement. Benoît XVI avait cette intelligence, en bon allemand familier de l'héraldique réformée et catholique. Allez un jour dans le cloître de la cathédrale protestante de Bâle...
Reprendre un meuble de sa famille, pour les aristocrates, est de bon aloi.
Mais vouloir faire des tonnes pour indiquer qu'on aime l'Espérance, les fleurs, le chemin de fer et le tri sélectif... Certains évêques ont eu la main forcée, autour d'un café. Le blasonnement se fait dans la précipitation, pour que les armes figurent sur le livret d'ordination (à moins qu'un futur évêque n'y songe depuis le séminaire...). J'ai reçu sous embargo quelques armes épiscopales, ce qui m'a flatté, mais la décision avait été prise. Il se trouve que dans chaque cas, c'était sobre et bien senti. J'aurais eu la politesse de ne rien dire dans le cas contraire...
L'héraldiste au bon coup de pinceau dont j'ai suggéré l'existence, un Lyonnais, vend aussi sa sauce à de faux évêques, ce qui devrait faire réfléchir les "vrais". Un peu d'amour-propre ne nuit pas (je suis incorruptible, jusqu'à partir d'une certaine somme).
Tout fait ventre.
Indiquer sur un listel qu'il s'agit du siège primatial des Gaules est une horreur. C'est aussi utile que de pondre un listel au-dessus de l'écu du pape indiquant "Evêque de Rome".
J'entends Decourtray dire à l'Heure de Vérité que cela n'avait plus aucun sens (et dieu sait si l'histoire des primats, souvent concurrentielle, m'intéresse, on attend la publication de la thèse de Fabrice Délivré, mcf en histoire médiévale à Paris-I).
L'archevêque de Rouen s'est dit aussi primat de Normandie, celui de Bordeaux s'est détaché à plusieurs époques de celle d'Aquitaine de l'archevêque de Bourges, celui de Sens se disait, avec les mêmes éclipses, primat de Germanie. Il y a aussi un primat de Lorraine !
J'aime, quand il le faut, le baroque et les fanfreluches, je ne me suis jamais moqué d'un institut tradi qu'il est de bon ton de dénigrer, mais je déteste les laïcs qui se déguisent en bal Renaissance ou en général de Napoléon Ier (et plus rarement en simple sergent...) pour égayer le temps d'une soirée leur triste existence familiale.
Des évêques renient le chapeau épiscopal, ce qui rend l'écu nu (à lire à haute voix).
L'héraldique ecclésiastique contemporaine, pour laquelle je milite, finit par ressembler à l'héraldique communale sans queue ni tête. Certains conseils départementaux ont des commissions, mais les maires font bien ce qu'ils veulent... A Orléans, une mairie a troqué l'écu communal pour un drapeau moitié rouge, moitié jaune (je refuse de blasonner ce truc, même si la vexillologie le permet : parti d'or et de gueules).
A Langres, longtemps les armes du siège épiscopal apparaissaient sur les poubelles en plastique diffusées dans toute l'Europe continentale... Cela me désolait. Elles sont toujours, indûment, sur les bouteilles de Montsaugeonnais. C'est vendeur, sauf dans l'Eglise...
Il faut de nos jours éviter d'utiliser des couronnes, mais l'écu posé sur une crosse pour un évêque est bien suffisant.
J'appartiens à la sensibilité des armes simples et point trop bavardes sans quoi les prétentions à vouloir tout dire sont vaines. Faut-il qu'un archevêque de Strasbourg mette une cigogne et un évêque de Lisieux, un livarot, pour montrer son amour à ses diocésains ?
On a le droit de penser le contraire.
Quand on s'appelle Germay (d'un village haut-marnais...), on assume.
Pour l'ancien évêque du Mans transféré dans les Alpes, j'aurais proposé des armes parlantes...
Quand des écus étaient écartelés et contre-écartelés, avec un écu en abîme, c'était pour indiquer ses ancêtres et ses multiples branches par le sang. C'était donc justifié.
Les héraldistes informatisés que wikipedia et google publient à foison, ne rendent pas service à une saine connaissance.
Je conseille de lire, pour voir ce qu'est une véritable héraldique ecclésiastique, de lire cet article en ligne d'un éminent médiéviste, directeur actuel des archives départementales de la Côte-d'Or (et qui a pris la parole devant le P. Minnerath rue du Petit-Potet).
Naturellement wikipedia et combien d'autres donnent des armes à Innocent III, par exemple.
On comprend dès lors pourquoi les adeptes des prophéties (fumeuses) héraldiques de Malachie (du pseudo-Malachie... dont j'ai déjà parlé) fonctionnent encore chez les gogos et autres adeptes du dernier pape à venir. Ces prophéties sont très intéressantes, mais dans le contexte de la Renaissance.
L'étude des sceaux épiscopaux ou diocésains et l'étude des logos des diocèses mériteraient un bel article. Pour les services de l'enseignement catholique, il faut certaines couleurs de l'arc-en-ciel, un vague souvenir de la croix (et encore), des mains ou des oiseaux... Un truc ouvert et tolérant, quoi.
clic
Je dédie ces armes parlantes des bergamasques Colleoni, au prude vicaire parisien...
L'oeil avisé d'un historien de l'art remarque que certains meubles de ce monument sont anormalement lustrés par des mains féminines admiratrices à des fins apotropaïques, comme d'autres lustrent le pied de saint Pierre en certaines églises (certains lecteurs pourraient me remercier pour mon style, la rentrée n'est jamais amusante pour un prof...).