L’acteur Jean-Louis Trintignant est mort le 17 juin 2022. L'occasion de (re)voir le téléfilm méconnu Credo (1983), dans lequel l'acteur joue le rôle du professeur Lenski, un universitaire arrêté par la police soviétique en raison de sa foi catholique.
« Dans Credo, Jean-Louis Trintignant joue un professeur d’université, Alexandre Lenski, convoqué par la police politique soviétique, parce qu’on a trouvé chez lui un missel et un chapelet. Certes, il n’est pas interdit de croire en Dieu, à condition que nul ne le sache, mais quand il s’agit de savoir si un catholique est inoffensif, le régime ne peut laisser passer aucun indice. Dans ce huis-clos où la discussion vire à l’interrogatoire, sont appelés à « bavarder » la femme et la fille de Lenski, un de ses collègues, ainsi que deux prêtres « modernes », aussi sévères que la police politique envers les croyances anciennes. Tous ces personnages, d’une manière ou d’une autre, sont censés aider le professeur à comprendre que seul un imbécile ou un entêté peut croire aux dogmes de l’Église catholique. Au cœur du dispositif, une psychologue résume bien l’accusation : « Cette société vous a choisi comme éducateur pour former de jeunes esprits. Et dans l’âme de cet éducateur, qu’est-ce que nous voyons ? Une perversion, une extravagante perversion. » De là à faire du missel et du chapelet les armes d’un crime d’intention, il n’y a qu’un pas.
On ne déflorera pas davantage ce film aussi étonnant que méconnu, miraculeusement accessible gratuitement sur YouTube. Peu importe la mauvaise qualité de l’image ou les réserves de détails qu’on peut avoir sur le texte ; il est impossible de dire le Credo de la même façon, quand on l’a entendu de la bouche de Trintignant, tendu entre la rage rentrée et la certitude euphorique que le jour de son témoignage est enfin arrivé. Sa voix unique fait ici merveille : quelque chose comme un murmure violent qui tient du défi aux hommes et de l’abandon à Dieu. Il est probable que la voix des martyrs a parfois cette inflexion-là. Lorsque la psychologue lui assène qu’il est « obligé de vivre et de mourir, comme nous », Alexandre Lenski lui réplique : « Ah non, pas tout à fait comme vous. Si la mort était la mort, je ne verrais aucune raison de vivre, mais la vie éternelle m’a été promise. […] Ma mort ne sera pas comme la vôtre. Tout ce que vous pouvez espérer, c’est mourir avec sagesse. Moi, je sais que je mourrai avec joie. » (Henri Quantin dans Aleteia, 22/06/2022)
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