Cher Vianney,

Permettez-moi de contester.

En écrivant que

Contrairement à ce qu’il écrivait dans son Utopie, More n’accorde plus à l’hérésie la moindre indulgence

vous semblez faire vôtre la thèse qui lit l'Utopia de More au premier degré comme une réelle expression de ses idées sur l'état idéal.
Or, dans le contexte de son genre, langue et style, il est clair que nous sommes devant une oeuvre où l'humour, l'élégance et la subtilité l'emportent de loin sur toute intention polémique ou didactique et où l'on ne trouvera la pensée politique de More qu'au second plan et exprimée au second degré.
En lisant More comme on lirait Platon, Machiavel, Rousseau ou Marx, on s'expose à de graves malentendus, nécessitant pour le lecteur catholique de recourir à l'hypothèse d'une évolution radicale de la pensée de More dans la direction de l'orthodoxie entre la rédaction de l'Utopia et ses oeuvres apologétiques quelques années plus tard... hypothèse que rien ne justifie et que rien ne nécessite car les déviations doctrinales qu'on lui prête n'ont jamais été siennes.
En effet l'Utopia de More devrait se lire plutôt comme on lirait ses descendants, Les voyages de Gulliver (Swift) ou l'Erewhon de Samuel Butler.

Merci tout de même pour le plaisir de vous lire et de nous avoir rappelé les écrits de l'inoubliable Jacques Tescelin, qu'il repose en paix !
John

     

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