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Pierre Hillard et Thomas More
par Vianney 2022-06-01 15:37:18
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Les exposés très documentés de Pierre Hillard sur le mondialisme évoquent assez fréquemment le célèbre ouvrage L’Utopie de Thomas More :


Dans son fameux Pour qu’Il règne¹, Jean Ousset n’hésite pas non plus à ranger l’ouvrage parmi les “monuments de la pensée prérévolutionnaire” mais, à la différence de Pierre Hillard, il rappelle que le futur saint, “Grand Chancelier d’Henri VIII, roi d’Angleterre, fut décapité par ordre de ce dernier pour sa fidélité à l’Église au moment du schisme anglican”.

Une lettre de l’abbaye Saint-Joseph explique comment la vie de piété et de charité de Thomas More devait peu à peu l’écarter des erreurs partagées par son ami (et professeur) Érasme.

Dans une étude consacrée à Érasme², Jacques Tescelin écrivait :
“More et Érasme avaient alors en commun leur passion pour les belles-lettres, leur ardeur au travail et, certes, leurs talents ; mais autant le futur martyr était toute noblesse intérieure, autant le « prince » des lettrés vivait enfermé dans sa mesquinerie.”
S’appuyant sur la volumineuse biographie de P. Bridgett (Thomas More, 2e édition, Londres 1892, tome I, p. 87), il montre comment a évolué l’opinion de Thomas More sur ses œuvres et celles d’Érasme :
“Thomas More l’apprécia hautement ? Oui, le Thomas More qui écrivait l’Utopie ; non celui qui, ayant monté vers la sainteté, reçut la grâce du martyre, ni celui qui, au vu des «pestes d’« hérésie » plus tard évidentes, aurait préféré brûler la Moria (Éloge de la Folie) et ses propres livres à les laisser traduire en anglais.”
Attitude à rapprocher de celle du pape Adrien VI interdisant de publier les notes des cours qu’il enseignait aux Pays-Bas à l’époque où il appréciait Érasme...

Voici par ailleurs quelques extraits de son Apologie³, datant de l’année du couronnement d’Anne Boleyn (1533), où Thomas More s’attache à défendre son action en tant que Chancelier, en particulier vis-à-vis des hérétiques, contre les reproches exprimés par un juriste plus âgé, un certain Saint-Germain, dans son Traité sur la Discorde.

Contrairement à ce qu’il écrivait dans son Utopie, More n’accorde plus à l’hérésie la moindre indulgence : “Dieu me garde d’être sans parti pris quand il s’agit de la vraie foi et des hérésies pleines d’erreur. Car tout homme de bien est tenu de prendre parti entre la vérité et l’erreur, entre l’Église catholique et les hérétiques, entre Dieu et le diable, et de déclarer sans ambages qu’il est entièrement et pleinement du côté qu’il faut et clairement contre l’autre.”

Saint-Germain s’indignait que l’on condamne des hérétiques qui pèchent par ignorance ou dans un accès de colère. “En ce qui concerne les hérétiques, lui répond More, je hais leur vice et non pas leurs personnes, et je désirerais de tout mon cœur que leur vice fût détruit et leur personne sauvée.” Du reste, écrit-il, il est faux que les tribunaux d’Église ne donnent pas à l’accusé toute facilité pour faire valoir des circonstances atténuantes. Mais si l’on admet systématiquement de telles excuses, tout hérétique pourra nier qu’il soit responsable de ses actes, “et toute la Chrétienté verrait bientôt combien peu de fruit elle en récolterait”.

En la matière, Thomas More approuvait les dénonciations anonymes : “Si l’on admettait qu’aucun individu ne pourra être cité, quelque graves que soient les soupçons qui pèsent sur lui, quelque nombreux les hommes qui l’ont surpris en faute, s’il ne se trouve quelqu’un pour se porter partie contre lui et se faire son accusateur, on pourra bien attendre que les rues grouillent d’hérétiques, avant qu’il y en ait tout juste quelques-uns d’accusés, ou peut-être même un seul.”

V.

________________

¹ (réédité en 1986 par Dominique Martin Morin, p. 188.

² Jacques Tescelin, Érasme, taupe de la Révolution, Didasco n° 30 pp. 8 et 9.

³ J’ai tiré ces citations de la thèse de doctorat d’un certain Pierre Janelle, L’Angleterre catholique à la veille du schisme, Beauchesne, 1935, pp. 165-170.
 


     

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