Mais je vais tenter de m'en expliquer un peu mieux.
Lors du baptême de Clovis, l'évêque saint Rémi lui dit : "Courbe la tête, fier Sicambre..." lui imposant ainsi à lui, chef de la nation franque, de s'humilier devant le Dieu tout puissant. Et par cet acte d'humilité, il obtient du Ciel, presque aussitôt, la conversion de tout son peuple. 3000 francs seront baptisés le jour même à son exemple et les autres suivront bientôt. Cet exemple montre qu'il est possible d'obtenir presqu'instantanément la conversion de tout un peuple et l'importance pour le souverain de poser l'acte d'humilité, d'humiliation qui lui méritera cette grâce.
Quelques siècles après il est demandé au roi de France de consacrer son royaume au sacré cœur, c'est à dire reconnaître le souverain empire de ce sacré cœur sur le roi et par lui sur le royaume dont il est le chef. C'est un acte d'humilité bien plus grand que celui demandé à Clovis. En effet, le sacré cœur est le symbole de l'amour miséricordieux infini de Notre Seigneur. On s'humilie toujours devant Jésus-Christ, mais plus en tant que le tout puissant maître du Ciel et de la terre, mais en tant qu'il nous aime infiniment, quoique pêcheurs et qui n'a pas hésité à offrir sa vie pour nous (ce cœur percé de la lance dans l'évangile de la fête du sacré cœur). Or l’orgueil du Roi Soleil s’est refusé à un tel acte d’humilité qui eut pourtant sauvé son royaume.
Autre exemple, la consécration du chef de famille de sa famille de sa maison au sacré cœur. Dans ce cas on parle d’intronisation, ce qui signifie que l’image du sacré cœur va trôner à la place d’honneur de la maison, symbole du règne du sacré cœur sur le chef de famille et par lui sur toute sa maisonnée. Pourtant ici comme dans le cas du Roi de France l’adjonction d’une autre famille étrangère (ou d’un autre pays) ne ferait qu’amoindrir la portée de cette intronisation.
Passons à la consécration de la Russie au cœur immaculé de Marie. Ici, l’humiliation est encore plus grande car enfin le sacré cœur est celui de Notre Seigneur qui est Dieu et donc à qui il est dans l’ordre des choses de se soumettre, alors que la sainte Vierge est une créature, comme nous et qui en plus, s’est humiliée toute sa vie (« Je suis l’esclave du Seigneur… »). Et pourtant, c’est devant elle qu’il est demandé que s’humilie le chef d’État d’un des pays les plus puissants du monde et par lui, tout son peuple. Alors bien sûr, ce n’est pas au chef d’État russe lui-même qu’est demandé cette consécration, puisque c’est justement pour obtenir sa conversion et par elle, celle de tout son peuple, qu’elle est demandée. Alors il est demandé au souverain pontife uni à tous les évêques du monde de faire cette consécration pour lui. Mais elle doit toujours se faire dans l’ordre : C’est le dirigeant, le chef de l’État qui doit entraîner son peuple sur le chemin du bien de la même façon qu’il l’avait autrefois entrainé dans une cause nettement moins bonne (voire franchement mauvaise).
Mais si au lieu de consacrer un seul pays, on en consacre deux, le message est brouillé, car il n’y a plus ce chef unique dont la consécration, puis la conversion, va entraîner celle de tout son peuple. La consécration change de signification pour devenir un simple acte de dévotion ordinaire, certes hautement méritoire, mais dont on ne voit pas comment il pourrait entrainer la conversion de tout un peuple. À la limite on pourrait considérer que l’intention du pape et des évêques serait de consacrer correctement chacun des deux pays cités, mais il eut été bien préférable de faire deux consécrations séparées pour éviter toute ambiguïté. En toute état de cause une telle interprétation était impossible lors de la précédente consécration où il n’était question que du monde entier sans même mention de la Russie.
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