Alors que comme tout un chacun je cherchais rapidement quelques lumières pour m'éclairer sur le dernier mouvement de la messe de Ste Cécile par Gounod que j'étais en train d'écouter (par une chorale espagnole bien entendu, pas par les choeurs de St-Eustache ou de Ste-Croix d'Orléans !) ...
Je tombe donc sur ceci :
Pour terminer la messe, ce court mouvement Domine salvum (en sol majeur, largo, Music4.svg
Music4.svg) est composé de trois parties, chacune étant une prière pour l’Église (sans accompagnement), l'armée ainsi que la Nation. En raison de l'État à l'époque, le texte fut donc modifié : « Domine, salvum fac Imperatorem nostrum Napoleonem et exaudi... ».
En raison de l'Etat (sic).
L'oeuvre est de 1855, il suffit de dire que le chef de l'Etat est Napoléon III.
Du moins faudrait-il tout vérifier, comme à chaque fois, notamment par le bel ouvrage récent d'Yves Bruley que j'avais cité sur Gounod.
Je ne comprends pas le sens de ce qui est écrit en noir, soit dit en passant. Sinon que la ou les personnes anonymes parlent de ce qu'ils ne comprennent pas.
Et comme avec wikipedia, on peut aller d'une chose à une autre...
Je vais voir ce qu'il.ils.iels.x.elle.elles (pour faire plaisir à la CEF en situation de prière) racontent du Domine salvum (qui est bien une innovation dans la fameuse messe figée de St-Pie V... et facultative).
J'y apprends que Jean Richard est un "historien médiéviste", alors que je pensais qu'il s'agissait de celui qui jouait le commissaire Maigret...
Je vois un renvoi au chapitre général cistercien de 1245 pour trouver une première occurrence de cette prière dans un manuscrit liturgique (sachant qu'il n'existe pas "une" messe et que les ordres font bien ce qu'ils veulent). Je me dis chouette ! Je regarde les deux notes. Aucune ne renvoie à l'édition canonique des chapitres généraux de Canivez, mais on nous balance deux ouvrages de seconde main. Encore un truc à aller vérifier en me déplaçant de quelques mètres, même si cela ne m'indiquera pas nécessairement la plus ancienne mention à l'échelle de la chrétienté.
Une note écrite dans un semblant de français raconte que :
Manuscrit 218, folio 122v, de la bibliothèque municipale de Reims (voir Cecilia Gaposchkin p. 257) ; il s'agit des ajoutes sur un missel lequel fut initialement copié au début du xiie siècle.
Je vois que les auteurs anonymes discutent à voix haute, pourquoi pas :
"En résumé, la trace au xiiie siècle était si faible qu'il est difficile à attribuer l'origine à ce siècle. De surcroît, il n'y a pas de continuité entre ce manuscrit de Reims et les documents tardifs."
Mais comme on ne sait jamais si l'auteur est seul ou s'ils sont douze, s'il sait lire des manuscrits ou s'il sait utiliser internet... pas évident de faire confiance, même si je n'ai pas d'homélie à préparer.
Je flaire le moderniste qui se méfie des défauts de continuité... même si "tardif" pour lui (ou eux ?) signifie le début du XVIe s.
Tiens, un sceptique et un hyper-critique, cela change...
Puis je tombe sur ceci (désolé Meneau, j'achève...) :
Ainsi, cela fut Renaud de Beaune, patriarche-archevêque de Bourge, qui dédia son livre Pseaumes de David à Henri III [69] [archive] dans cet objectif en 1587, œuvre initialement publiée en 1563pb 3,N 2.
Alors là !
Depuis quand Renaud de Beaune fut-il patriarche ?
Bourges, sans "s".
Et puis je finis par comprendre.
L'âne a dû confondre primat d'Aquitaine (et pas des Aquitaines comme je vois sur la notice de Renaud de Beaune, bibliographie effarante et adoratrice du XIXe s.) avec patriarche...
Et comme certains aiment faire ronflant, mettre des armes épiscopales à des évêques ou des papes du XIe siècle pour faire joli, je comprends...
Bref...
Tout est l'avenant.
Pour rédiger un article, dans la vraie vie, il faut y passer des mois et se faire relire par plus compétent que soi, et surtout, maîtriser les sources, la bibliographie et tenter de faire à peu près le tour du sujet (tout en sachant que c'est impossible).
Hier j'avais le nez dans wiki pour connaître rapidement deux ou trois bricoles sur la chute de l'empire chinois en 1912. Eh bien j'aurais préféré tomber sur un texte écrit en chinois, qu'essayer de comprendre quoi que ce soit...
J'attendrai de tomber sur un travail sérieux sur l'histoire du Domine salvum ou que quelqu'un veuille bien me l'indiquer.
Comme disait Raymond Devos, je n'ai rien à dire, alors parlons-en ! C'est un peu le principe de wiki où tout un chacun peut ajouter sa couche, sans rien n'y connaître, et c'est un "savoir" qui peut évoluer à tout instant, qui peut se contenter de saupoudrer (il y a des intervenants à la télé qui mériteraient leur notice wiki pour qu'on en sache un peu plus, or c'est étrange, ils n'en ont pas... et pourtant ce sont des politiques ou des communicants).
Le Domine salvum n'est pas une mince affaire, je trouve, dans la polymorphie de la messe au long des siècles ("des" messes).
Les offices ajoutés ici et là chez les Cisterciens sont légions avant 1520. On ne peut pas considérer que cela soit partie intégrante de la messe conventuelle et encore moins privée des moines. C'est une piste, j'entends bien. Mais de là à observer un passage pour les vulgaires messes paroissiales, je voudrais savoir.
Une dernière pour la route, wiki pour avoir les lumières des Alsaciens tradis :
"Or, en 1905, la séparation de l'Église et l'État provoqua la diminution de pratique de Domine, salvum à l'exception du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle, étant donné que l'église catholique française n'est plus obligé de prier pour l'État18.
De nos jours, dans ce contexte, l'exécution est effectuée selon le mot Galliam qui les remplaça : « Domine, salvum fac Galliam », auprès des églises pratiquant la messe en forme extraordinaire."
Une fois encore, il faudrait corriger le Français...
Meneau : supprimer partout "messe en forme extraordinaire", car le pape a dit que cela n'existait plus ! La savoir évolue...
Voilà un débat digne de wiki...
Et j'ai entendu en Alsace des messes qui priaient bien pour la "république", pas pour la "Gaule".
Est-ce que les évêques en 1905 ont obligé d'arrêter de prier ? Cela s'est-il fait au gré des diocèses ?
Bon rugby ce soir ! Et n'oubliez pas quelques pages de la ciase avant de vous endormir.