Je me pose cette question, tout d'un coup, en méditant sur la conversion de Julien Green. On connaît les ouvrages liés à la conversion d'intellectuels dans l'entre-deux-guerres.
J'aimerais que les réflexes pavloviens ne mettent pas le concile à toutes les sauces, en laissant croire que jusqu'en 1962, les conversions étaient nombreuses.
Il n'en demeure pas moins que je voudrais savoir si vous connaissez des Green ou des Newman entrés dans l'Eglise ces derniers temps ? Et depuis les années 50, 60, 70 ?
Je ne parle pas de jeunes hommes ou femmes baptisés dans leur jeunesse par la force des choses, comme le cardinal Sarah je crois.
Le P. Viot, d'inspecteur ecclésiastique luthérien, devenu prêtre est un exemple, mais je pense - sans avoir de réponse tout de suite - à des personnes d'un plus grand calibre dans les arts ou en politique. Ne me parlez pas de Tony Blair, que la coutume empêchait de se convertir en étant premier ministre (et j'ai peu de respect pour l'homme qui a supprimé la pairie héréditaire de la chambre des Lords et reconstitué des parlements pour le pire).
Evitez aussi de me citer la soeur de BHL, que je respecte et qui a rendu malade son millionnaire de frère.
Je ne parle pas non plus de gens qui ont retrouvé la foi de leur enfance, comme on dit rapidement, comme Richard Millet, Tillinac, Gallo...
Je parle de convertis au catholicisme en pleine maturité.
Je cherche, aidez-moi...
Si les noms ne se précipitent, c'est aussi révélateur.
Tout le monde se f... de l'Eglise catholique et qui veut adhérer une institution nébuleuse aux contours incertains, qui a encouragé son propre enfouissement ?
La remarque doit aussi s'impliquer aux instituts traditionnels, et c'est malheureux.
J'ai une amie luthérienne, universitaire, qui voulait abjurer en bonne et due forme. Le prêtre à qui elle s'en est ouvert, a failli tomber de sa chaise et lui a conseillé de... prier, sans fixer des étapes. Le prêtre doit sans doute trouver que cette femme à la tête bien faite doit rester là où elle est et que sa conversion n'est pas nécessaire à son salut. Ce qui en dit long.
Colosimo et Macé-Scaron sont passés à l'orthodoxie, par exemple.
J'ai entendu ce matin chez Praud Mme Millon alias Chantal Delsol qui écrit à Val'Ac', de l'Institut, sur son dernier livre sur la mort de la chrétienté. Je ne lirai pas. Elle surfe sur le succès de G. Cuchet.
Cette philosophe libérale souhaite que l'Eglise change sur certaines choses, ordonne des hommes mariés... Le divorce civil est un moindre mal (vaste problème, j'en conviens).
Classer cette philosophe parmi les "intellectuels catholiques" transforme l'Eglise en auberge espagnole, ce qu'Elle est depuis quelque temps. Anne Soupa peut pontifier parmi les vieux, on ne lui coupe pas le sifflet.
Je donne raison en revanche à Ch. Delsol : la chrétienté agonise et on ne reviendra pas au passé, fut-il désirable.
Plus jamais les évêques agiront sur la société par des mesures prises à des conciles. C'est vrai.
Quand on me fait des leçons d'espérance sur l'avenir de l'Eglise, disons dans le siècle qui vient, je ne vois pas du tout ce qui autorise à être plein d'espoirs. Manque de foi ? Et alors ! Surtout, manque de lucidité.
Un excellent prêtre qui me lira peut-être m'a dit récemment que les branches mortes vont mourir. Mais le problème est qu'on me dit cela depuis mes vingt ans, et que les anciennes branches vénérables meurent aussi, et que les branches mortes continuent d'avoir les manettes un peu partout ! Les gens s'accrochent partout, comme les mauvaises habitudes sont prises pour toujours. L'Eglise pleurera sur la disparition des legs et des messes demandées. Bien fait ! De nos jours, dans le NOM, combien de personnes de moins de 65 ans demandent des messes ? Et ce ne sont pas leurs obsèques présidées par des laïcs qui me feront en demander en certaines paroisses. Quand on ne prêche plus sur les fins dernières, quel intérêt de demander des messes ? On ira tous au paradis... même Hitler. J'ai déjà entendu cela. Je m'étais permis de préciser : et Staline ?! j'ai eu comme réponse du diacre agrégé d'histoire : si Hitler peut entrer au paradis, alors Staline le peut. Révélateur comme on vote socialiste et quand les deux gosses du diacre ne sont passés devant monsieur le curé pour avoir des enfants !
Il serait instructif que NNSS fassent des enquêtes sur la formation et la descendance des diacres. J'en connais d'excellents, d'autres font un peu ce qu'ils veulent.
Avec des diocèses de quinze prêtres en France dans dix ans, je ne vois pas ce qui autorise à espérer quoi que ce soit.
Et le dernier méchant motu proprio.
Je ne vois pas d'ici 50 ans et même plus des congrégations féminines remplir les anciens couvents, les carmels ré-ouvrir, les séminaires irlandais ou français déborder, les oratoriens refuser des vocations, les évêques confirmer à tour de bras des jeunes gens formés pour toute leur vie...
Tout cela est très mal parti depuis déjà un certain temps. La mort de Benoît XVI pourra servir de terminus.
Le problème est qu'ici certains vont me citer des gens lus par 500 personnes, demeurés obscurs, sans autre rayonnement que celui d'un réseau de chapelles.