"Ne jugez pas, pour ne pas être jugés ; de la manière dont vous jugez, vous serez jugés ; de la mesure dont vous mesurez, on vous mesurera.
Quoi ! tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? Ou encore : Comment vas-tu dire à ton frère : “Laisse-moi enlever la paille de ton œil”, alors qu’il y a une poutre dans ton œil à toi ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère." Matthieu (7,1-5)
Ce qui est visé c'est l'hypocrisie qui amène l'iniquité dans le jugement, une manière de juger où le jugement atteint celui-là même qui juge, et certainement pas le jugement en lui-même (ce qui serait absurde car contre la faculté humaine de juger du bien et du mal en soi-même et chez les autres).
Cet appel pseudo-chrétien à "ne pas juger" en toutes circonstances fait penser à cette lettre de 1956 au moment de la condamnation par le S. Office (publiée dans le rapport de l'Arche du 22/02/2020) :
"Je vous avoue que je serais presque plus porté à juger sévèrement les disciples que le maître [Thomas Philippe] : celui-ci est, en partie certainement, irresponsable. Mais un Jean Vanier, une Mère Cécile ? Un Père Marie-Dominique ? Ils savaient et ils ont voulu tout couvrir, « ne pas juger » "
Le dominicain Paul Philippe (sans rapport de parenté avec les autres) qui s'exprime ici porte précisément un jugement sévère sur ceux qui ne veulent pas juger, c'est à dire tout "recouvrir du manteau de Noé", attitude qui n'a rien d'évangélique, puisqu'il s'agit en l'espèce de complicité dans le mal. Saint Paul appelle explicitement les Corinthiens à juger leurs frères chrétiens dévoyés :
"Je vous ai écrit dans ma lettre de ne pas avoir des relations avec les impudiques, - non pas d'une manière absolue avec les impudiques de ce monde, ou avec les cupides et les ravisseurs, ou avec les idolâtres; autrement, il vous faudrait sortir du monde. Maintenant, ce que je vous ai écrit, c'est de ne pas avoir des relations avec quelqu'un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme. Qu'ai-je, en effet, à juger ceux du dehors? N'est-ce pas ceux du dedans que vous avez à juger ? Pour ceux du dehors, Dieu les juge. Otez le méchant du milieu de vous." (1 Co 5,9)
C'est à cause de cette conception faussée du "ne pas juger" qu'on en est là dans l’Église. Là où l'Eau vive, œuvre prometteuse née en 1946 bénéficiant de larges soutiens intellectuels, mondains et ecclésiastiques (Mgr Roncalli, Montini...) a été tuée dans l’œuf en 52-56, il a fallu plus de 30 ans à l’Église post-conciliaire pour commencer à faire le ménage (et ce n'est pas fini !) dans quantités de sectes malfaisantes recouvertes du nom de "communautés nouvelles". Et comme des hommes n'ont pas voulu juger, quitte à être solidaires dans le mal, c'est Dieu lui même qui juge en dévoilant ce qui était caché : "Car c'est le moment où le jugement va commencer par la maison de Dieu." (1 Pierre 4,17)
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