Traduction d'un article du Libero:
La démission de Benoît XVI: de forts doutes de la part de l'avocat Taormina
09/03/2021
''L'avocat Carlo Taormina, juriste et professeur ordinaire de procédure pénale à l'Université de "Tor Vergata", à Rome, a commenté la question soulevée par le texte juridique de l'avocate colombienne, Estefania Acosta, intitulé "Benoît XVI : le pape émérite?".
Son livre affirme, conformément à l'avis donné par Antonio Socci en 2018, dans son livre "Il Segreto di Benedetto XVI" ("Le secret de Benoît XVI"), que le pape unique est toujours le seul et unique Ratzinger qui, en fait, n'a jamais démissionné avec sa "Declaratio", mais a plutôt conservé le nom, le titre, la soutane blanche, la bénédiction apostolique et la résidence au Vatican. Car de même que "le pape n'est qu'un", comme le répète affectueusement le même Benoît, le pape est toujours lui-même et, par conséquent, Bergoglio est un antipape.
Comme le note le professeur Taormina - qui a déjà exprimé quelques problèmes avec le pontificat de François - "La situation mise au jour par l'avocate Acosta - comme par d'autres journalistes et experts avant elle - et l'ensemble des faits reconstitués au Libero Quotidiano nécessitent sûrement une enquête plus approfondie des documents et une étude de ceux-ci par des canonistes dans les centres ecclésiastiques appropriés.
"Dès le moment de son "choix", il a été affirmé dans les postes les plus accrédités de la Curie romaine, que Ratzinger concrétisait une situation qui, au niveau des actes pétriniens, le maintenait sur ce qui lui appartenait, laissant aux autres la simple matérialité du pouvoir (fonctions pratiques)."
Comme le soutient la thèse de l'avocat Acosta, en plus de la "démission invalide", il y a aussi la manière dont certains ecclésiastiques ont voulu l'interpréter comme étant une "Démission du Pape", c'est-à-dire une déclaration libre et consciente (mais invalide) d'une "Renonciation papale à deux fonctions pratiques": comme une "ruse" planifiée par Ratzinger pour mettre en cage la "Mafia de Saint-Gall" (le lobby des cardinaux modernistes qui lui sont hostiles), tout en offrant aux modernistes une auto-illusion qui leur a permis de s'approprier abusivement le trône de Pierre. Il reste que ce document, selon Acosta et d'autres, lu comme une "démission", n'a aucun fondement en droit.
Pour donner un exemple simple de ce dont nous parlons, ce serait comme si un vieux propriétaire d'une villa disait : "Comme je commence à souffrir du froid, je renonce à me rendre dans ma villa en hiver".
Mais ses voisins interprètent cette déclaration comme s'il avait dit : "J'abandonne ma villa et je renonce à ses droits de propriété", et l'occupent. Pendant ce temps, le propriétaire doux et sans défense les laisse faire ce qu'ils veulent, mais de temps en temps, il fait remarquer : "Le propriétaire n'est qu'un (moi !)", dans l'espoir que quelqu'un vienne chasser ses voisins.
Ainsi, Benoît XVI aurait choisi de ne pas réagir, de ne pas accuser ouvertement Bergoglio d'être un antipape : c'est pourquoi il utilise un mode d'expression voilé, logiquement subtil, mais dans lequel il répète "Le pape, c'est moi", dans l'espoir que le clergé finisse par le comprendre et appuie sur le "bouton rouge" en déclarant l'invalidité de sa démission présumée et, par conséquent, de toute l'église bergoglienne.
L'avocat Taormina est d'accord : "C'est frappant, en effet, cette ambiguïté continuelle et étudiée, en l'espace de 8 ans, attribuée aux déclarations de Ratzinger qui, en substance, semblent répéter toujours la même chose, c'est-à-dire que lui, Benoît, est le pape, et aucun autre.
Il a déjà été démontré, en fait, que les seules déclarations de Benoît XVI que les médias main stream ont présentées au monde comme étant sans équivoques en faveur du Pape François en tant que Pape légitime, n'ont jamais été des citations directes ou "corroborées" par Ratzinger, mais sont plutôt, de manière constante, des titres de journaux, des reconstructions journalistiques de "on m'a dit qu'il avait dit", des citations d'autres personnes qui disent qu'"elles ont entendu qu'il avait dit" ces mots, ou qu'"elles avaient lu" une certaine missive présentée dans sa copie originale.
Vu la précision chirurgicale du langage utilisé par Ratzinger, il serait indispensable, à ce stade, d'examiner les originaux de ces prétendus documents.
"Chez une personne aussi rigoureuse sur le plan littéraire et scientifique que Benoît XVI, affirme l'avocat Taormina, une affirmation aussi tranchante (comme "le pape est unique") ne peut être que le résultat d'une volonté d'envoyer un message précis et inéluctable, à savoir que Bergoglio n'a pas pris sa place.
Et s'il "n'a pas pris sa place", alors François est un antipape et, par conséquent, tant qu'il n'y aura pas de clarté sur cette question, aucun pape après lui ne sera un vrai pape et la vraie Église sera finie.
Comme le dit l'avocat Taormina, "Les efforts déployés par les grands médias pour construire leur récit, à n'importe quel prix, afin que Benoît XVI déclare que le pape est François, constituent un élément qui rend la scène d'autant plus grave, en ce sens qu'elle rend, d'une manière ou d'une autre, de plus en plus plausible la reconstruction du soi-disant "Reset catholique". En outre, cette situation actuelle très étrange de deux papes en même temps, s'accompagne d'une quantité de doutes qui ne peuvent plus être ignorés. En outre, la précision avec laquelle les médias et le Vatican ont évité la question ajoute un élément supplémentaire qui devrait être d'autant plus alarmant.
En résumé : Ce que Ratzinger a fait librement et consciemment, c'est d'écrire une déclaration qui déléguait les tâches les plus lourdes de sa fonction (à des cardinaux ou à des évêques, vraisemblablement), mais qui, dans la mesure où elle n'était pas valide, ne rendait pas le siège apostolique vacant. Ce sont d'autres personnes qui ont abusivement interprété ce document comme une "démission valide de la papauté", alors qu'il n'en est rien, ou parce qu'il est beaucoup trop ambigu pour être considéré comme valide pour effectuer une telle chose.
Sergio Russo et Rosanna Iabobacci, dans leur livre "Cuori chiusi, cieli aperti" ("Cœurs fermés, mais cieux ouverts") semblent avoir esquissé la route à suivre lorsqu'ils ont écrit : "Il n'y a pas de pape à déposer, mais il y a un cardinal (antipape) à destituer", et, en dernière considération, il faut choisir un, ou plusieurs, vicaires, parmi les évêques et les cardinaux, pour assister le pape Benoît XVI à ses côtés afin de remplir ces deux devoirs pratiques auxquels il voulait renoncer: gouverner la barque de Pierre et annoncer l'Évangile.
Certains lecteurs s'égareront dans une telle controverse, mais pour le reste, si, comme nous le supposons, on se trouve face à un subtil stratagème élaboré par l'un des plus importants intellectuels de notre époque, pour échapper à un coup d'État de cardinaux intelligents et déterminés, comment pourrait-on s'attendre à ce que quelqu'un le comprenne au premier abord?
Toute personne intéressée devra le lire et le relire avec calme pour le comprendre. Voyez pourquoi il serait à l'avantage de tous de clarifier la question dans les centres de pouvoir appropriés.''
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