J’imagine que, comme moi, certains d’entre vous ont connu des familles traditionnalistes, nombreuses, aimantes, père modèle, femme soumise, bonnes écoles, catéchisme, retraites, etc., dont l’un des enfants se découvre homosexuel à l’adolescence. Le drame subi par ces familles, tiraillées entre une foi qui fait de cet acte une « abomination » et l’amour de leur enfant montre à l’évidence que l’homosexualité n’est pas un choix.

On peut incriminer la « vie moderne ». Mais cette réalité a toujours existé dans la plupart des civilisations, y compris chrétiennes. Patrick Buisson a dévoilé l’ampleur de l’homosexualité (et aussi de l’avortement) dans l’Etat français, en particulier dans les chantiers de jeunesse, malgré le flétrissement de l’esprit de jouissance dans la France du Maréchal. Et les recherches de David Kertzer dans les archives de la police de Rome ont montré que la réalité décrite par Frédéric Martel était déjà celle des hauts prélats romains dans une Italie où le catholicisme était religion d’Etat. Les crémations de sodomites, allègrement pratiquées de Théodose au bon Louis XV (dernier bûcher parisien en 1750 tout de même) n’ont rien résolu non plus.

« Dieu t’a fait gay et il t'aime comme tu es» aurait dit François. Difficile de lui donner tort. Pourquoi le Tout Puissant soumettrait-il une partie de ses créatures à une attirance « abominable », leur faisant courir les plus grands dangers pour le salut éternel.

Le Lévitique a des paroles définitives sur l’homosexualité. St. Paul aussi dit-on. Mais la plupart des interdits vétérotestamentaires n’ont plus cours. Et l’interdit du sang, bien que maintenu par les apôtres et l’Esprit Saint (« L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent » : Ac 15, 28-29) a finalement été abandonné par l'Eglise, au plus tard au XVe siècle. En tous cas rien sur l’homosexualité dans les paroles du Christ.

La question est certes complexe et je n’ai aucune autorité pour la trancher. Pour cela il y a un pape et une Eglise. Et lorsque François nous invite à éviter « condamnations théoriques » nous serions bien inspirés de lui obéir.

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