C'est vrai que je m'en prends régulièrement à une certaine crédulité que je discerne parmi les traditionalistes et dans laquelle moi aussi je me suis longtemps complu.
C'est tellement consolant de croire que d'ici peu un descendant de St Louis va surgir, rétablir la monarchie Très-Chrétienne en France, s'allier au Grand Pape et rétablir la Chrétienté dont il sera le glorieux souverain. Je me revois, jeune professeur dans une école de la FSSPX aux Etats-Unis, expliquer cela avec conviction à mes élèves...
Que Dieu ait pitié de moi !
C'est tellement rassurant de lire les "15 promesses" de la Ste Vierge à ceux qui réciteront le Rosaire. J'ai expliqué sur le FC pourquoi ces promesses étaient apocryphes, ce qui ne m'empêche pas par ailleurs de réciter le Rosaire chaque jour.
J'ai une raison pour faire preuve d'une telle sévérité à l'égard des traditionalistes alors que les connaissances historiques des autres groupes sociologiques laissent bien plus à désirer.
Voici comment je vois la situation actuelle : les ennemis jurés de la foi catholique depuis le XVIIIème siècle étaient les rationalistes, les progressistes.
Aujourd'hui, nous nous trouvons à un moment critique de l'histoire des idées. Depuis 30-40 ans, l'hégémonie progressiste se voit remise en question par un mouvement venant de sa gauche : le postmodernisme.
Le progressisme avait voulu affranchir l'humanité de l'ordre ancien au nom de la Raison tout en promouvant des utopies, et il a enfanté un monstre dystopique qui exige que l'on s'affranchisse de tout ordre, y compris de l'ordre naturel, de l'ordre rationnel, dont la maîtrise faisait l'orgueil des progressistes.
Vous rendez-vous compte que certains intellectuels désormais exigent une médecine postmoderne qui rejette la tradition rationaliste des Lumières, prône des élaborations théoriques indépendantes de tout test empirique, et se présente comme une « narration parmi d’autres » ? On en est là ! Rassurez-vous, ce n'est pas ce genre de médecins qu'ils consulteront s'ils sont malades...
Selon moi, nous allons voir dans les années à venir, de plus en plus de progressistes de bonne foi qui, persécutés par les Wokes, se remettront en question. Le pont qui permettra à ces progressistes de se rapprocher de nous ne peut être que celui de la raison. C'est la seule valeur que nous partagions avec eux. Et c'est pour cela que j'insiste tant sur la nécessité de développer une culture catholique respectueuse de la critique historique.
Je me mets dans la tête d'un progressiste persécuté par les fanatiques de la pensée postmoderne. Tôt ou tard, l'idée lui viendra de se tourner vers la tradition catholique et je ne supporte pas l'idée qu'il se trouve confronté à des naïfs dépourvus d'esprit critique qui le décourageront d'examiner plus sérieusement l'alternative que constitue la foi et l'anthropologie chrétiennes traditionnelles à la folie dans laquelle le monde est en train de sombrer.
Si un progressiste manifeste son étonnement par rapport à certaines prises de positions de François et que la réponse que nous lui proposons c'est le "secret de la Salette" avec ses prophéties abracadabrantes écrites par celle dont nous possèdons aussi une autobiographie et une correspondance encore plus délirantes, comment pensez-vous qu'il réagira ?
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