La réforme de la liturgie (1948-1975), trad. fr. DDB, 2015 ?
La préface rédigée à Téhéran en 1981 ne cache pas sa joie "ces articles, peu à peu, devinrent un magistère". La réforme est un "travail capable de défier les siècles".
Ma question s'adresse surtout à ceux qui défendraient encore ce bonhomme.
Ce volume, dense et foisonnant, est à lire absolument.
Son plaidoyer pro domo tient tout entier là-dedans, sans savoir qu'il livrait pour la postérité des billes pour accabler sa très funeste mémoire. DDB a publié cela pour laisser croire que les réformes liturgiques, surtout celles issues du concile, étaient largement pensées et partagées.
On voit comment on fit avaler des pilules, comment des commissions et des réunions sous le tapis faisaient avancer des pions.
On voit passer d'éminents liturgistes comme Jungmann, Gy, Martimort (qui dériva très vite avec sa boutique de la Maison-Dieu), Vogel... La liste des conseillers et des consulteurs est donnée en fin de volume. Il se trouvait par exemple Dom Pierre Salmon (encore un Langrois !) qui n'était pas du tout un amuseur public, comme les précédents, et bien plus conservateur encore que Dom Prou, membre de la Commission liturgique.
Quand on sait, par exemple, que Bugnini considère (p. 65) que le latin devait être abandonné, car la langue était devenue "incompréhensible pour beaucoup". Chacun ici est convaincu, je l'espère, qu'il n'est pas nécessaire d'être un spécialiste de Cicéron pour "comprendre" la messe, qui est un mystère. Nos ancêtres du XIIe s. et du XIXe s. étaient-ils tous des normaliens ? Et fait-on ce reproche à ceux qui entendent du slavon ou dès lors que vous écoutez du Bach ou Verdi ? Et puis les missels bi-lingues existent aussi. Il faut donc adapter la liturgie sacrée au niveau moyen (à évaluer comment ?) de l'intellect des présents ? Dans deux siècles : "salut les frères, les soeurs et les non-binaures, ouech ouech ?". Du point de vue philosophique, cela ne tient pas une seconde, mais ce raisonnement se retrouve toujours. Désolé, quand j'entends des PU au prix d'une dose d'énervement certaine, je considère qu'elles ne relèvent jamais la plupart du temps d'un Français convenable.
Deux lignes après avoir souligné la caractère has been du latin, Bugnini écrit : "la belle et traditionnelle langue latine, à la fois harmonieuse et géniale, robuste et austère, rayonnante et séduisante, et grâce à laquelle tant de générations de chrétiens ont prié.
Le message fut parfaitement reçu et je ne cite pas en France le nombre de curés et de laïcs qui dans les années 80-2000 refusaient d'entendre le moindre Ave Maria de Lourdes et tout Magnificat cependant exigé d'un défunt pour ses funérailles sans messe.
P. 66 "la nécessité d'une catéchèse fondée sur la liturgie" etc.
Vaste programme !
Quand la liturgie est creuse et bruyante, la catéchèse tient sur un post-it.
J'ajoute aussi le côté très amateuriste de certaines vues de Bugnini et associés au sujet de l'Histoire de la liturgie. Mais c'est le même impressionnisme quand le P. Boyer livre une histoire des bâtiments consacrés dans le monde pour des réunions pour faire réfléchir les pères conciliaires (du moins ceux qui n'étaient pas à la buvette).
C'est pour cela que les Tradis devraient avoir des bataillons de prêtres et de laïcs très sûrs de leur fait. Aujourd'hui, en France, en dehors de deux ou trois Bénédictins qui enseignent à Paris, je ne vois personne d'à peu près crédibles pour nous tympaniser avec la liturgie post-conciliaire et le moindre intérêt à la faire entrer dans l'Histoire. Je ne crois pas davantage à vue humaine la moindre "restauration" de l'ancienne liturgie pour les paroisses à la surface de la Terre. Je constate l'anomie générale et la bonne volonté de bien des prêtres NOM n'y fera rien. Ce ne sont pas les chasubles et le luminaire qui vont changer les très mauvaises habitudes et l'absence totale de Gloria ou de Credo en latin (pour commencer). Quand on sait dans certains séminaires qui enseignent la liturgie et son histoire, combien de temps cela occupe ? Allez voir les rayons de leurs bibliothèques... Je connais une cathédrale où un curé valeureux avait fixé sur l'autel conciliaire six bougies. Son successeur les a enlevées, naturellement.
Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel.
Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici.
D'avance, merci !