Je réfléchis souvent à l'impact de ce que vous dénoncez sur la famille.

En construisant un pesant système d'aide sociale, l'État moderne a déresponsabilisé et affaibli la famille qui est le lieu naturel où l'assistance aux plus faibles doit et peut le plus efficacement se déployer.

Chaque fois que l’Etat allège une partie des tâches qui sont traditionnellement du ressort de la solidarité familiale, la famille perd de sa vitalité.

Prendre soin de ses parents âgés a toujours été, dans toutes les civilisations, une exigence incontournable qui à la fois requérait et suscitait les vertus de charité (de la part des enfants) et d’humilité (de la part des parents âgés).

Lorsque la famille est responsabilisée, un maillage élaboré de normes sociales, d’attentes, de récompenses et de punitions se met en place progressivement. Ce maillage aide et motive les membres de la famille à remplir des fonctions qui correspondent aux vocations respectives de chacun. Par contre, lorsque l’État ignore le principe de subsidiarité et se substitue à la solidarité familiale, la cellule de base de la société s’affaiblit et s’effiloche.

S’il était établi qu’abandonner la responsabilité de la politique sociale au soin de la solidarité familiale conduit à une multitude d’enfants et de vieux délaissés, tandis que la confier à l’État suscite des enfants et des vieux plus épanouis et responsables, alors le jeu en vaudrait la chandelle. Mais ce n’est pas ce qu’a engendré l’État-Providence.

L'ordre socio-économico-administratif actuel produit de plus en plus de familles dysfonctionnelles d’où le père est absent, sinon physiquement du moins symboliquement. Ces familles, lorsqu'elles ont des enfants, ne sont plus capables de leur transmettre des repères.

Du côté du troisième-âge, c’est le fléau de la solitude : les boomers qui commencent à arriver à l'âge de la retraite n'ont pas eu d'enfants ou quand ils en ont eu, ceux-ci se défaussent sur les EHPAD pour en prendre soin. Quant à ceux qui sont encore valides, on les voit, parvenus au crépuscule de leur vie, divorcer (une énième fois ?), prendre un amant, et passer leurs dernières années dans une quête de futilités.

En règle générale, la mutualisation des risques et son encadrement par une pesante administration conduit à la déresponsabilisation des individus et à l'affaiblissement des solidarités naturelles.

Dans les pays pauvres dépourvus de filet social (en Afrique ou aux Philippines, par exemple), les liens familiaux sont plus forts, les divorces plus rares, les personnes âgées respectées ; la vie est certes difficile, frugale, mais tout le monde se serre les coudes, et finalement la majorité y trouve son compte par l’obtention d’une forme de qualité de vie dont nous avons perdu le souvenir ; j'en vois pour preuve les taux de suicides et de dépressions de ces pays qui sont bien plus bas que chez nous.

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