Je ne ferai pas l'essai de demander un trentain à Mgr d'Orléans sans le payer. A supposer que Sa Grandeur ne me dise pas que cette pratique est totalement has been (il n'a pas tort, c'est factuel ; il m'est arrivé une seule fois d'en co-financer un pour un prêtre). Nous devions être plusieurs à nous cotiser, justement parce que la somme était importante. Et que personne ne me dise que je suis près de mes sous ou hérétique si je n'en demande (= fi-nan-cer) pas un à chaque fois qu'un ami ou un parent cher trépasse !
La théologie relative à la simonie ne m'a jamais bien convaincu, même celle des XIIe-XVe siècles. Quand on donne de l'argent contre une messe, difficile de faire prendre des vessies pour des lanternes (je paie des messes, qu'on me comprenne bien !). J'en prends acte, mais ce n'est pas très glorieux. Un prince fondait une chapellenie dans la cathédrale de Paris, parce qu'il en avait les moyens et parce que son statut le lui autorisait, tandis que le lépreux sans le sou ne pouvait espérer au XVe siècle que son nom soit couché dans l'obituaire de sa léproserie, à moins d'y être entré en donnant le peu qu'il avait.
Les obituaires français contiennent très peu d'obits pour les papes médiévaux. Personne ne fondait pour eux.
Aux XIIIe-XVe siècles, pour être ordonné prêtre séculier, il fallait obligatoirement prouver qu'on avait les moyens de vivre du sien (en France du nord, une rente de 15 l. par an, au XVe s.). Un prêtre sans le sou n'existe pas à cette époque. Voir l'article de V. Tabbagh cité dans mon message précédent, d'autres de ses travaux, peut-être L'histoire des curés dans la partie rédigée par le Professeur Catherine Vincent (ma mémoire fait défaut et je n'ai pas envie de chercher).
La théologie nous habitue à des tours de passe-passe, comme le droit canon et la liturgie. Et comme je ne suis pas puriste, je m'en accommode et je ne cherche pas à tout réformer ou à tout comprendre.
Quand on dit que la messe de St-Pie V ou n'importe quelle autre a été instituée par le Christ à la Cène, on voit ce que l'on veut dire, mais cela ne fonctionne qu'ad intra, et encore (pour une part infime des Catholiques). La clochette, la chasuble et l'Elévation sont bien datables dans la longue longue histoire de la Messe. Les Apôtres n'y ont pas eu droit. Les Luthériens n'ont pas loupé à cet égard les catholiques dans leur propagande par l'image au XVIe siècle, en montrant une supposée disposition des Apôtres autour de la table par opposition au prêtre assisté d'un seul servant. J'ai parlé récemment de la pale probablement apparue par endroits au XIVe siècle, et encore, pas partout encore deux siècles après. Déjà les Hussites au XVe siècle faisaient observer que les paroles de NSJC n'étaient pas bien prises à la lettre pour que TOUS puissent boire le Sang du Christ. Il faut lire les traités anti-hussites de valeureux Dominicains, qui montrent combien ils étaient coincés face aux remarques. Et d'ailleurs un concile (oecuménique à ceux à qui cela fait plaisir alors que ce n'est pas du tout le problème...) donna une exemption pour les Hussites qui voulaient rester dans l'Eglise en communiant sous les deux Espèces.
Je sais que j'assisterai à la disparition des demandes de messe dans le NOM. L'Eglise récoltera ce qu'elle a semé. Chez les moins de 70 ans, qui demande encore des messes ?
Et je suis ulcéré à chaque fois que j'entends des laïcs égrener en mot d'introduction ou dans la PU une liste incommensurable de noms pour lesquels la messe est dite (même quand cette liste, sans le dire, reprend les noms des messes dites dans la semaine : ce n'est pas ainsi que cela doit se faire !!!).
L'Eglise n'a pas honte non plus de demander une forte somme pour des obsèques sans prêtre et sans messe, même si cette fameuse messe est dite la prochaine fois que la messe sera dite dans l'église du défunt (parfois plusieurs mois après !) ou si elle est dite dans les jours qui suivent. C'est une honte absolue. Trois grains d'encens agités par deux laïcs qui président cette chose sans nom, parfois un organiste bontempi, des photocopies, cela ne mène pas loin. Ne me lancez pas sur cette pastorale de la mort !
La mort est morte, avec cette ecclésiologie et cette théologie.
Comme le denier du culte ou de l'Eglise : je m'honore de ne pas financer la déléguée épiscopale d'Orléans, les achats de livres du centre d'études local, de certains laïcs salariés qui font plus de mal que de bien. Je donne à un autre diocèse pour ses séminaristes et à d'autres lieux, comme vous. Luc Perrin ne cesse de dire ici qu'il faut les avoir au portefeuille. Il a raison. Hélas, on ne compte pas les diocèses mal gérés et on vend les bijoux de famille patiemment reçus depuis un siècle. Tous les évêques n'ont pas les compétences en gestion de Mgr Minnerath, docteur en gestion ! Qui veut faire la liste des économes diocésains qui ont détourné de l'argent ou qui ont été recrutés en dehors de tout examen de leurs compétences ? Une personne retraitée très compétente appelée à l'aide par l'évêque pour remettre de l'ordre dans les finances, demanda à ce dernier les comptes et certaines pièces. Face au cirque et au flou, la personne ne voulut pas se compromettre et laver le linge sale. Des diocèses jouent aux pauvres, et ont des biens. Certains gardent leur presbytère pour y mettre des prêtres, d'autres vendent à perte ou soutiennent des choses contraires à la foi comme le MRJC ou des radios locales que personne n'écoute (RCF Troyes-Chaumont vient de couler, c'est officiel, ce qui fut sage de la part des évêques concernés, avec une dose de chantage de RCF national et des règlements nouveaux relatifs aux émissions : c'est expliqué dans les bulletins diocésains).
Pour la pastorale de la mort depuis deux siècles et la fin de l'enseignement des fins dernières qui pèsent lourd, lisez Guillaume Cuchet (son dernier ouvrage paru au Seuil vient de sortir en poche).
Je suis le témoin de gens mesquins de paroisses NOM qui adorent compter les sous. Des prêtres aussi ne savent pas toujours comment vivent des familles, la mienne et d'autres. Comme la charité et quelque hypocrisie empêchent de leur présenter les sommes données à l'année à des oeuvres religieuses et à des communautés, ils pensent certainement que ces familles thésaurisent ou veulent acheter une voiture neuve.
Telle dame modeste de 70 ans demandait une messe pour quatre noms, la chargée locale de recevoir les sous lui a dit : trois, pas un nom de plus. Bonjour la charité. C'est cette même dame qui en début de messe allume une lampe rouge et la pose sur l'autel en donnant les noms pour lesquels la messe est dite. Un immense bordel organisé par endroits. Moralité, la dame demande désormais des messes dans un carmel !
Certains évêques se réunissent pour réfléchir à voix haute sur les revenus de leurs Eglises d'ici peu. Plus de legs, plus d'offrandes de messes. Ces évêques-là ne sont pas des amuseurs, mais des évêques responsables qui voient les choses en face.
Question en passant : si une messe vaut en France 18 ou 19 euros, combien vaut-elle en Haïti ? Ne me dites pas que la messe est indexée au niveau de vie moyen d'un pays ! Quand les pays africains nous envoient des messes ou quand des diocèses en envoient à l'étranger, quelles conversions se font-elles ? Serait-ce un peu comme le RSA ? en métropole, tant, à Mayotte, un peu moins... Le prix de la messe à Mayotte s'il se trouve encore des prêtres en terre d'islam ?
Je me demande très sérieusement s'il ne vaut pas mieux ne pas aller à ce genre d'obsèques néo-catholiques, même de ses parents, pour être au même moment à prier dans une église après avoir assisté à une messe ad hoc le matin-même. J'y pense tous les jours.
Dans le VOM, nous avons la chance d'avoir des prêtres (avec moins de travail apostolique qu'un curé de 75 ans qui a 60 clochers) et qui ont une théologie claire. Les fidèles habitués au VOM savent à qui s'adresser et sauront que leur messe sera dite, que le prêtre ferait même des centaines de km pour dire la messe si elle pouvait être dite. C'est aussi le cas de quelques prêtres NOM, j'en connais plusieurs. Si vous demandez une messe une semaine avant la date anniversaire de la mort d'un ami et que vous avez la chance de connaître ce type de prêtre, ce dernier aura le tact et la charité de dire la messe demandée le jour dit, sans se soucier d'avoir reçu le chèque.
Pour achever le rapport sou/messe, je trouve d'un ringard et d'une rare bêtise les lieux qui ont ouvert le paiement avec les téléphones. Cela détruit une pratique qui a au moins six siècles. Les Tradis feraient bien de ne pas tomber là-dedans.
Les catholiques qui promeuvent cela sont des enfants en jouant avec leur engin, ils se veulent à la page, même quand ce n'est pas la page du missel, pour reprendre un mot d'André Frossard. Certains m'étaient tombés dessus quand je m'étais moqué et attristé de clercs qui lisent leur bréviaire sur un machin avec écran. Ici même, deux ou trois ne voyaient pas d'inconvénient à ce que le prêtre VOM dise la messe à partir d'une tablette. Je les invite à signer un registre de baptême sur le même support avec leur doigt. Comment fera-t-on signer ces registres dans trente ans, quand les analphabètes d'aujourd'hui auront des enfants ? On fera comme on a fait avec certains de nos ancêtres au XVIIe siècle. Et ces registres sont une invention du XVe siècle par endroits, avant que la chose soit rendue obligatoire sous Louis XIV, pour la France s'entend...
L'Eglise post-conciliaire a rétabli les funérailles avec classe, en envoyant son évêque pour un ancien ministre, Johnny ou Georges Frêche, avec messe pour le decorum, mais qui envoie ses laïcs pour le chrétien anonyme des campagnes. On sait ouvrir l'abbatiale de St-Benoît-sur-Loire pour les obsèques d'un député de Montargis (!), et la fermer pour une famille qui souhaite y baptiser son Benoît par un moine du lieu qui est parfaitement d'accord...
Voici ce que l'on trouve sur le site du diocèse de Cayenne.
Au lieu de défendre bec et ongles un régime d'exception remontant à Charles X, que la CGT et la gauche exècrent naturellement, l'Eglise locale va dans leur sens ! Les idiots et les traitres. Il y eut des contestations récentes des élus locaux, que l'évêque actuel avait essayé de parer. Je ne suis plus à jour pour savoir ce qu'il en est.
"Faut-il des prêtres qui soient avant tout des salariés ?
Déjà maintenant, compte tenu de leur charge, nous nous plaignons en disant que les prêtres ne sont pas suffisamment disponibles.
Qu’en serait-il s’ils devaient en plus travailler à temps plein dans une entreprise et assurer par ailleurs leur ministère ?
Presque toutes les églises du monde, parviennent à assurer la rémunération des prêtres sur le denier de l’église.
Pourquoi l’Eglise de Guyane ferait-elle exception, une fois de plus à la règle ?
Il est venu le temps pour que nous, les chrétiens de Guyane ne cherchent plus à être des assistés.
Nous en avons les moyens.
Si seulement me disait notre évêque, chaque chrétien qui gagne sa vie donnait entre 20 et 50 euros par mois, le Diocèse aurait les moyens de faire tout ce qui lui revient.
Nous avons recueilli 350 000 € en 2015, Il nous en faut 1 500 000 €, aujourd’hui.
En d’autres circonstances, et occasion nous dépensons bien plus, (cigarette, amusements…)
C’est le cœur qui doit parler, la fierté d’appartenir à son église.
Il faut changer notre cœur."
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Un Martel honnête pourrait faire un joli bouquin sur les rapports de l'Eglise à l'argent, sur les chapelles vendues, les couvents de carmélites vendus à perte (parfois le vautour est l'évêché...), les économes diocésains en procès, les évêques empêchés de licencier les salariés embauchés par leurs prédécesseurs, la vente du couvent dominicain de Dijon par la province de France qui se moquait royalement de son maintien, les travaux injustifiés pour reloger certains évêchés, le licenciement des choristes et de salariés de Notre-Dame à cause de l'incendie malgré les promesses initiales...