Je pense que les démarches entreprises par les cisterciens au début du 12ème siècle ne peuvent pas être comparées.
La liturgie de Molesme était bien défectueuse et Saint Etienne Harding a voulu retrouver des sources authentiques d'après les instructions données par Saint-Benoît dans sa règle, et donc il a envoyé des émissaires à Milan pour les hymnes (qui en sont originaires), hymnaire de 1110, et à Metz pour le reste car on pensait y retrouver les mélodies de Saint Grégoire.
Peu de temps après Saint Bernard lancera une deuxième restauration et on aura la deuxième liturgie de Cîteaux à partir de 1147.
Il s'agissait donc de restaurer ce qui existait. Après on peut se poser la question de savoir si on doit introduire aujourd'hui de nouveaux éléments à un corpus romain bien défini, assez riche, surtout en faisant des emprunts à une tradition différente, ce qui constitue une sorte de métissage. On voit bien que le répertoire est différent, c'est déjà le cas pour le gloria 4 ad libitum, le te Deum...
Ce n'est pas que je sois contre ce répertoire que j'ai chanté à plusieurs reprises à Milan dans le cadre d'offices(et c'est assez difficile quand on n'a pas l'habitude tellement l'antiphonale missarum sextuplex nous semble étranger. C'est juste que je pense que c'est un peu hors de son cadre.
Quant au rite de la messe, il n'existe pas à proprement parler de rite monastique. Autant nous aurons un antiphonale monasticum, autant le graduale monasticum n'existe pas. Il existe bien un missale monasticum mais quasi identique au missel romain, quelques propres mis à part. Pareil pour le cérémonial monastique, il n'est pas vraiment différent du romain.
Ce qui peut surprendre aujourd'hui dans la Congrégation de France dite de Solesmes, ou d'autres congrégations similaires, c'est que des usages français tout à fait légitimes aient été conservés alors qu'ils ont été depuis un peu négligés dans les paroisses. Les servants en aube existent en France depuis le moyen age. Cet usage est conservé dans beaucoup d'endroits, je ne sais pas pourquoi le monde tradi a l'air de le rejeter au profit des soutanes surplis.
Les chantres en chape à la messe étaient encore courants très récemment dans de nombreuses paroisses, aux grandes fêtes. J'ai bien connu cet usage, je l'ai encore pratiqué il y a une dizaine d'années.
La messe diaconale est également d'origine gallicane (au sens ancien). Elle est tombée en désuétude il y a longtemps dans les paroisses.
Je pense que le passage ou retour au rite romain dans les paroisses au 19ème siècle, le fait qu'on y trouvait peu de diacres et de chantres (cette messe se disait principalement en semaine et doit être chantée) a fait que l'on s'est concentré sur une messe solennelle du dimanche où un vicaire et un laïc fonctionnaient en diacre et sous-diacre.
Mais les abbayes ont conservé ces usages qui ne sont pas à proprement parler monastiques.
Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel.
Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici.
D'avance, merci !