3 remarques :
1) l'histoire du Linceul est parfaitement documentée, de sa présence à Edesse en 500 environ jusqu'à Lirey, en passant par Constantinople et Athènes.
2) la datation au carbone 14 n'est pas adaptée aux linges et aux tissus. Le "flash" de la Résurrection a rajeuni le linge. Le linceul a été très souvent manipulé et a subi un incendie en 1532 que l'on a stoppé avec de l'eau. Les échantillons ont été pris sur les côtés du linceul qui étaient le plus souvent manipulés et qui avaient même été rapiécés.
Comme par hasard, la date connue de réapparition du Linceul va être la date de datation au carbone 14.
Ce n'est pas sérieux !
3) Sur les aromates
Il faut d'abord préciser que la mise au tombeau de Jésus s'est faite à la hâte parce que le sabbat solennel de la Pâque allait commencer. Les prescriptions rituelles n'ont donc pu être effectuées. Les saintes femmes se pressaient au tombeau le matin de Pâques pour pouvoir terminer les rites mortuaires en vigueur chez les juifs.
Néanmoins, Jean-Christian Petitfils remarque que :
Nicodème s’est probablement concerté avec son collègue Joseph. Il n’a pas assisté à la Passion. Il a apporté «un mélange de myrrhe et d’aloës d’environ cent livres ». Ce dernier mot. en grec litra à fait admettre à certains un contresens : cent livres d’aromates, cela représente 32,545 kg, une quantité considérable, extravagante, totalement hors de proportion avec ce qui est nécessaire pour un enterrement ordinaire. Ils en ont conclu que l’évangéliste Jean affabulait et voulait signifier symboliquement que Jésus avait eu une sépulture digne d’un roi ! En réalité, litra (ou livre romaine) n’est pas seulement une unité de poids, mais aussi une unité monétaire. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre ce texte : Joseph d’Arimathie acheta pour cent livres de myrrhe et d’aloès, ce qui représentait du reste un coût assez élevé.
La myrrhe (smyrna) est une gomme-résine, obtenue par l’entaille d’un arbuste de la famille des térébinthhacées, Commiphora abyssinica, qui pousse dans le sud de l’Arabie et le nord de la Somalie. Elle prend ne couleur rouge en se solidifiant et est recherchée pour son parfum (ce fut, selon l’évangéliste Matthieu, l’un des présents des Mages à l’Enfant Jésus). Dans les inhumations, on l’utilise comme antiseptique. Jean, dans son évangile, distingue soigneusement la myrrhe (myron), huile pat fumée ayant servi à Marie de Béthanie lors de la scène de l’onction, et cette myrrhe (smyrna), utilisée dans le tombeau sous forme de poudre sèche. L’aloès médicinal — Aloe vera (L) Burm f. — est une plante grasse qui pousse en Arabie du Sud-Ouest, dont le suc déshydraté de couleur jaune est connu pour ses propriétés pharmacologiques. Au Proche-Orient, les cadavres se décomposent rapidement. Le mélange de myrrhe et d’aloès est une préparation d’herboristeries sous forme de poudre sèche ou de petits morceaux, qui permet de masquer les odeurs, de ralentir le process de putréfaction et d’empêcher les insectes de s’attaquer trop vite à la dépouille. C’est probablement ce mélange qui fut répandu sur les murs du caveau et brûlé dans de petites lampes afin de purifier l’air (1).
Des traces d’aloès et de myrrhe sur le linceul ?
Arbre à myrrhe
Les professeurs Pierluigi Baima Bollone et Eugenia Nitowski identifieront des traces d’aloès et de myrrhe sur le linceul, notamment dans les zones tachées de sang. Deux autres scientifiques, Sebastiano Rodante, médecin de Syracuse, et Gaetano Intrigillo, confirmeront cette découverte, démontrant que les grandes auréoles dentelées, bilatérales et symétriques, formées par l’eau jetée sur le linge lors de l’incendie de Chambéry en 1532, n’ont pu présenter cet aspect que parce que celui-ci avait été imbibé de myrrhe et d’aloës.
Giovanni Riggi trouvera également trace de natron, carbonate hydraté de soude, utilisé dans l’Antiquité, notamment sur les tissus funéraires égyptiens, pour la déshydratation des cadavres (2). Cette poudre se serait donc ajoutée à l’aloès et à la myrrhe de Nicodème. Quelques pistaches séchées (Pistacia palaestina), visibles sur le linceul, ont aussi servi d’aromates.
Les serviteurs de Joseph d’Arimathie ont ouvert le tombeau, à une quarantaine de mètres de là. Quarante-cinq minutes encore se sont passées. Le corps est porté par deux ou trois serviteurs. Sur les pieds très ensanglantés de l’homme du linceul, on remarque les empreintes des mains d’un porteur. Leur position fait
penser qu’il marchait le premier. Une dernière tache de sang et de liquide pleural se forme sur le sudarium. Le long du dos coule comme une ceinture sanglante et irrégulière. ici