L"enjeu n’est pas de “cléricaliser” les femmes, mais de décléricaliser l’Église
La Croix La place des femmes dans l’Église progresse lentement, souvent à la marge. Comment aller plus loin ?
Anne Soupa : Il faut que les femmes elles-mêmes commencent à se sentir plus capables et plus libres. L’intériorisation de leur condition seconde est un frein considérable à leur émancipation au sein de l’Église. Une catholique m’a récemment raconté s’être, un jour, présentée dans sa paroisse pour donner la communion à la place de son mari, indisponible. La responsable de la liturgie lui a alors dit : « Place-toi au fond, on te verra moins. » Pourquoi des femmes s’estiment-elles ainsi moins dignes d’être visibles ? Pourquoi ne se rêvent-elles pas prêtres, ou pape ? L’intériorisation est profonde.
Mgr Jean-Paul Vesco : Il faut dire que ses racines sont anciennes. On les trouve par exemple dans un texte de patrologie, les Constitutions apostoliques, écrit en Syrie au IVe siècle, c’est-à-dire à l’époque où l’Église se structure dans l’Empire romain. On y lit par exemple que la diaconesse « ne parle ni ne fait rien sans le diacre ». Ou encore qu’il n’est pas permis aux femmes « d’enseigner dans l’église, mais seulement de prier et d’écouter les docteurs ». Pourquoi ? Parce que les douze apôtres choisis par le Christ étaient des hommes, rappelle le texte. Et surtout parce que « si l’homme est la tête de la femme (décrite comme le corps, NDLR), il n’est pas juste que le reste du corps dirige la tête ».
On voit dans ce document se mettre en place l’argumentaire de la prédominance de l’homme sur la femme, que l’on retrouve, dix-sept siècles plus tard : l’idée que la femme ne peut être dans une position de tête. Je crois que nous ne sommes pas encore sortis de ces représentations. Quelque chose du rapport de l’homme à la femme n’a pas encore été évangélisé en profondeur.
Ce serait une question d’évangélisation ?
Mgr J.-P. V. : Je pense que oui. Si je suis évêque, successeur des apôtres, c’est pour que tous, hommes et femmes, soient apôtres. Mais là, on voit bien qu’il y a davantage dans la motivation des rédacteurs de ce texte, la volonté de garder pour soi un pouvoir… Et aujourd’hui encore, on ne peut pas dire que ce soit complètement absent de nos motivations. J’ai parfois l’impression que le regard que Jésus portait sur les femmes.
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