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par Signo 2019-05-14 20:50:15
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[commentaire du dernier paragraphe publié]

Là, on nage dans la confusion la plus totale. L'auteur nous explique que puisque beaucoup de femmes remplissent un rôle qui s'apparente à celui que remplissait les diaconesses des premiers siècles, alors il faut les ordonner. Autrement dit, il faudrait ordonner les infirmières, les aides soignantes, les animatrices pastorales, les dames catéchistes... On nage dans le grand n'importe quoi! L'auteur oublie que l'ordination porte sur l'être de la personne, et c'est seulement à partir de l'être que se déduit ce que la personne ordonnée doit faire. Or, A. Join-Lambert inverse cet ordre des choses: selon lui, c'est le faire qui doit conditionner l'être. C'est purement et simplement un renversement complet de l'ordre sacramentel chrétien tel qu'il se conçoit depuis toujours, tant en Orient qu'en Occident. Mais en réalité cette pirouette pseudo-théologique sert bien à justifier, à l'aide d'arguments à la fois vides et faux, l'accession des femmes au sacrement de l'Ordre, puisque l'auteur explique bien que ces femmes devraient être ordonnés selon le même rituel que celui actuellement en vigueur pour le diaconat ministériel.


Ce n’est donc pas ici une question de concession faite à un « esprit du monde ». Une amie aumônière me disait s’étonner que le vocabulaire utilisé par des responsables ecclésiaux pour cette question soit dans le registre du « c’est théoriquement possible », « pourquoi pas », « rien ne s’y opposerait ». Elle espérait entendre un peu d’enthousiasme et de joie : « ce serait formidable pour les personnes à qui elles sont envoyées », « quel potentiel pour un renouveau de la mission dans notre époque », « de vrais signes pour une Église qui ose la sortie aux périphéries », etc.



On est en plein surréalisme ("ceci n'est pas une pipe"). L'"esprit du monde" l'auteur en semble au contraire tout imbibé. L'objectif est, non pas de respecter la doctrine objective de l'Eglise, le bien objectif de l'Eglise, la Tradition de l'Eglise, mais de faire "ce que les gens préfèrent entendre". C'est déjà en soi tout un programme...


Résumons. Il n’y a pas et il n’y aura pas d’unanimité. Il faut alors se demander pourquoi des hésitations alors que les dossiers sont finalement unanimes dans le sens de l’ordination diaconale de femmes.



L'auteur a visiblement un problème avec la logique rationnelle. Il nous dit d'abord: il n'y a pas d'unanimité. Puis il nous dit: puisqu'il y a unanimité pour l'ordination des femmes, pourquoi hésiter? Comprenne qui pourra...


Il y a surtout et clairement ceux qui craignent une ouverture vers des femmes prêtres. Pourtant ce n’est pas du tout la question.



Quand j'entends ce type d'affirmations, je pense toujours avec émotion à la fermeté d'Elisabeth Guigou, lors des débats à l'Assemblée Nationale sur la création du Pacs, qui, du haut de son perchoir et la main sur le cœur, promettait solennellement que le PACS était l'étape finale et qu'il n'était pas question d'ouvrir le mariage aux personnes de même sexe. On connaît la suite. L'idéologie du «Progrès» et la logique de la modernité forment un implacable rouleau compresseur que rien ni personne ne saurait arrêter.


Une autre raison est probablement que chaque responsable (congrégation romaine) ou groupe de responsables (conférence épiscopale) attende que quelqu’un bouge et assume une telle nouveauté (même si ce serait une restauration, comme pour le diaconat des hommes). Dans sa déclaration improvisée du 7 mai, le pape lui-même semble choisir cette posture attentiste. Espérons qu’il ose la présence sacramentelle aux périphéries par des femmes diacres. L’enjeu est bien celui d’une Église en sortie, qui lui tient tant à cœur. À trop attendre, l’Église catholique se priverait de ce qu’elle sait faire de mieux : déployer dans le monde entier sa sacramentalité – grâce à des ministres ordonnés – surtout ici au bénéfice des plus fragiles.



Bien sûr, c'est «pour les plus fragiles». Argument imparable. Tel est le modernisme progressisme: ne pouvant assumer ses idées et afficher ses véritables intentions, il se cache derrière un rideau de sentimentalisme pour, petit à petit, avancer ses pions sur l'immense échiquier de la décomposition du catholicisme (Louis Bouyer). En langage évangélique, cela s'appelle être un loup déguisé en agneau. Et, indéfiniment, (après avoir répété qu'«il ne s'agit pas de se rallier à l'esprit du monde» et que l'ordination des femmes au presbyterat «n'était pas la question»), on répète les mêmes slogans vides et éculés: l'Eglise doit être une «Eglise en sortie».

Sortie de quoi? De sa propre Tradition? De la foi catholique?

     

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