Je soumets cette réflexion à la sagacité des liseurs : cette idée me trotte dans la tête depuis l'annus horribilis 2018 au moins.
Des éléments sont présents dans le catholicisme avant 2013 mais il me semble, certains seront en désaccord sur ce point mais ce n'est pas le débat, que le magistère de Vatican II et post-conciliaire jusqu'à 2013 a défendu une herméneutique de réforme dans la recherche de continuité, en rejetant frontalement et de façon répétitive l'herméneutique de rupture (ceci vaut pour Paul VI, Jean Paul II et Benoît XVI l'allocution du 22 décembre 2005 du dernier ayant formalisé cette orientation).
Une fois encore, ce n'est pas sur cette question largement débattue depuis 40 ans que j'attends vos réactions et propositions.
La dérive "anglicane" moderne - on n'en est plus aux 39 Articles du XVIe -, de l'anglicanisme-épiscopalisme tel qu'il est devenu depuis les années 1970, me paraît caractériser l'herméneutique de rupture actuelle dominante à Rome.
La Communion anglicane en Occident - pas en Afrique - a fait le choix de rallier par étapes les courants prépondérants au sein du libéralisme occidental :
- débat autour du ministère féminin : diaconesses (1987) puis ministres ("prêtresses" en 1994) puis évêques (2014) pour l'Église d'Angleterre
On sait que cette approche a été constamment reprise par les libéraux catholiques depuis les années 1980. Elle est reprise pour la 1ère étape par l'actuel Pontife.
- débat autour de l'homosexualité pour accepter le ministère puis l'épiscopat d'abord pour les candidats homosexuels mais chastes puis pour les candidats vivant en couple : c'est parti de l'Église épiscopalienne américaine. Suivant les Églises locales, on y est parvenu.
- une approche ouvertement moderniste - au sens théologique - quant à la lecture de la Bible. On le voit à l'oeuvre dans le catholicisme au sein des chercheurs en exégèse depuis des décennies.
- une teinture "chrétienne" très sécularisée comme apport aux "valeurs" (qui en fait n'existent que comme des données temporaires en libéralisme) des cultures occidentales séculières libérales.
- une doctrine sociale qui garde l'anti-libéralisme traditionnel dans ses formulations mais qui, en pratique, se satisfait de l'économie libérale version Thatcher-Reagan qui se déploie depuis les années 1980. Laudato Si entre bien dans cette continuité doctrinale mais en pratique, c'est la Papal Foundation de McCarrick-Wuerl, les organes du catholicisme social se sont considérablement affaiblis en Occident. La revendication du "social justice" si combattue aux USA par les milieux catholiques les plus sûrs et orthodoxes tient au fait que cette "social justice" a été "anglicanisée" elle aussi et revient aujourd'hui au féminisme, au multiculturalisme sans frein ni mesure, aux théories du genre les plus farfelues (hystérie sur les transgenres actuelle aux USA).
Sur ce point, le Pape régnant a gardé des attaches avec la D.S.E. classique avec son soutien pour le régime national-communiste du Vénézuela et une méfiance envers l'hyper-libéralisme américain.
- dernier point, la faveur plus apparente que réelle donnée à une vision ecclésiologique kaspérite : la doctrine pourrait varier, comme au sein de la Désunion anglicane, d'un continent à l'autre, d'une conférence épiscopale à l'autre, d'un diocèse à l'autre. Non plus des variations dites "pastorales" mais des lectures doctrinales qui impliquent des pastorales divergentes. Le cardinal Kasper avait apostrophé les prélats africains au Synode de 2014 leur disant qu'ils n'avaient pas à se mêler des affaires européennes. Si "brillantes" il est vrai ...
Au final on aurait une étape de plus dans le grand compromis entre la foi et la Modernité, par un affadissement du sel évangélique, affadissement qui conduit et conduira à une situation de type anglican : désertion des églises, abondance de "vocations" dans les secteurs les plus hétérodoxes (féministes et homocléricaux), dissolution de l'emprise sociale au sein des sociétés, fracturation institutionnelle de plus en plus marquée d'une région à l'autre.
Il y a des différences, je n'établis pas une stricte équivalence, mais il me semble que le néo-catholicisme actuel va dans cette direction.
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