Est à mon sens tout-à-fait pertinente. La période récente de l'Eglise (depuis la fin du XIXe siècle peut être ?) est marquée par une très forte spiritualité de la vocation. Il me semble aussi qu'on surnaturalise alors beaucoup de choses qui relèvent de la nature (la psychologie humaine, le jugement des supérieurs...).
Peut-être peut-on en un sens y voir une forme de transposition de la doctrine protestante (dans ses diverses formes) de l'élection pour le salut vers le seul exercice des fonctions ministérielles dans l'Eglise, puisque le salut est proposé à tous indistinctement. Car justement, le catholicisme ne se maintient pleinement après le XVIIIe siècle que dans les régions de famille souche (maintien de l'autorité paternelle dans le temps et inégalité des frères devant l'héritage), ces mêmes régions qui avaient au XVIe siècle une prédisposition à accueillir favorablement la Réforme. Emmanuel Todd, dans L'invention de l'Europe que je lis actuellement, apporte un éclairage très intéressant sur les différences très marquées entre régions dans la diffusion de la Réforme, de l'alphabétisation de masse, de la déchristianisation etc.
J'ai souvent été un peu circonspect par exemple d'entendre affirmer qu'encourager les enfants à servir la messe très jeune pouvait favoriser l'éclosion précoce de belles vocations. Peut-on y voir une forme de "formatage" en douceur, en familiarisant le plus possible l'enfant avec le rôle du prêtre ?
Il y a il me semble aujourd'hui une vision (plutôt chez les traditionaliste) intellectualisée qui met en valeur la solidité psychologique du candidat, sa bonne compréhension de la philosophie et de la théologie qu'on lui enseigne, ainsi qu'une vision plus subjective ("ressentir l'appel"). Dans le premier cas, le jugement des supérieurs est très important, dans le second, c'est l'enthousiasme personnel du candidat. Exemples les plus marqués : d'un côté un ancien directeur d'Ecône qui prétend voir à la démarche d'un séminariste s'il a la vocation ou pas, de l'autre un monde charismatique où ce serait presque la honte si un prêtre ou un religieux n'avait pas une histoire à raconter où le Seigneur lui a fait comprendre de façon très insistante qu'il l'appelait (ouverture de la bible au hasard sur la phrase qui provoque le "déclic", voix intérieure, larmes pendant une veillée d'adoration...).
D'un côté comme de l'autre, ces éléments ont bien sûr de l'importance et il ne s'agit pas de les ridiculiser. Dieu agit par ces biais pour conduire nos âmes et l'Eglise. L'erreur est à mon avis de trop absolutiser cela, dans un sens ou dans l'autre.
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