Que de bruit, que de vaguelettes médiatiques pour un énième rapport qui ne fait que s'ajouter aux autres, hélas, en n'apportant rien de vraiment neuf.
Les affaires se sont multipliées depuis les années 1990 et la législation canonique n'a fait que se durcir même sous Jean-Paul II - j'aurais pu écrire saint sans peine -, plus encore sous Benoît XVI et sous François.
Rappelons que ce nouveau rapport porte sur des faits anciens (du XXe siècle parfois depuis les années 1940) et sur une longue durée, plusieurs décennies comme pour le rapport qui avait concerné le clergé irlandais (on fait comme si la Pennsylvanie était le premier cas de cette ampleur).
J'entendais une "innocente" âme pure Irène Inchauspé, journaliste au très libéral L'Opinion, énoncer naïvement que chez les protestants "on n'en parle pas" ... alors que les scandales abondent Outre-Atlantique autant que chez les imams et les rabbins et les moines bouddhistes. Cette ignorante remarque a le mérite de montrer que si le battage médiatique est ainsi périodiquement mis en route, ce n'est pas tant au bénéfice des victimes (réelles quand il y a eu aveu et/ou procédures judiciaires ou canoniques, supposées quand il n'y a qu'accusations comme le veut le droit civil et ecclésial, simple rappel d'un principe fondamental souvent omis par les media), que pour attaquer le sacerdoce à travers le célibat ecclésiastique constamment pointé du doigt de façon grotesque.
On oublie vite que la très grande, l'écrasante majorité des cas d'abus sexuels sur mineurs a lieu dans un cadre familial sans pour autant qu'il faille agonir d'injures la famille en général qui Deo gratias est une institution sainte. Que l'école est aussi un lieu d'abus sexuels : est-ce la faute à Charlemagne et Jules Ferry ?
Prière et pénitence dit le Saint-Père bien sûr. Il pointe le "cléricalisme" sans trop le définir : c'est le respect dû au prêtre et à la hiérarchie, au pape lui-même. Je ne crois pas que ce respect soit en cause sauf quand il aveugle et rend sourd. Pour le coup, les traditionalistes sont les laïcs les plus proches du coeur et de la pensée du pape car Dieu sait qu'ils sont critiques, moi le premier, envers les clercs quand il est juste de l'être.
Un regard dans le passé est toujours salutaire : les chiffres sont impressionnants à première lecture et le scandale réel, le catholicisme irlandais est en train de périr et le pays se déchristianise à grande vitesse, on vient de le voir avec l'avortement cette année. Gageons que le catholicisme américain, secoué depuis un quart de siècle, en sera durablement ébranlé.
L'Église médiévale ou encore au XVIe siècle était-elle en meilleure posture ? Oh que non ! Etait-ce Vatican II qu'il fallait blâmer en 1300-1700 pour ces turpitudes sur une plus grande échelle encore pour une population bien moindre ? Evidemment non.
En revanche, le coeur du problème est bien le sacerdoce ce que Trente avait bien vu et avant comme après le Concile, la réforme tridentine. Vatican II a réfléchi sur le prêtre et tous les papes à la suite. Les mesures prises par Jean-Paul II et Benoît XVI ont été souvent inappliquées ou insuffisamment, pour partie seulement comme le mouvement de réforme qui a précédé Trente.
Luther l'a simplement supprimé et la pente actuelle qui tend à brouiller de multiples façons laïcat et clergé y mène insidieusement.
Ne nous y trompons pas, là est l'enjeu : la pérennité du sacerdoce menacé cette fois par un libéralisme tant externe qu'interne qui en dissolvant sa colonne vertébrale et son rôle dans l'Église le rend plus vulnérable aux tentations de la chair et du péché sous toutes ses formes que ce soit au XIVe, au XVIe, au XVIIIe ou au XXIe siècle.
La formation et la place du prêtre dans l'Église, telle est la question sous-jacente : c'est là où la lettre du Pape ne nous apporte aucune réponse directe ou même une amorce de réflexion.
Par delà les fautes de tous les abbés Mouret du présent, du passé et à venir, fautes qu'il faut combattre sans relâche, ne perdons pas de vue l'essentiel qui tient au plus profond du mystère de l'Incarnation et au salut dans l'Église.
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