Bonjour Emmanuel,
Je commence ce message en précisant que je n'ignore pas que la crise des vocations a commencé avant le début de l'après-Concile (et il est même possible qu'elle ait commencé avant le début de l'avant-Concile, c'est-à-dire avant l'année 1945).
"Plutôt pas de prêtres diocésains du tout, ou, en tout cas, plutôt de moins en moins de prêtres diocésains, que davantage de prêtres diocésains qui seraient, eux, opposés, d'une manière affichée et assumée, à l'esprit du monde" : tel semble vraiment être le maître-mot, dans bien des diocèses, ou de bien des évêques, probablement depuis le début de l'après-Concile à la française.
Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés là ?
A mon sens, l'imposition, à l'ensemble de l'Eglise qui est en France, de ce qu'il est possible d'appeler le "gaudium-et-spisme", en d'autres termes l'imposition, à l'ensemble des fidèles, de la transformation du christianisme catholique en un humanisme chrétien, adogmatique ad intra et consensualiste ad extra, opposé à la fois
- à la distinction entre la vérité et les erreurs, dans le domaine de la foi et dans celui des moeurs,
et
- à la distinction entre ce qui est hétérodoxe (NOTAMMENT PAR OMISSION) et ce qui est orthodoxe,
n'explique pas tout, loin de là.
A mes yeux, nous sommes aussi en présence de maîtres d'oeuvre de l'auto-décatholicisation post-conciliaire qui considèrent en substance (il suffit, "parfois", de les lire) que le contenu de la foi catholique et de la morale chrétienne est escamotable, et que la conversion des croyants non chrétiens et des non croyants vers Jésus-Christ est facultative ; or, je peux comprendre qu'un tel positionnement ne soit pas de nature à susciter des vocations.
Mais ma propre tentative de réponse à la question de savoir sur quels "fondements" repose l'auto-décatholicisation post-conciliaire ne me satisfait pas totalement, et je pense aussi au contournement de bien des modalités de mise en oeuvre, ou au détournement de finalité de la mise en oeuvre du mot d'ordre suivant : "Tout récapituler dans le Christ".
Ainsi, je suis convaincu que, pour bien des clercs catholiques, le mot d'ordre qui précède peut et doit être transformé en l'expression qui suit : "Tout récapituler en l'homme", tout ou, en tout cas, presque tout, y compris le libéralisme et le socialisme, les croyances non chrétiennes et l'incroyance, etc., dès lors que ces courants de pensée et d'action, ces croyances ou cette incroyance respectent, à tout le moins en puissance, les "droits de l'homme" et la "foi en l'homme".
Si la récapitulation de tout, en l'homme, et non plus dans le Christ, constitue désormais la tâche à accomplir, alors, la diminution du nombre de prêtres diocésains, entre autres choses, est tout à fait non dramatisable, ou, en tout cas, sous-dramatisable.
Et du point de vue de certains, réactivateurs des idées qui ont circulé, dans un premier temps, dans les années 1960 ou 1970, cette diminution du nombre de prêtres n'est-elle pas le prix à payer,
- d'une part pour qu'une partie de l'Eglise ne puisse plus recourir à une espèce de "cléricalisme", conservateur ou traditionnel, pour pouvoir continuer à faire obstacle à la récapitulation de tout, non plus dans le Christ, mais désormais en l'homme,
- d'autre part pour que les évêques soient bel et bien "obligés" de donner de plus en plus de pouvoir, oh pardon, de responsabilités, aux fidèles laïcs, dans les paroisses, les doyennés, les diocèses ?
Merci beaucoup pour toute réflexion ou suggestion, en relation avec ces quelques mots, bonne journée et à bientôt.
Scrutator.