(Oui, XA, vous avez raison. J'ai pioché au mauvais endroit)
"On parle de « mouvance Ecclesia Dei » car il s’agit d’une réalité polymorphique : communautés religieuses, sociétés de vie apostolique de droit pontifical, prêtres diocésains isolés ou constitués en associations cléricales. Au plan canonique, certaines de ces communautés relèvent du Saint-Siège, via la Commission pontificale Ecclesia Dei ou via la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique ; d’autres sont de droit diocésain. Le ministère proprement dit s’exerce d’ailleurs toujours sous l’autorité de l’Ordinaire du lieu. Certains parmi leurs membres ont voulu accueillir positivement les enseignements conciliaires selon la fameuse « herméneutique de la réforme dans la continuité de l’unique sujet-Église » ; d’autres donnent un assentiment minimal à Vatican II et préfèrent se référer à un moment donné de la théologie de l’Église. Certains excluent de célébrer la forme ordinaire du rite romain tandis que d’autres l’acceptent en pratique. La mosaïque – plus que la nébuleuse – Ecclesia Dei dans son ensemble manifeste une vitalité certaine au plan vocationnel, en comparaison notamment du nombre de séminaristes dans les diocèses.. Les communautés Ecclesia Dei ont appris à travailler avec les évêques. On n’estimera que le statut d’exemption dévolu à la Fraternité Saint-Pie X est meilleur que celui de dépendance à l’égard de la juridiction de l’Ordinaire du lieu que si l’on érige l’autonomie en valeur ecclésiale – alors qu’elle n’est qu’une valeur somme toute très « moderne ». Des liens de confiance avec le clergé diocésain ont pu être noués, une place dans le presbyterium local a pu être trouvée. Tout cela représente des années d’humble travail de terrain qui, à terme, portera ses fruits (Il faut) éviter la juxtaposition de fait de deux filières ecclésiales parallèles. L’effort déployé de réception du concile Vatican II et du Magistère suivant doit être poursuivi, au-delà même de la démonstration de sa stricte compatibilité avec l’enseignement antérieur. Car, en réalité, nous avons eu un « grand Magistère » dont J. Ratzinger/Benoît XVI a été la cheville ouvrière, un Magistère apte à répondre aux problèmes de ce temps, un Magistère surtout si fécond pour l’intelligence de la foi. Benoît XVI a préconisé un enrichissement réciproque entre les deux formes. La mouvance Ecclesia Dei serait avisée, au lieu d’accentuer la distance entre les deux formes liturgiques par un excès de rubricisme dans la célébration de l’extraordinaire – jusqu’à reproduire les défauts qui ont précisément provoqué la réforme ! –, de souligner au contraire « la continuité entre les deux missels », selon l’expression heureuse du cardinal Sarah. On pense ici à l’unité de l’action liturgique, à l’accès à la Parole de Dieu et à la participation des fidèles. Finalement, l’avenir de la mouvance Ecclesia Dei – comme sans doute d’ailleurs aussi celui de la Fraternité Saint-Pie X – tient dans sa capacité de cultiver un véritable art de la prière qui, par-delà l’esthétisme rituel, atteint l’essence des mystères, de redonner une âme à un thomisme desséché qui, faute d’être irrigué par la Parole de Dieu et la pensée des Pères de l’Église, s’est replié sur lui-même en une vaste pétition de principe, et de participer à la nouvelle évangélisation qui est sans doute l’ultime chance de l’Église en Occident. À ces trois défis, personne ne pourra se dérober.
Abbé Christian Gouyaud"
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