C'est là la faiblesse de la démarche de la FSSPX quant aux questions oecuméniques: autant la majorité progressiste n'évoque que les points communs avec les autres confessions chrétiennes, oubliant des différences fondamentales, autant la FSSPX, elle, ne voit que les différences sans évoquer les points communs qui, notamment concernant l'Orthodoxie, peuvent être considérables. Comme s'il suffisait en matière d'oecuménisme de se contenter de rappeler les désaccords et d'appeler à un ralliement purement unilatéral des orthodoxes aux catholiques...
La FSSPX a tendance à considérer l'oecuménisme comme quelque chose de négatif en soi, comme si la division des chrétiens n'était pas en soi un scandale; par ailleurs il est évident que les catholiques (et non pas la foi catholique) ont une part de responsabilité dans ces divisions (les exemples historiques abondent dans ce sens) et ne sont donc pas, et de loin, exempts de tout reproche, ce que ne reconnaît jamais la FSSPX.
L'oecuménisme ne pose problème que lorsqu'il conduit à affadir des articles ou des éléments fondamentaux de la foi catholique et débouche sur une forme de syncrétisme et de relativisme religieux.
Dans le cadre des relations avec l'orthodoxie, la démarche oecuménique peut au contraire aider les catholiques à retrouver des éléments fondamentaux de leur propre foi et de leur propre spiritualité (sens du sacré et de la Tradition dans la liturgie, piété mariale, etc).
Même en évoquant les différences, la FSSPX fait l'impasse sur les progrès réalisés ces dernières décennies sur des points de désaccord dans le cadre du dialogue théologique: la question du Filioque, par exemple, se pose en termes moins raides que jadis, le symbole de Nicée-Constantinople étant admis par les catholiques comme pouvant servir de base à un profession de foi commune.
Par ailleurs, les points communs sont considérables:
-même ecclésiologie (à l'exception de la reconnaissance du ministère pétrinien)
-même reconnaissance de la succession apostolique
-même conception du sacerdoce
-mêmes sacrements, valides chez les orthodoxes;
-spiritualité très proche (liturgie, culte des saints, de la Vierge, monachisme, etc)

Il y a donc une vraie base commune pouvant servir de point de départ à un vrai rapprochement. Certes, il subsiste des difficultés considérables (en particulier concernant la primauté du Siège romain). Mais parler d'hérésie sur des questions telles que les dogmes mariaux me semble largement exagéré, la foi de nombreux orthodoxes étant identique sur ces points.

Ce qui est sûr, c'est qu'une conversion d'un orthodoxe à l'Eglise romaine latine n'aurait aucun sens, la tradition orientale étant aussi légitime que la tradition latine. Seul l'uniatisme peut avoir du sens, mais néanmoins pourrait bien être contre-productif s'il venait à envenimer considérablement les relations avec les autorités orthodoxes.

Si effort d'évangélisation il doit y avoir, il vaudrait mieux le concentrer sur les protestants (bien plus éloignés de la Vérité révélée) et les non-chrétiens que sur des orthodoxes qui possèdent déjà une très grande partie des moyens de salut (en particulier les 7 sacrements valides, ce qui est déjà en soi considérable).

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