Il me faut présenter cet auteur à quelques personnes et par souci de précision je me replonge dans ses œuvres. J’en suis présentement à…
L’ART DES OPPOSÉS de Charles de Bovelles
Petit extrait :
Quand la croisée d'ogives se perd dans l'illusoire symétrie des liernes et des tiercerons et dans les égarantes anastomoses des nervures flamboyantes, la coïncidence des opposés n'est plus que l'aléatoire rencontre d'occurrences incertaines. A la forêt cathédrale des sommes scholastiques succède un labyrinthe, où le fil d'Ariane se noue indéfiniment sur lui-même pour enfermer Thésée en un inextricable réseau. Mieux vaut trancher que dénouer. La différence sépare les espèces pour faire surgir de leur écart majeur le genre, puis fend les espèces elles-mêmes en quête de l'individu.
Le chaos est soumis à distribution par le tracé de ces chemins qui relient en éloignant, distancient en unissant. La diaprure des nuances s’organise dans le contraste et la complémentarité des couleurs. Diversité et variété se résolvent dans l'espace tensionnel né de l’opposition des contraires. Que chaque chose soit en son lieu, générateur d’équilibre ; la guerre est sans doute le vrai nom de la paix.
Avec la proximité la tension croît. Que la médiation s'interpose, la confrontation devient polémique. La contrariété s'avive en ce voisinage et s'élève à son intensité suprême pour se résoudre en son excès. Dénouer vaut mieux que trancher. Les contraires passent l'un dans l'autre en cette radieuse vigile d'un esprit que son aveuglement même rend pénétrant.
Par son acuité, il se fait incisif, non plus pour fendre mais pour résorber toute différence dans l'identité ponctuelle de sa pointe acérée.
De même qu'en cette grandeur évanouissante, toutes figures sont équivalentes, de même, en cette ultime tension de la pensée, les extrêmes se touchent à force de se chercher. Toujours l'esprit de finesse sut concilier l'inconciliable, redresser les sentiers, résoudre les énigmes, éprouver l'infinie simplicité du difficile, découvrir que le noir lui-même n'est pas si noir, car son regard, clair comme au premier matin, jamais ne manque à la lumière.
Personnellement, je le lis en latin. Je me méfie toujours des traductions.
Bonne lecture.
Origenius
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