Les heures que je passe dans le train, TGV et autres semblables, tranquillement assis devant un café ou un verre de vin, qu'on a la gentilesse de me présenter, me donnent beaucoup de temps pour lire, c'est peut-être une grâce particulière, qui le dira.
Mais rien en français, ces derniers temps. Désolé.
Un hasard, car je lis beaucoup de français, et toujours avec plaisir.
Je viens de terminer le deuxième tome, intitulé Lustrum, de l'écrivain anglais contemporain (encore relativement jeune) Robert Harris Esq. (un Cantabrigiensis, quand-même, notons-le à toutes fins utiles), qu'une parente m'avait donné en cadeau.
Ce tome fait partie d'une trilogie qui relate, de façon bien compétente, autant que j'en puis juger (et je le peux un peu), et fascinante, du point de vue du style, quoique nécessairement romancée, la vie de l'orateur et philosophe (et bien sûr politicien) Cicéron.
Cicéron. Un de mes favoris de toujours. C'est lorsque j'ai vu, encore étudiant, que notre grand Mommsen détestait Cicéron, au point de défigurer son Histoire romaine, que j'ai compris pourquoi, d'abord à mon corps défendant, je n'aimais pas Mommsen, pourtant le seul de ma profession qui a gagné le prix Nobel de littérature, à l'époque une distinction (et en l'occurrence méritée).
M. Harris est compétent dans le domaine de l'histoire et son style est très agréable à lire, même si, je suis un peu réactionnaire, je le sais, il y a certaines ruptures de style, je le considère ainsi, et, occasionnellement, certains choix de mots, d'un étage au dessous du nôtre, que je ne pardonnerais pas à mes neuveux s'ils parlent anglais. Mais bon, je suppose, saeculum est. Il faut faire avec, ou ne plus lire du contemporain. Ce n'est pas un problème qu'on rencontre chez Miss Austen.
Il n'y a toujours pas de comparaison avec cette vie de Cicéron, qui m'a accompagné toute mon existence (ma mère l'a lue, un cadeau de mon père, pendant sa grossesse, et j'ai lu son exemplaire lorsque j'étais adolescent), la meilleure que je connaisse en forme de roman, absolument sublime, de l'Allemand Otto Zierer, intitulé Und dann verschlang mich Rom, "Et à la fin Rome me dévora", de 1958, je crois.
Lustrum, qui commence avec l'année fatidique du Consulat, l'an 63, m'a donné envie de reprendre en main le pro Murena, une oraison splendide mendax, mensongère mais splendide, que je n'avais plus regardée depuis 1983 je crois.
Je me rachète.