Les fidèles ont tendance à prendre leurs prêtres au mot. Il est donc nécessaire que ces derniers s’abstiennent de toute dénaturation des textes magistériels et évitent de recourir à des procédés pas très honnêtes comme la lecture sélective, l’amalgame et le mensonge par omission. Tout cela pour bien faire comprendre qu’il ne faut surtout pas accorder un quelconque crédit à la parole du Pape, comme d'habitude…
Cela confine à l'intoxication.
Démontage rapide d’un petit texte méchant :
1)« Les hommes d’Eglise n’y agissent plus en tant que ministres de Dieu pour diriger les âmes vers le Ciel, mais comme serviteurs de cette terre, dont ils attendent qu’elle devienne le nouveau jardin d’Eden décrit par Teilhard de Chardin, explicitement cité (note 53). »
Or, voici dans quel contexte la note 53 s’intègre : « L’aboutissement de la marche de l’univers se trouve dans la plénitude de Dieu, qui a été atteinte par le Christ ressuscité, axe de la maturation universelle.[53] ». "La plénitude de Dieu" ce n'est pas le jardin d’Eden… 1ère dénaturation du texte.
2)« Leur but n’y est plus de servir l’unique vrai Dieu, mais l’Homme dans son accomplissement présent, l’homme considéré avec le faux prisme du personnalisme, c’est-à-dire toujours comme fin et non plus comme objectivement finalisé (n° 65) ». Le n°65 n’affirme rien de tel, mais bon, contentons nous du n°87 de Laudato Si qui anéantit la thèse soutenue : « 87. Quand nous prenons conscience du reflet de Dieu qui se trouve dans tout ce qui existe, le cœur expérimente le désir d’adorer le Seigneur pour toutes ses créatures, et avec elles, comme cela est exprimé dans la belle hymne de saint François d’Assise :
« Loué sois-tu, mon Seigneur,
avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère soleil,
qui est le jour, et par lui tu nous illumines.
Et il est beau et rayonnant avec grande splendeur,
de toi, Très Haut, il porte le signe.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour sœur lune et les étoiles,
dans le ciel tu les as formées
claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère vent,
et pour l’air et le nuage et le ciel serein
et tous les temps,
par lesquels à tes créatures tu donnes soutien.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur eau,
qui est très utile et humble,
et précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère feu,
par lequel tu illumines la nuit,
et il est beau et joyeux, et robuste et fort ».[64] »
Le but est donc bien de "servir l'unique vrai Dieu". Deuxième contrevérité.
3)« Leurs références n’y sont plus la Révélation en tant que telle (classée parmi les autres « textes religieux classiques », n° 199 ». Voici le passage non tronqué « Je veux rappeler que « les textes religieux classiques peuvent offrir une signification pour toutes les époques, et ont une force de motivation qui ouvre toujours de nouveaux horizons [...] Est-il raisonnable et intelligent de les reléguer dans l’obscurité, seulement du fait qu’ils proviennent d’un contexte de croyance religieuse ? ». Donc les textes religieux classiques ne sont pas présentés comme de simples textes parmi d’autres, c’est tout le contraire. Troisième dénaturation.
4)Le Pape se serait référé à « maître spirituel » musulman Alî al-Khawwâç (note 159) ». C’est inexact, voici le passage : « L’univers se déploie en Dieu, qui le remplit tout entier. Il y a donc une mystique dans une feuille, dans un chemin, dans la rosée, dans le visage du pauvre. L’idéal n’est pas seulement de passer de l’extérieur à l’intérieur pour découvrir l’action de Dieu dans l’âme, mais aussi d’arriver à le trouver en toute chose[159], comme l’enseignait saint Bonaventure : « La contemplation est d’autant plus éminente que l’homme sent en lui-même l’effet de la grâce divine et qu’il sait trouver Dieu dans les créatures extérieures ».[160]. L’encyclique se réfère donc à Saint Bonaventure (« comme l’enseignait saint Bonaventure »). La note 159 n’est que complémentaire : « Un maître spirituel, Alî al-Khawwâç, à partir de sa propre expérience, soulignait aussi la nécessité de ne pas trop séparer les créatures du monde de l’expérience intérieure de Dieu. Il affirmait : « Il ne faut donc pas blâmer de parti pris les gens de chercher l’extase dans la musique et la poésie. Il y a un “secret” subtil dans chacun des mouvements et des sons de ce monde. Les initiés arrivent à saisir ce que disent le vent qui souffle, les arbres qui se penchent, l’eau qui coule, les mouches qui bourdonnent, les portes qui grincent, le chant des oiseaux, le pincement des cordes, les sifflements de la flûte, le soupir des malades, le gémissement de l’affligé.... », Eva De Vitray-Meyerovitch [éd.], Anthologie du soufisme, Paris 1978, p. 200. ».
6)Quant à l’odieuse référence au « Patriarche orthodoxe Bartholomée (n° 7) », la voici également: « Les apports des Papes recueillent la réflexion d’innombrables scientifiques, philosophes, théologiens et organisations sociales qui ont enrichi la pensée de l’Église sur ces questions. Mais nous ne pouvons pas ignorer qu’outre l’Église catholique, d’autres Églises et Communautés chrétiennes – comme aussi d’autres religions – ont nourri une grande préoccupation et une précieuse réflexion sur ces thèmes qui nous préoccupent tous. Pour prendre un seul exemple remarquable, je voudrais recueillir brièvement en partie l’apport du cher Patriarche Œcuménique Bartholomée, avec qui nous partageons l’espérance de la pleine communion ecclésiale ». Où est le problème ??
7)« Désormais, leur espérance n’est plus dans le Christ, mais dans une spiritualité écologique censée renouveler l’humanité ». Encore une belle ânerie : n°238. « Le Père est l’ultime source de tout, fondement aimant et communicatif de tout ce qui existe. Le Fils, qui le reflète, et par qui tout a été créé, s’est uni à cette terre quand il a été formé dans le sein de Marie. L’Esprit, lien infini d’amour, est intimement présent au cœur de l’univers en l’animant et en suscitant de nouveaux chemins. Le monde a été créé par les trois Personnes comme un unique principe divin, mais chacune d’elles réalise cette œuvre commune selon ses propriétés personnelles. C’est pourquoi « lorsque [...] nous contemplons avec admiration l’univers dans sa grandeur et sa beauté, nous devons louer la Trinité tout entière » et encore n°243 : « A la fin, nous nous trouverons face à face avec la beauté infinie de Dieu (cf. 1 Co 13, 12) et nous pourrons lire, avec une heureuse admiration, le mystère de l’univers qui participera avec nous à la plénitude sans fin. Oui, nous voyageons vers le sabbat de l’éternité, vers la nouvelle Jérusalem, vers la maison commune du ciel. Jésus nous dit : « Voici, je fais l’univers nouveau » (Ap21, 5). La vie éternelle sera un émerveillement partagé, où chaque créature, transformée d’une manière lumineuse, occupera sa place et aura quelque chose à apporter aux pauvres définitivement libérés.".
8) L'encyclique Laudato Si ne serait que des « pages qui ne relèvent nullement de l’encyclique magistérielle ». Encore faux : n°15 "J’espère que cette Lettre encyclique, qui s’ajoute au Magistère social de l’Église, nous aidera à reconnaître la grandeur, l’urgence et la beauté du défi qui se présente à nous ». Donc, si elle s'"ajoute" au magistère existant c'est bien que cette encyclique a, elle aussi, une valeur magistérielle.
Bref, nous pouvons également souhaiter des vacances à l’Abbé de La Rocque…les plus longues possibles !!