Cher Rodolphe,

En effet, nous divergeons, mais vous me prêtez des sentiments qui ne sont pas les miens.
Je n'ai aucune défiance systématique envers le pape. Je ne passe pas ma vie à épingler les trains romains qui n'arrivent pas à l'heure (ils sont nombreux malheureusement). Mais je ne passe pas non plus ma vie à applaudir des enseignements sans intérêt, encore moins à réinterpréter à toute force des enseignements dont le sens obvie est pour le moins gênant. J'ai essayé de le faire dans les premiers mois du pontificat ; je me suis bien vite aperçu que je gaspillais mon temps et mon énergie.
Pour ce qui est de mon attitude envers Chicoutimi, je crois être toujours demeuré avec lui poli, bienveillant et courtois et il ne m'a pas semblé qu'il ait lui-même trouvé dans mes messages de raisons de se plaindre de moi.

J'en viens maintenant à la partie de votre message qui me paraît la plus indéfendable, presque calomnieuse, à savoir la thèse suivante : Si les enseignements du pape ne sont pas compris, c'est largement la faute des misérables traditionalistes qui feignent de ne pas les comprendre.
Ce ne sont pas les traditionalistes pourtant qui récemment ont dit que le pape se souciait si peu de la doctrine qu'il lui était presque indifférent que l’œcuménisme génère des hérésies.
Je n'ai pas l'honneur de vous connaître, c'est pourquoi je vous prie de ne pas prendre pour une attaque contre vous les lignes suivantes, mais ce qui, en effet, insupporte comme vous dites bien des traditionalistes, c'est cette manie qu'ont certaines personnes, pratiquant presque exclusivement dans des chapelles desservies par des prêtres traditionnels, parfois même ordonnés à Ecône, de professer bien haut et bien fort leur mépris du milieu traditionaliste, évidemment borné, malhonnête, dépourvu de tout sens de l'Eglise, en montrant qu'elles, au moins, ont compris ce pape que le misérable traditionaliste est incapable de comprendre.
Soyons honnêtes : si un prêtre ou un évêque sous Benoît XVI avait tenu le discours actuel ou accompli les gestes de François, beaucoup de ceux qui jouent aujourd'hui à s'en faire les thuriféraires les plus acharnés n'auraient pas contre lui de mots assez durs.

Peregrinus

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