Cher Chicoutimi,

Vous avez raison de souligner l'importance de l'amour de l'Eglise, inséparable de l'amour du Christ, et l'importance de la dévotion à notre Mère. Nous sommes bien d'accord pour dire que qui n'a pas l'Eglise pour Mère n'a pas Dieu pour Père.
Je ne crois pas cependant que l'amour de l'Eglise exige de nous que nous en rajoutions, pour ainsi dire, dans la surenchère de louanges forcées ou artificielles. Ce n'est pas ainsi seulement que nous devenons véritablement fils de l'Eglise.
Il faut nous efforcer de conserver toujours un grand respect pour les hommes d'Eglise, à commencer par le pontife romain, et ne pas nous laisser aller à épingler leurs ridicules comme nous pouvons ces derniers temps être particulièrement tentés de le faire. En cela nous sommes tout à fait d'accord. Nous sommes également d'accord sur le fait qu'il ne faut pas se réjouir de l'iniquité, mais reconnaître le bien et s'en réjouir.

Cependant, comme le dit l'Apôtre, la charité se réjouit de la vérité. Cela implique certes que nous nous réjouissions de ce que le pape fait ou dit de bien, mais aussi que nous demeurions lucides, que nous ne nous aveuglions pas sur la vérité d'un pontificat dont le signe distinctif est l'ambiguïté, l'équivoque érigée en système : en effet c'est une chose qu'une ambiguïté isolée, bien excusable, mais c'en est une autre que l'ambiguïté transformée en règle et en système comme nous le voyons chaque jour sous ce curieux pontificat. Le cardinal Bergoglio était déjà bien connu pour dire à chacun ce qu'il avait envie d'entendre (sur la question notamment de l'avortement, cela est notoire) ; le pape François se situe bien dans sa lignée.

Etre fils de l'Eglise, se réjouir de la vérité ne signifie pas se livrer à des contorsions, à des acrobaties verbales et intellectuelles de plus en plus périlleuses au moyen soit d'une sélection unilatérale des informations compatibles avec l'image que l'on veut avoir du pape, soit d'interprétations forcées qui font violence au sens et à l'intention obvies non pas d'un texte, mais d'une multitude de gestes et de déclarations publiquement prodigués.
Je ne crois pas que ce soit rendre service au pape et à l'Eglise que d'en rajouter comme vous le faites dans la multitude de fils que vous ouvrez chaque jour pour nous faire croire à un François nouveau Pie IX. Je ne crois pas non plus que ce soit profitable à notre sanctification : je trouve qu'il y a comme du volontarisme malsain dans cette manière que l'on peut avoir de s'autopersuader que le pape ressemble à ce que l'on voudrait qu'il soit.

Peregrinus

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