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Un remède héroïque
par Abbé Néri 2013-12-11 21:19:13
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Dans une lettre collective que les évêques espagnols ont écrit à ceux du monde entier à propos de la guerre d'Espagne en juillet 1937, on peut voir deux points très intéressantes qui apportent un éclairage particulier aux questions posées :

1°- La guerre est quelquefois le remède héroïque, le seul possible, pour ramener les choses dans l'orbe de la justice et dans le royaume de la paix.

2°- Des catholiques obéissant aux injonctions de leur conscience et de leur patriotisme et sous leur responsabilité personnelle, aient pris les armes pour sauver les principes de religion et de justice chrétienne qui avaient, séculairement, formé la Nation.

* Ce deuxième point s'était réalisé déjà quelques années plus tôt au Mexique ou les catholiques prirent aussi les armes dans le même but.

Voici le texte des évêques espagnols où ses points sont extraits :

NOTRE POSITION DEVANT LA GUERRE

« Qu'on sache, avant tout, ceci (puisque la guerre a pu être prévue dès qu'on attaqua avec violence et sans aucune mesure l'esprit national) : l'Épiscopat espagnol a donné, depuis 1931 jusqu'à présent, les exemples les plus élevés de prudence apostolique et civique. Se conformant à la tradition de l'Église et suivant les règles dictées par le Saint-Siège, il se rangea résolument du côté des pouvoirs constitués, avec lesquels il s'efforça de collaborer pour le bien commun. Et malgré les offenses répétées faites aux personnes, aux choses et aux droits de l'Église, il persista dans son ferme propos de ne pas troubler le régime de concorde établi auparavant. "Etiam dyscolis" : aux vexations nous avons toujours répondu par l'exemple de l'humble soumission, dans tous les cas où cela nous était possible ; par des protestations graves, raisonnées et apostoliques quand c'était notre devoir ; et en exhortant sincèrement et souvent nos ouailles à la soumission légitime, à la prière, à la patience et à la paix.

Et le peuple catholique nous a suivis ; ce qui prouve que notre intervention est un facteur efficace de concorde nationale dans les moments de profonde commotion sociale et politique.

Lorsque la guerre éclata, nous l'avons déploré plus que personne, parce qu'elle est toujours un mal des plus graves, bien rarement compensé par un bien problématique, et parce que notre mission est toute de réconciliation et de paix : "Et in terra pax".

Dès son commencement nous avons prié le ciel pour qu'elle cessât. Et, à cette heure, nous répétons les paroles de Pie XI, prononcées en un moment où la défiance mutuelle des grandes puissances risquait de déchaîner la guerre sur l'Europe : "Nous invoquons la paix, nous bénissons la paix, nous prions pour la paix".

Dieu nous est témoin des efforts que nous avons faits pour réduire les dégâts qui en sont toujours la conséquence.

A nos vœux de paix nous joignons notre pardon généreux pour nos persécuteurs, et nos sentiments de charité pour tous. Et nous répétons sur les champs de bataille, et à nos fils de l'une et l'autre faction, la parole de l'Apôtre :

"Le Seigneur sait combien nous vous aimons tous en Jésus-Christ".

Mais la paix est la "tranquillité de l'ordre, divin, national, social et individuel, qui assure à chacun sa place et lui donne ce qui lui est dû, en plaçant la gloire de Dieu au sommet de tous les devoirs et en faisant dériver de son amour le service fraternel de tous".

Et tels sont la condition humaine et l'ordre de la Providence (rien jusqu'ici n'a pu s'y substituer), que la guerre, quoique un des plus terribles fléaux de l'humanité, est quelquefois le remède héroïque, le seul possible, pour ramener les choses dans l'orbe de la justice et dans le royaume de la paix.

C'est pour cela que l'Église, tout en étant la fille du Prince de la Paix, bénit les emblèmes de la guerre, et qu'elle a fondé les Ordres Militaires et organisé les Croisades contre les ennemis de la Foi.

Ce n'est pas ici notre cas. L'Église n'a pas voulu cette guerre, et elle ne l'a pas du tout cherchée et nous ne croyons pas nécessaire de défendre l'Église d'Espagne des accusations de belligérance portées contre elle par certains journaux étrangers.

Il est exact que des milliers de ses fils, obéissant aux injonctions de leur conscience et de leur patriotisme et sous leur responsabilité personnelle, aient pris les armes pour sauver les principes de religion et de justice chrétienne qui avaient, séculairement, formé la Nation ; mais ceux qui l'accusent d'avoir provoqué cette guerre ou d'avoir conspiré en sa faveur, ou même seulement de n'avoir pas fait tout ce qui était en son pouvoir pour l'éviter, ceux-là méconnaissent ou falsifient la vérité.

Telle est la position de l'Épiscopat espagnol, de l'Église espagnole, devant la guerre actuelle.

On la vexa et on la persécuta bien avant le début des hostilités ; elle a été la principale victime de la furie d'une des factions combattantes ; et elle n'a pas cessé de travailler, par ses prières, par ses exhortations, et de toute son influence, à limiter ses dommages et à abréger les jours d'épreuve.

Et si, aujourd'hui, nous rendons collectivement notre verdict sur la question si complexe de la guerre en Espagne, c'est pour deux raisons.
D'abord, parce que, même si la guerre n'avait eu qu'un caractère politique ou social, sa répercussion dans l'ordre religieux a été si grave et il est apparu si clairement, dès le début, qu'une des deux factions belligérantes tendait à éliminer la religion catholique en Espagne, que nous autres, évêques catholiques, nous ne pouvions rester passifs sans abandonner les intérêts de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et sans mériter le terrible sobriquet de "canes muti", dont le Prophète flétrit ceux qui, ayant l'obligation de parler, se taisent devant l'injustice.

Ensuite parce que l'attitude devant la guerre de l'Église espagnole, c'est-à-dire de l'Épiscopat espagnol, a été interprétée faussement à l'étranger.

Un homme politique des plus notoires, écrivant dans une revue étrangère, ne l'attribue rien moins qu'à l'aveuglement des archevêques espagnols, vieillards qui, selon lui, doivent tout ce qu'ils sont au régime monarchique et qui auraient entraîné les autres évêques, pour des raisons de discipline et d'obéissance, dans un sens favorable au mouvement national ; d'autres nous accusent d'être téméraires, en exposant aux hasards d'un régime absorbant et tyrannique l'ordre spirituel de l'Église dont cependant nous sommes obligés de défendre l'indépendance.

Eh bien ! non ; cette indépendance, nous la réclamons, avant tout, pour l'exercice de notre ministère ; c'est d'elle que découlent toutes les libertés que nous revendiquons pour l'Église.

C'est en vertu de cette indépendance que nous ne nous sommes attachés à personne - individus, pouvoirs ou institutions - quelque gratitude que nous gardions à ceux qui nous ont protégés contre l'ennemi qui voulait nous perdre ; et nous sommes prêts à collaborer, comme évêques et comme espagnols, avec ceux qui s'efforcent de restaurer en Espagne un régime de paix et de justice. Aucun pouvoir politique ne pourra prétendre que nous nous soyons, à aucun moment, départis de cette ligne de conduite. »

     

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 les chrétiens qui prennent les armes et la doctrine de l'Eglise par jejomau  (2013-12-11 19:42:03)
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                  Merci pour vos 2 posts... Mais... par Michel  (2013-12-11 21:42:02)
                      Mes 2 posts par Meneau  (2013-12-12 15:56:56)
              Un remède héroïque par Abbé Néri  (2013-12-11 21:19:13)
      la doctrine catholique ne défend pas aux chrétiens de prendre part à la guerr [...] par baudelairec2000  (2013-12-11 23:15:43)
          Tout à fait par Meneau  (2013-12-12 15:43:50)
              Intéressant: la théorie de la guerre juste vue par un protestant par baudelairec2000  (2013-12-12 21:34:49)
                  C'est juste dommage par Meneau  (2013-12-12 21:40:40)


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