Les introïts des dimanches de l’Avent, de Noël et de l'Épiphanie proposés à l’écoute sur www.chiesa dans une toute nouvelle interprétation par l’un des chœurs les plus qualifiés du monde
par Sandro Magister
ROME, le 29 novembre 2013 – À la veille du premier dimanche de l’Avent, qui marque le début d’une nouvelle année liturgique dans l’Église de rite romain, www.chiesa inaugure une nouveauté.
Il s’agit d’une "offrande musicale" sans précédents. Elle sera présentée en six parties.
La première partie sera mise en ligne demain, samedi 30 novembre. La deuxième, la troisième et la quatrième le seront successivement les trois samedis suivants. La cinquième, le 23 décembre, avant-veille de Noël. La sixième, le 4 janvier, avant-veille de l'Épiphanie.
Ce qui sera proposé à chaque fois, c’est l’écoute d’un "introït" grégorien, c’est-à-dire le morceau de musique liturgique qui ouvre la célébration de la messe du dimanche ou de la fête qui le suit.
Chaque introït est désigné par les premiers mots de son texte latin. Les voici pour chacune des parties :
AD TE LEVAVI - Premier dimanche de l’Avent
POPULUS SION - Deuxième dimanche de l’Avent
GAUDETE IN DOMINO - Troisième dimanche de l’Avent
RORATE CAELI - Quatrième dimanche de l’Avent
PUER NATUS - Noël, messe du jour
ECCE ADVENIT – Épiphanie
L'interprétation de chacun de ces introïts a été enregistrée pour www.chiesa par l’un des chœurs les plus qualifiés du monde, les "Cantori Gregoriani", fondé et dirigé par Fulvio Rampi, grégorianiste de réputation internationale.
Mais ceux qui se rendront sur le site www.chiesa se verront proposer beaucoup plus qu’une interprétation pure et simple.
Non seulement ils pourront écouter le morceau, mais ils auront également sous les yeux :
- toute la partition musicale correspondante, tirée du "Graduale Romanum Triplex" édité par l'Abbaye de Solesmes,
- la traduction du texte latin
- et un guide d’écoute rédigé par le Maître Rampi, indispensable pour pénétrer les trésors de ces chefs-d’œuvre du chant grégorien.
Des trésors qui, d’une manière générale, sont tombés dans l’oubli mais que l’on voudrait faire redécouvrir ici. Conformément à ce qui est prescrit par la constitution sur la liturgie du concile Vatican II, dans un passage bien rarement pris en considération :
"L’Église reconnait dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes choses égales d’ailleurs, doit occuper la première place".
Le chant grégorien, comme on le sait, est la matrice de toute la musique occidentale. Et les introïts en sont l’un des pivots.
Mais laissons le Maître Rampi nous expliquer pourquoi.
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UNE RENCONTRE UNIQUE ENTRE LES MOTS ET LES SONS
par Fulvio Rampi
Parmi les nombreuses façons de souhaiter un bon dimanche, je crois qu’il y a aussi celle qui consiste à échanger, avec qui veut bien le faire, quelques réflexions à propos de l’introït grégorien de la messe du jour.
Dans le chant de l’introït qui ouvre la célébration nous trouvons, à travers l’exégèse sonore du texte, le sens et la "couleur" de tel dimanche, de telle solennité, de telle fête spécifique. Nous en découvrons les résonances par rapport à toute l’année liturgique et nous nous approprions le caractère que l’Église lui imprime à chaque fois.
Tout cela nous est raconté par une longue tradition liturgico-musicale, une sorte de “pensée sonore" et de "son pensé” qui font que le chant grégorien est beaucoup plus qu’un événement musical en général.
Ce qui caractérise le grégorien, c’est un rapport fondateur entre le texte et la musique.
C’est ce rapport d’interdépendance absolue entre les mots et les sons qui a conduit l’Église romaine à "s’approprier" uniquement le chant grégorien - et pas d’autres formes musicales - au cours de la longue histoire de la musique liturgique.
L’Église l’a toujours dit et elle l’a répété clairement dans la constitution "Sacrosanctum Concilium" du concile Vatican II. Elle revendique le chant grégorien comme "chant propre de la liturgie romaine" précisément en raison de sa capacité unique à communiquer par le son le sens de la Parole de Dieu proclamée dans la liturgie.
Le chant grégorien vit depuis toujours dans cet espace de la pensée ecclésiale. Mais si, comme cela se produit aujourd’hui, il en est chassé et s’il est réduit à l’espace restreint de la fonctionnalité pratique, il peut subir toutes sortes d’humiliations. Il peut être mal compris, refusé et abandonné, et cela par l’Église elle-même, cette Église qui l’a créé comme suprême acte d’amour en réponse à sa perle précieuse, la Parole de Dieu.
Mais l’histoire nous enseigne que, même après des années ou des siècles de sépulture, il est destiné à renaître : non pas de manière banale, comme répertoire musical, susceptible d’être dépassé en tant que tel, mais comme paradigme irremplaçable et absolu de la liturgie chantée.
Il faudra, tôt ou tard, reconnaître aussi au chant grégorien cette dimension d’“essentialité” à laquelle on se réfère tellement aujourd’hui – et pas seulement le pape François – en tant qu’urgence absolue dans la vie de l’Église.
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Fulvio Rampi est né à Crémone et y vit. Il enseigne le chant grégorien au Conservatoire de musique "G. Verdi" de Turin. Il a fondé en 1986 le chœur “Cantori Gregoriani”, un ensemble professionnel de voix d’hommes, dont il est le chef de chœur permanent. Il est notamment l’auteur de "Del canto gregoriano" [Du chant grégorien], publié chez Rugginenti Editore, Milan, 2006.
Source :
chiesa.espresso.repubblica.it