Il est aussi stupéfiant de lire de telles balivernes - je ne vois pas d'autre mot - dans un Forum où on est supposé avoir un minimum de connaissance des Écritures et où la plupart si ce n'est tous, nous sommes en contact avec des clercs qui tous ont fait promesse de pauvreté et même voeu pour les religieux et religieuses.
Vous n'avez pas le monopole de l'interprétation de l'écriture, cher Monsieur. Qu'il soit dit beaucoup de choses sur les richesses dans l’Évangile ne fait aucun doute, merci pour l'information. Mais Dieu merci nous ne sommes pas protestants, et avons pour nous le Magistère entier de l'Eglise. Dieu merci également, il n’est nulle part écrit qu’il soit « intrinsèquement immoral » de gagner de l’argent, et c’est principalement en cela que je me suis permis de vous contredire.
Vous évoquez à ce sujet <em> Rerum Novarum </em> qui, j'en suis désolé, ne vous aide pas vraiment. D'abord parce qu'il se situe dans un contexte historique bien différent du nôtre à aujourd'hui : on est alors beaucoup plus dans un conflit riches propriétaires contre classes travailleuses miséreuses et exploitées. Ensuite parce qu'il part d’une prémisse claire, nette et sans bavure : le socialisme (tel qu’on l’entend à la fin du XiXeme siècle) est une impasse et le salarié a un droit inaliénable à la propriété privé, ainsi qu’au droit à disposer des fruits de son travail (soit dit en passant, partant de ces deux constats et poussant le raisonnement jusqu’au bout, l’invocation de Rerum novarum pour une taxe à 75% peut s’avérer être un contre sens énorme).
Quant à celui qui écrit qu'il n'y a pas de problème moral à accumuler des montagnes de richesse, il me semble que tel n'est pas l'idéal des évangiles. Quel footballeur de luxe (je ne parle pas de la masse qui touche des salaires moyens) et quel grand patron (salarié) ou rentier vit en ascète parce qu'il ou elle redistribue aux pauvres (pas qu'en esprit) 90% de ses revenus ?
Ce n’est pas parce que ça ne court pas les rues que ça n’existe pas. C’est en ce sens que l’Ecriture dit qu’il est plus difficile pour un riche de rentrer dans le Royaume des Cieux que pour un Chameau de passer dans le chas d’une aiguille (laquelle fait d’ailleurs référence à une porte de Jérusalem certes étroite, mais pas autant que l’expression littérale le laisse croire…) : le confort matériel peut effectivement troubler l’esprit et le perdre dans l’attachement aux biens de ce monde beaucoup plus facilement qu’un pauvre dont la simplicité forcée laisse plus de place pour une vie spirituelle plus riche. Mais ce n’est pas, en soi, la possession de biens matériels qui nous damne, mais bien ce qu’on en fait. C’est d’autant plus vrai, d’ailleurs, pour un propriétaire, qui a une responsabilité morale vis-à-vis des salariés qu’il emploie.
La juxtaposition des revenus pyramidaux (toujours plus) et des gens qui soit misèrent, soit s'appauvrissent lentement (classes populaires et moyennes) ne correspond pas à la doctrine sociale de l'Église.
C’est exact, j’en conviens bien. Mais cette dichotomie ne vient pas directement d’un écart de revenues entre « riches » et « pauvres », mais bien à l’air du temps portée par deux courants de pensée, en apparence opposés, mais qui ont su trouvé un <em>modus vivendi</em> pendant la seconde moitié du siècle dernier : le libertarisme économique qui enlève au patronat tout devoir moral envers ses employés et le socialisme qui tend à déresponsabiliser le salarié et faire croire que « les autres payeront ».