<i>Le Repas de noces</i> (1568), par Pieter Bruegel l'Ancien (Vienne, Kunsthistorisches Museum)
Dimanche 2 Octobre 2011
Aujourd’hui, il est possible (mais pas obligatoire)
de célébrer la solennité extérieure
de Notre-Dame du saint Rosaire.
<b>I. BRÉVIAIRE ROMAIN (en vigueur jusqu’en 1960)</b>
<b>SEIZIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE
(PREMIER D’OCTOBRE)</b>
<b><i>Premier Nocturne</i></b>
<b>Commencement du premier livre des Machabées</b> (ch. 1)
<i>Leçon i</i>
(vv. 1-7) Or, il arriva qu'après qu'Alexandre le Macédonien, fils de Philippe qui régna le premier dans la Grèce, fut sorti de la terre de Céthim, et qu'il eut frappé Darius, roi des Perses et des Mèdes, il livra de nombreux combats, et s'empara des villes fortes de toutes les nations, et tua les rois de la terre, et il passa jusqu'aux confins de la terre, et, il s'empara des dépouilles de la multitude des nations, et la terre se tut en sa présence. Et il assembla des forces, et une armée des plus puissantes, et son cœur s'éleva et s'enfla. Et il se rendit maître des contrées des nations ainsi que des rois, et ils devinrent ses tributaires. Et après cela, il se mit au lit, et il connut qu'il mourrait. Et il appela ses serviteurs, les grands qui avaient été nourris avec lui dès la jeunesse, et il leur partagea son royaume pendant qu'il vivait encore.
<i>Leçon ii</i>
(vv. 8-11) Or Alexandre régna douze ans, et il mourut. Et ses serviteurs possédèrent un royaume, chacun dans son lieu. Et ils prirent tous le diadème après sa mort, et leurs fils après eux, durant beaucoup d'années, et les maux se multiplièrent sur la terre. Et il sortit d'eux une racine pécheresse, Antiochus l'illustre, fils du roi Antiochus, qui avait été en otage à Rome; et il régna en l'année cent trente septième du règne des Grecs.
<i>Leçon iii</i>
(vv. 12-16) En ces jours-là, sortirent d'Israël des fils iniques et ils conseillèrent un grand nombre, disant: Allons, et faisons alliance avec les nations qui sont autour de nous; parce que depuis que nous nous sommes retirés d'elles, des maux nombreux sont tombés sur nous. Et ce discours parut bon à leurs yeux. Et quelques-uns du peuple résolurent de se rendre auprès du roi, et il leur donna pouvoir de pratiquer le droit des nations. Et ils bâtirent un gymnase à Jérusalem, selon les lois des nations. Et ils cachèrent les marques de la circoncision, et ils se séparèrent de l'alliance sainte, et ils se joignirent aux nations, et se vendirent afin de faire le mal.
Le roi païen Antiochus pénètre violemment dans le Sanctuaire
<i><b>Deuxième Nocturne</i></b>
<b>Du livre Des Devoirs, de saint Ambroise, Évêque</i></b>
(1, 40, 195-197. Texte latin: CCL 15, 73-74)
<i>Leçon iv</i>
Quelques-uns peut-être sont épris de la gloire des armes, au point de croire que la valeur guerrière est tout, et que j’ai évité d’en rien dire, parce que cette vertu manquerait chez les nôtres. Cependant quelle n’était pas la vaillance de Josué fils de Navé, qui, en une seule bataille, fit prisonniers cinq rois, les défaisant ainsi que leurs peuples? Pressant ensuite le combat contre les Gabaonites, et craignant que la nuit n’empêchât la victoire, il s’écria, dans la grandeur de sa foi et de son courage: «Que le soleil s’arrête»; et le soleil s’arrêta, jusqu’à ce que la victoire fût complète. Avec trois cents hommes, Gédéon triompha d’une nombreuse armée et d’un ennemi redoutable. Jonathas, encore adolescent, se distingua par de beaux faits d’armes.
<i>Leçon v</i>
Que dire des Machabées? Mais auparavant je mentionnerai cette troupe de juifs qui, déterminés à défendre le temple de Dieu et leurs saintes lois, s’étant vus attaqués déloyalement un jour de sabbat, au lieu de le violer, aimèrent mieux attendre sans armes les coups de l’ennemi, s’offrant ainsi tous avec joie au trépas. Mais ayant considéré que cet exemple, s’il était suivi, entraînerait la perte de la nation entière, les Machabées, étant eux-mêmes attaqués le jour du sabbat, surent venger la mort de leurs vertueux frères. Bientôt le roi Antiochus, irrité, alluma contre eux le feu de la guerre par ses généraux Lysias, Nicanor et Gorgias. Mais ses troupes d’Orientaux et d’Assyriens ne lui épargnèrent pas la honte de voir quarante-huit mille hommes battus par trois mille Juifs, au milieu de la plaine.
<i>Leçon vi</i>
Appréciez la bravoure d’un capitaine tel que Judas Machabée, d’après ce que fit un de ses soldats. Eléazar ayant remarqué un éléphant plus haut que les autres et couvert de la housse royale, en conjectura qu’il portait le roi. Il courut donc de toutes ses forces se précipiter au milieu de la légion; et se débarrassant de son bouclier, il frappait, il tuait des deux mains, jusqu’à ce qu’il eût joint l’éléphant. Alors il se mit dessous, et le perça de son glaive. L’animal s’affaisa donc sur Eléazar, qui mourut sous cette masse. Quel courage! Il ne craint point la mort; enveloppé de légions d’ennemis, il s’élance contre leurs rangs épais, il fend le bataillon, et rendu plus audacieux par le mépris de la mort, il rejette son bouclier, il prend son glaive à deux mains, et se jetant sous le ventre de l’animal, il lui enfonce le fer dans le corps: enveloppé plutôt qu’écrasé par la bête gisante, il est enseveli dans son triomphe.
<b>Troisième Nocturne</b>
Jésus guérit un hydropique (Reichenau [Allemagne], fresque du IX° s.)
Lecture du saint Évangile selon saint Luc
(14, 1-11; version du Lectionnaire de 1964-65)
<i>Leçon vii</i>
En ce temps-là,
Jésus était allé prendre son repas, un jour de sabbat,
chez l’un des chefs des pharisiens, et ceux-ci l’observaient.
Or, voici qu’il y avait devant lui un hydropique.
Jésus, prenant la parole, dit aux docteurs de la Loi et aux pharisiens:
«Est-il permis de guérir le jour du sabbat?»
Mais ils gardèrent le silence. Jésus, prenant le malade, le guérit et le renvoya.
Et il leur dit: «Lequel de vous, si son âne ou son bœuf tombe dans un puits,
ne l’en retire aussitôt, un jour du sabbat?»
Et ils ne pouvaient rien répondre à cela.
Il disait encore une parabole aux invités,
en remarquant comme ils choisissaient les premières places;
il leur disait:
«Lorsqu’on t’invite à des noces,
ne te mets pas à la première place;
de peur qu’on n’ait invité quelqu’un de plus digne que toi,
et que celui qui vous a invités, toi et lui,
ne vienne te dire: “Cède-lui la place”.
Alors tu irais, à ta honte, occuper la dernière place.
Au contraire, quand tu es invité,
va te mettre à la dernière place;
et ainsi, lorsque viendra celui qui t’a invité,
il te dira: “Mon ami, monte plus haut”.
Alors ce sera pour toi un honneur
devant tous les autres convives.
Car quiconque s’élève sera abaissé,
et qui s’abaisse sera élevé.»
Homélie de saint Ambroise, évêque
(Traité sur l’évangile de saint Luc, 7, 195-198.
Texte latin et autre traduction française: SC 52, 83-84)
Voici d’abord la guérison d’un hydropique, en qui le poids de la chair accablait l’âme et éteignait l’ardeur de l’esprit. Puis vient une leçon d’humilité, quand le Seigneur condamne ceux qui, dans le banquet nuptial, choisissent les premières places: il le fait néanmoins avec douceur, voulant qu’une bonté persuasive tempère la sévérité de la réprimande, que la raison serve à la persuasion, et que la correction réprime la convoitise. Cette leçon d’humilité est accompagnée d’une leçon de miséricorde, et les paroles du Seigneur nous prouvent que la miséricorde doit se pratiquer envers les pauvres et les faibles; car être hospitalier pour ceux qui en récompenseront, c’est plutôt de l’avarice que de la charité.
<i>Leçon viii</i>
Enfin, à l’un des convives, comme à un vétéran qui a fourni ses années de service, Jésus-Christ donne pour récompense le précepte du mépris des richesses; puisque le royaume des cieux ne peut être acquis, ni par celui qui, tout aux choses d’ici-bas, s’est acheté des possessions terrestres, le Seigneur ayant dit: «Vends ce que tu as et suis-moi» (<i>Mt</i> 19, 21); ni par celui qui s’est acheté des bœufs, Élisée ayant égorgé et distribué ceux qu’il avait (cf. 1 <i>R</i> 19, 21); ni enfin par ceux qui, ayant pris femme, pensent aux choses de ce monde, et non à celles de Dieu. Certes, l’état conjugal n’est point blâmé; seulement la virginité est appelée à un plus grand honneur. «Car la femme non mariée et la veuve pensent aux choses qui sont du Seigneur, afin d’être saintes de corps et d’esprit» (<i>1 Co</i> 7, 34).
<i>Leçon ix</i>
Mais, pour rentrer maintenant en grâce avec les gens mariés, comme plus haut nous nous sommes concilié les personnes veuves, disons que nous ne nous refusons point à l’opinion de plusieurs interprètes, estimant que les trois genres d’hommes exclus de la participation au grand festin sont : les païens, les Juifs et les hérétiques. L’Apôtre nous dit de fuir l’avarice, de crainte qu’embarrassés, comme les Gentils, dans l’iniquité, la malice, l’impudicité et l’avarice, nous ne puissions arriver au royaume du Christ. «Car aucun impudique, ou avare, ce qui est une idolâtrie, n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu» (<i>Ep</i> 5, 5).
<b>II. BRÉVIAIRE ROMAIN (1961)</b>
<b>SEIZIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE
(PREMIER D’OCTOBRE)</b>
<i><b>Au Nocturne</i></b>
<b>Commencement du premier livre des Machabées</b> (ch. 1)
<b>1.</b> (vv. 1-7) Or, il arriva qu’après qu’Alexandre le Macédonien, fils de Philippe qui régna le premier dans la Grèce, fut sorti de la terre de Céthim, et qu’il eut frappé Darius, roi des Perses et des Mèdes, il livra de nombreux combats, et s’empara des villes fortes de toutes les nations, et tua les rois de la terre, et il passa jusqu’aux confins de la terre, et il s’empara des dépouilles de la multitude des nations, et la terre se tut en sa présence. Et il assembla des forces, et une armée des plus puissantes, et son cœur s’éleva et s’enfla. Et il se rendit maître des contrées des nations ainsi que des rois, et ils devinrent ses tributaires. Et après cela, il se mit au lit, et il connut qu’il mourrait. Et il appela ses serviteurs, les grands qui avaient été nourris avec lui dès la jeunesse, et il leur partagea son royaume pendant qu’il vivait encore.
<b>2.</b> (vv. 8-16) Or Alexandre régna douze ans, et il mourut. Et ses serviteurs possédèrent un royaume, chacun dans son lieu. Et ils prirent tous le diadème après sa mort, et leurs fils après eux, durant beaucoup d’années, et les maux se multiplièrent sur la terre. Et il sortit d’eux une racine pécheresse, Antiochus l’illustre, fils du roi Antiochus, qui avait été en otage à Rome; et il régna en l’année cent trente septième du règne des Grecs. En ces jours-là, sortirent d’Israël des fils iniques et ils conseillèrent un grand nombre, disant: «Allons, et faisons alliance avec les nations qui sont autour de nous; parce que depuis que nous nous sommes retirés d’elles, des maux nombreux sont tombés sur nous.» Et ce discours parut bon à leurs yeux. Et quelques-uns du peuple résolurent de se rendre auprès du roi, et il leur donna pouvoir de pratiquer le droit des nations. Et ils bâtirent un gymnase à Jérusalem, selon les lois des nations. Et ils cachèrent les marques de la circoncision, et ils se séparèrent de l’alliance sainte, et ils se joignirent aux nations, et se vendirent afin de faire le mal.
Lecture du saint Évangile selon saint Luc
(14, 1-11; version du Lectionnaire de 1964-65)
<i>Leçon vii</i>
En ce temps-là,
Jésus était allé prendre son repas, un jour de sabbat,
chez l’un des chefs des pharisiens, et ceux-ci l’observaient.
Or, voici qu’il y avait devant lui un hydropique.
Jésus, prenant la parole, dit aux docteurs de la Loi et aux pharisiens:
«Est-il permis de guérir le jour du sabbat?»
Mais ils gardèrent le silence.
Jésus, prenant le malade, le guérit et le renvoya.
Et il leur dit: «Lequel de vous,
si son âne ou son bœuf tombe dans un puits,
ne l’en retire aussitôt, un jour du sabbat?»
Et ils ne pouvaient rien répondre à cela.
Il disait encore une parabole aux invités,
en remarquant comme ils choisissaient les premières places;
il leur disait:
«Lorsqu’on t’invite à des noces,
ne te mets pas à la première place;
de peur qu’on n’ait invité quelqu’un de plus digne que toi,
et que celui qui vous a invités, toi et lui,
ne vienne te dire: “Cède-lui la place”.
Alors tu irais, à ta honte, occuper la dernière place.
Au contraire, quand tu es invité,
va te mettre à la dernière place;
et ainsi, lorsque viendra celui qui t’a invité,
il te dira: “Mon ami, monte plus haut”.
Alors ce sera pour toi un honneur
devant tous les autres convives.
Car quiconque s’élève sera abaissé,
et qui s’abaisse sera élevé.»
Homélie de saint Ambroise, évêque
(Traité sur l’évangile de saint Luc, 7, 195.
Texte latin et autre traduction française: SC 52, 83)
Voici d’abord la guérison d’un hydropique, en qui le poids de la chair accablait l’âme et éteignait l’ardeur de l’esprit. Puis vient une leçon d’humilité, quand le Seigneur condamne ceux qui, dans le banquet nuptial, choisissent les premières places: il le fait néanmoins avec douceur, voulant qu’une bonté persuasive tempère la sévérité de la réprimande, que la raison serve à la persuasion, et que la correction réprime la convoitise. Cette leçon d’humilité est accompagnée d’une leçon de miséricorde, et les paroles du Seigneur nous prouvent que la miséricorde doit se pratiquer envers les pauvres et les faibles; car être hospitalier pour ceux qui en récompenseront, c’est plutôt de l’avarice que de la charité.
<b>III. COMMENTAIRE PATRISTIQUE DE L’ÉVANGILE DU MISSEL DE 1970-2002</b>
La <i>Liturgia Horarum</i>, c’est-à-dire le nouveau bréviaire romain, ne donne pas de commentaire de l’évangile de chaque dimanche, contrairement à la tradition. Le passage d’aujourd’hui (<i>Mt</i> 21, 33-43) se trouve, dans le Missel de 1570-1962, au Vendredi de la 2° semaine de Carême. On a donc reproduit ci-après le commentaire qu'en donne le <i>Bréviaire Romain</i> en usage jusqu'en 1969.
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<b>VINGT-SEPTIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE</b>
(Cycle des lectures A)
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (21, 33-43; tr. officielle)
Jésus disait
aux chefs des prêtres et aux pharisiens:
«Écoutez cette parabole:
Un homme était propriétaire d’un domaine;
il planta une vigne, l’entoura d’une clôture,
y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde.
Puis il la donna en fermage à des vignerons, et partit en voyage.
Quand arriva le moment de la vendange,
il envoya ses serviteurs auprès des vignerons
pour se faire remettre le produit de la vigne.
Mais les vignerons se saisirent des serviteurs,
frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième.
De nouveau, le propriétaire envoya
d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers;
mais ils furent traités de la même façon.
Finalement, il leur envoya son fils,
en se disant: “Ils respecteront mon fils.”
Mais, voyant le fils,
les vignerons se dirent entre eux:
“Voici l’héritier: allons-y ! tuons-le,
nous aurons l’héritage!”
Ils se saisirent de lui,
le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.
Eh bien, quand le maître de la vigne viendra,
que fera-t-il à ces vignerons?»
On lui répond:
«Ces misérables, il les fera périr misérablement.
Il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons,
qui en remettront le produit en temps voulu.»
Jésus leur dit:
«N’avez-vous jamais lu dans les Écritures:
<i>La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre angulaire.
C’est là l’œuvre du Seigneur,
une merveille sous nos yeux!</i>
(<i>Ps</i> 117, 22-23)
Aussi, je vous le dis:
Le royaume de Dieu vous sera enlevé
pour être donné à un peuple
qui lui fera produire son fruit.»
<b>Homélie de saint Ambroise, évêque</b>
(<i>Sur Luc</i> 9, 23-25.
Texte latin et autre traduction: <i>SC</i> 52, 148-149)
Plusieurs rattachent au terme «vigne» des interprétations diverses, mais Isaïe a signifié clairement que «la vigne du Seigneur Sabaoth, c’est la maison d’Israël.» Cette vigne, qui donc l’a plantée, sinon Dieu? C’est lui qui l’a donnée en location, puis, s’en est allé très loin. Non pas que le Seigneur soit parti d’un lieu pour un autre, lui qui toujours est partout présent, mais parce qu’il est davantage présent à ceux qui aiment, il est lointain pour ceux qui le négligent. Son absence fut longue, pour que le règlement de compte ne semblât prématuré, car plus la libéralité se montre indulgente, et plus inexcusable est l’obstination dans le mal.
C’est donc bien à propos que tu lis en Matthieu: «Il l’entoura d’une clôture», c’est-à-dire, il la munit du rempart de la protection di vine, de peur qu’elle n’offre un accès facile aux incursions des fauves spirituels. «Et il y creusa un pressoir.» Comment entendre ce pressoir? Songeons que certains psaumes sont intitulés «Pour les pressoirs», parce que les mystères de la Passion du Seigneur y ont bouillonné avec plus d’abondance, tel un vin nouveau fermentant sous l’action de l’Esprit-Saint inspirant les prophètes. De là vient que l’on croyait ivres ceux que l’Esprit-Saint inondait. Donc, Dieu aussi creusa un pressoir où le fruit intérieur, le raisin des âmes, s’écoulerait en flots spirituels.
«Il y bâtit une tour», en élevant le faîte de la loi et cette vigne, ainsi fortifiée, équipée, parée, Dieu la loua aux Juifs. Puis, à la saison des vendanges, il envoya ses serviteurs. L’Évangile parle avec raison de la «saison des vendanges», et non de «la vendange», car les Juifs n’ont donné aucun fruit, nulle a été la récolte de cette vigne, dont le Seigneur dit: «J’en espérais du raisin, elle ne donna que des épines» (<i>Is</i> 5,2). Aussi n’est-ce pas d’un vin d’allégresse, deun moût spirituel que les pressoirs ont regorgé, mais du sang vermeil des prophètes.
<b>Oraison</b>
Omnípotens sempitérne Deus, qui abundántia pietátis tuæ
et mérita súpplicum excédis et vota,
effúnde super nos misericórdiam tuam,
ut dimíttas quæ consciéntia métuit,
et adícias quod orátio non præsúmit.
Traduction de dom Lefebvre (11° dim. après la Pentecôte)
<i> Dieu tout-puissant et éternel,
dont l’immense bonté va au-delà de nos mérites
et même de nos désirs,
répandez sur nous votre miséricorde,
remettant ce que notre conscience a sujet de craindre
et accordant ce que notre prière n’ose point espérer.</i>