où l'on apprend que M. Bardella est agnostique : curieux pour un identitaire d'origine italienne. Que Dieu l'éclaire !
Et qu'un de nos évêques se voit déjà en Mgr Saliège.
Législatives 2024 : les évêques jouent la prudence dans leurs prises de position
Par Dominique Lang
Publié le 24/06/2024
Mgr Bruno Valentin, évêque de Carcassonne et de Narbonne, invite les électeurs à un vote "responsable et raisonnable".
À la veille d’élections sans précédent, les prises de parole dans l’épiscopat, attendues par beaucoup de catholiques, sont rares et les mots, pesés au trébuchet.
Il y a deux ans, en Italie, lors de l'élection de Giorgia Meloni, les évêques catholiques du pays n'avaient pas donné de consignes de vote, même face au péril de l'extrême droite. Ils préféraient alors miser sur l'ouverture prudente à l'égard de la candidate, catholique, pour contrer son rival bien plus idéologue, Matteo Salvini, de la Ligue du Nord. Une manière de dénoncer la récupération politique de la foi catholique de Salvini dans ses discours populistes.
« L'Église ne veut pas d'hommes ou de femmes politiques s'affirmant “superchrétiens”, analysait déjà alors le politologue Olivier Roy, mais des catholiques “normaux”. Ainsi, elle peut se réserver la parole magistrale sur ce que veut dire être catholique. »
Cela joue-t- il aussi en France, face à l'agnostique Jordan Bardella soutenu par une Marine Le Pen catholique peu pratiquante, qui évite soigneusement les références religieuses, à la différence de son père?
Un épiscopat quasi muet
Sur la vingtaine d'évêques sollicités par Le Pèlerin, aucun n'a désiré s'exprimer dans nos colonnes sur le sujet. On est bien loin des prises de parole de leurs prédécesseurs qui, entre 1985 et 2002, dénonçaient frontalement les thèses du Front national. D'après Mgr Olivier Leborgne, il faut voir là un effet collatéral des scandales qu'ont traversé les diocèses.
Mais face aux discours haineux contre les migrants, l'évêque d'Arras, en première ligne du drame de Calais, peut-il se taire? Évoquant le sursaut de Mgr Jules Saliège en 1942, qui avait osé dénoncer en chaire la déportation des populations juives, il se demande si le moment se présentera où il sera quand même « nécessaire d'avoir une parole claire » pour contrer non plus des opinions mais des actes condamnables.
Dans le diocèse de l'Aude, Mgr Bruno Valentin est l'un des rares prélats à s'être fendu d'un texte pastoral, publié le 17 juin, pour favoriser le discernement de ses fidèles. Il y dénonce notamment l'usage de la peur dans les argumentations des uns et des autres, mais aussi l'idéalisation des candidats, avant d'inviter à un vote responsable, lucide, raisonnable et emprunt de compassion.
Dans une déclaration rendue publique le 20 juin, le conseil permanent de la Conférence des évêques de France incite pour sa part les catholiques à ne pas renoncer à se montrer des « artisans de paix », quel que soit le résultat des élections à venir. À chaque fidèle son interprétation.
Dominique Lang
Journaliste et religieux assomptionniste tout ensemble, c'est possible. Une longue histoire dans cette congrégation religieuse qui est la mienne. Après des études scientifiques et de théologie, j'ai découvert cet univers si particulier de la presse d'abord au journal La Croix puis désormais à Pèlerin. Actualités, questions écologiques, vie de l’Église, mais aussi biodiversité et œuvres d'art : les occasions d'écrire et de partir à la rencontre ne manquent pas. Pour me contacter : dominique.lang@groupebayard.com ou sur mon blog https://eglisesetecologies.com/
Commentaires
26/06/2024 22:52 Répondre
zozo
Je ne comprends pas pourquoi on parle de discours haineux en parlant de la droite (je n'en ai pas entendu un seul) et qu'on ne condamne pas les pratiques haineuses de l'extrême gauche !
https://www.lepelerin.com/france/politique/legislatives-2024-les-eveques-jouent-la-prudence-9799#listcomments
Et ici, on sent qu'on n'a pas fini de tortillonner du côté du 58 avenue de Breteuil ...
Législatives 2024. Les chrétiens prennent la parole
Par La rédaction
Publié le 21/06/2024
Les catholiques pratiquants ont voté à 42 % pour des listes d'extrême droite lors des élections européennes du 9 juin 2024.
À l'approche des élections législatives, les chrétiens se mobilisent. Tandis qu'une tribune contre l’extrême droite signée par 6 000 jeunes a été publiée par le journal «La Croix», la Conférence des évêques de France appelle à la «responsabilité démocratique».
Sur la liste, les noms se succèdent par milliers. Parmi les signataires: pas moins de 70 prêtres, des centaines de jeunes engagés dans des associations chrétiennes comme le Comité de la jupe, La Communauté du Chemin neuf, le café Dorothy... Le journal La Croix (qui appartient au groupe Bayard comme Le Pèlerin) a publié le mardi 18 juin 2024, une tribune signée par 6 000 personnes appelant les chrétiens à faire barrage au Rassemblement national (RN).
De fait, selon l'étude Ifop pour La Croix publiée le lendemain du scrutin européen, les catholiques ont voté à 37 % pour le Rassemblement national et 18 % chez les catholiques pratiquants réguliers (allant à la messe au moins une fois par mois). De plus, 6 % des catholiques ont voté pour Reconquête! et 10 % de catholiques pratiquants réguliers également. La dissolution de l'Assemblée nationale annoncée le soir même par Emmanuel Macron a provoqué la surprise. L'issue des législatives du 30 juin et du 7 juillet est particulièrement incertaine.
Face au silence de l'institution catholique, des associations chrétiennes ont donc rédigé un texte intitulé Au nom de notre foi, nous voterons contre l'extrême droite. Ce dernier est introduit par une citation de l'Évangile selon saint Marc «Aime ton prochain comme toi-même» (Mc 12, 31). Le texte poursuit : «Face aux difficultés de nos vies, aux crises que traverse notre société, il peut être tentant de chercher un bouc émissaire. L'extrême droite nourrit notre peur d'un étranger qui nous mettrait en danger.»
L'Église protestante unie veut «faire barrage»
Cette tribune appelle l'ensemble des chrétiens à prendre un positionnement clair contre l'extrême droite, en miroir de la position adoptée par l'Église protestante unie de France. Le 13 juin, cette dernière a publié un communiqué appelant les croyants à se rendre aux urnes afin de résister «aux sirènes de la violence et de l'inhumanité véhiculées par l'extrême droite et le Rassemblement national». Sur RCF, la pasteure et présidente du Conseil national de l'Église protestante unie, Emmanuelle Seyboldt, a mentionné l'histoire du protestantisme en France et insisté pour dire que le rejet n'a jamais été une solution: «Il est impossible de dire que c'est à cause d'une partie de l'humanité que nous sommes dans le malheur: le bonheur, c'est toute l'humanité ensemble».
Les évêques adoptent une position plus neutre
Deux jours après la publication de la tribune, c'est au tour de la Conférence des évêques de France de se prononcer. Les représentants de l’Église catholique ont appelé à la prière pour que «notre pays soit une terre de liberté, de justice, de fraternité». Une prise de parole tardive et plus neutre conclue notamment par «Nous, catholiques, nous le ferons en puisant dans la grâce de Dieu et dans notre foi en son salut, pour surmonter peurs, colères, angoisses et pour être des "artisans de paix" et des acteurs de l'amitié sociale.»
https://www.lepelerin.com/france/politique/legislatives-2024-les-chretiens-prennent-la-parole-9792