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Sherbrookoise de naissance, je me permets de tenter de répondre à vos deux questions.
1- Comment le Québec terre ardemment catholique a-t-elle pu basculer si vite dans une société athée et multiculturelle?
D’une part, l’athéisme s’est installé avec la Révolution tranquille et Vatican II. L'Église catholique avait énormément d'influence avant les années 1950 et cela n'a malheureusement pas été sans abus de différentes sortes. Une bonne part de la population a accueilli les changements venus avec Vatican II avec empressement, sans opposer de résistance, habituée à l'obéissance docile à ses pasteurs sans se poser trop de questions surtout que cela lui facilitait la vie, souvent difficile surtout pour les femmes qui avaient de nombreux enfants dans des conditions pénibles. L'arrivée de la pilule contraceptive et la publication tardive de l'encyclique Humanae Vitae n'est pas non plus étrangère à ces bouleversements.
Au Québec, seuls quelques prêtres isolés ont conservé la messe et la doctrine traditionnelles dans les années 1965-1980 : le Père d'Anjou, SJ de Québec; le Père Henry, OMI, missionnaire dans le Nord et retraité à Shawinigan; l'abbé Lorenzo Bouchard, puis l'abbé Jolicoeur (revenu à la Tradition après avoir pratiqué plusieurs années le nouveau rite) du diocèse de Sherbrooke; les abbés Normandin, Bleau (seul vivant de la vieille garde, toujours en ministère en collaboration avec la FSSP), Lemay, Paquin et d'autres dont j'ai oublié le nom du diocèse de Montréal; l'abbé Stanislas Paradis à Québec et Donat Paradis en Gaspésie, revenu à la Tradition dans une maison de la FSSPX qui a installé son premier prieuré en 1977 à Shawinigan.
Par ailleurs, le Québec est malheureusement un des endroits qui a vu le plus grand nombre de prêtres, de religieux et de religieuses défroquer dans les années qui ont suivi Vatican II. Tout cela a fait perdre la foi à un grand nombre de personnes.
D’autre part, le Canada a adopté très tôt une politique d’immigration intense et le Québec y a largement contribué. Les besoins en main d’œuvre étaient importants pour développer un si grand pays dont la densité de la population est toujours parmi les plus faibles au monde. Les immigrants Irlandais forment déjà 10% de la population du Québec en 1871. Les immigrants Italiens, qui s’installent majoritairement à Montréal, forment 9% de la population montréalaise en 1971 (https://www.erudit.org/en/journals/cd/2019-n139-cd05096/92608ac.pdf). Actuellement, en raison des politiques qui favorisent les immigrants francophones, « la France (16,1 %) arrive au premier rang des pays de naissance des nouveaux arrivants de 2022, devant la Chine (9,9 %), l’Algérie (5,5 %), Haïti (5,4 %) et la Tunisie (5,0 %). » (https://statistique.quebec.ca/fr/produit/publication/migrations-internationales-interprovinciales-bilan-demographique).

2- Comment le patriotisme Québécois a-t-il pu passer si aisément de l'union nationale au PQ?
De la même façon que nous sommes passés d'une société très majoritairement catholique pratiquante dans les années 1950 à une société laïque qui se dit pourtant encore majoritairement catholique (83%) et relativement pratiquante (20% https://www.cdpdj.qc.ca/storage/app/media/publications/religion-Quebec-statistiques.pdf). René Lévesque et le parti québécois ont su réveiller la fibre patriotique héritée des nationalistes à la Lionel Groulx, mais en remplaçant le fondement religieux par des idées socialistes. Chaque fois que les anglos et le gouvernement fédéral tirent dans les pattes du Québec, le rêve d’un pays québécois reprend vie chez plus d’un, comme Mathieu Bock-Côté que vous connaissez maintenant presque mieux que nous …
Pour vous renseigner davantage sur l’histoire du Canada français, voir les publications de deux érudits catholiques : Paul-André Dubois (spécialiste de la Nouvelle-France) et Jean-Claude Dupuis.
D’autres auront peut-être de meilleures explications, en tout cas, ce sont de grands sujets de réflexion.
Union de prières,
Balbula

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