J'ai découvert un texte très intéressant de M. l'Abbé Guillaume de Tanoüarn en parcourant le site Internet de la Fraternité pour le Respect Animal qui avait reproduit un texte du MetaBlog au sujet de l'immortalité des animaux.
Il est bon de savoir que cette Fraternité pour le Respect Animal ''part du constat que, pour l’Église de ce début du XXIè siècle, du fait de l’ère de l’industrialisation et de sa mondialisation, l’Animal n’occupe plus la place que Dieu lui a accordé, notamment dans les textes fondateurs du Judaïsme et du Christianisme, textes de la Genèse et d’Isaïe. Son action se veut être fédératrice et représentatrice de tout combat pour la gente animale au sein de l’Église Catholique.'' Fondée en 2004 par l'abbé Olivier Jelen, cette fraternité a son siège social à Lyon.
Revenons à l'abbé de Tanoüarn. Qu'un prêtre traditionnel écrive sur ce sujet montre qu'un développement de la doctrine à propos de l'immortalité des animaux est possible. Le sujet intéresse donc aussi les catholiques qui se réclament de la Tradition.
Voici donc une partie du texte de l'abbé de Tanoüarn:
Parenthèse sur l'immortalité des animaux
31/03/2020
''Histoire d'interrompre un peu le commentaire de la sainte Messe que j'ai commencé, j'ouvre une parenthèse sur le salut des animaux. J'ai promis voici quelques semaines sur les ondes de Radio courtoisie le texte de saint Thomas d'Aquin sur l'immortalité des animaux. (...) Le texte est tiré du De Potentia Q5 a9 ad 1m, l'une des grandes oeuvres de saint Thomas d'Aquin qui se présente comme un recueil de questions disputées.
(...) "Toutes les oeuvres de Dieu persévèrent dans l'éternité, soit en elles mêmes soit dans leurs causes". Ce principe est fondamental. A lui tout seul il emporte notre conviction : Dieu ne crée rien en vain. Le but de la création ne saurait être le néant. (...)
(...) "Ainsi les animaux et les plantes demeureront, tant que demeurent les corps célestes". (...)
Si l'on tient compte de l'incorruptibilité des corps célestes dans la physique aristotélicienne, on peut penser que saint Thomas donne le maximum d'amplitude au principe qu'il émet dans la première phrase : "Toutes les oeuvres de Dieu persévèrent dans l'éternité, soit en elles-mêmes soit dans leur cause. Ainsi même les animaux et les plantes demeureront, avec les corps célestes". Si l'on se réfère à la phrase précédente, que nous avons appelé le principe (Toutes les oeuvres de Dieu persévèrent dans l'éternité), en effet, cela coule de source : Toutes les oeuvres de Dieu persévèrent dans l'éternité, même les animaux et les plantes ou les corps célestes (qui en eux-mêmes sont incorruptibles, Magister dixit).
Le principe que saint Thomas met au jour reste purement philosophique. La théologie a-t-elle quelque chose a ajouter sur ce sujet, au nom de la parole révélée ? Il me semble qu'elle affirmerait plus volontiers l'immortalité des animaux que la philosophie aristotélicienne à laquelle se réfère saint Thomas, et, pour laquelle, vous l'avez vu, les choses sont complexes.
C'est un texte du prophète Jonas que nous avons lu la semaine dernière, durant la messe, qui peut servir de base à notre réflexion. Recevant, contre son gré, la prédication du prophète Jonas, les Ninivites se convertissent et font pénitence pour échapper à la colère de Dieu : "Le roi de Ninive fit crier partout dans Ninive comme venant de la bouche de ses princes : "que les hommes, les chevaux, les boeufs et les brebis ne mangent rien, qu'on ne les mène point au pâturages et qu'ils ne boivent rien. Que les hommes et les bêtes soient couverts de sacs et qu'ils crient au Seigneur de toutes leurs forces" (Jon. III, 6-7). Les bêtes sont ici associées, dans une solidarité qui nous questionne, à la pénitence des Ninivites. Je soulignerais volontiers que le geste de se couvrir de sacs est un geste liturgique que les bêtes partagent avec les hommes, comme si elles avaient au préalable partagé leurs fautes.
Concernant ce passage, dans son Commentaire du texte de Jonas, Jacques Ellul, grand théologien protestant, offre un point explicatif sur l'homme, l'animal et le péché originel d'après la Bible : "Dans sa condamnation, l'homme a entraîné les animaux. Ils sont irresponsables mais ils sont liés à leurs rois, à leurs chefs déchus. Ils sont englobés dans la destruction qui menace l'univers. L'homme déchu reste cependant le roi et le chef de la création. Il domine sur elle et lui fait suivre son propre chemin.
Mais les animaux comptent aussi devant Dieu. Il ne les a pas créé pour l'abîme, il ne les néglige pas dans l'oeuvre du salut. Et c'est aussi pour eux que la rédemption s'accomplit. L'homme sauvé entraîne à sa suite les animaux dont il est roi Et devant Dieu, l'homme et les animaux sont considérés ensemble sauvés ensemble".
Deux idées principales dans ce texte de Jacques Ellul : les animaux suivent les hommes leurs maîtres qui sont aussi responsables d'eux. Ils ne sont pas rien devant Dieu qui les a créés. Cette deuxième idée force nous la trouvons déjà chez saint Thomas : "Toutes les oeuvres de Dieu persévèrent dans l'éternité". Quant à la première idée sur l'homme responsable du Jardin dans lequel Dieu l'a créé, c'est celle que je développe à la fin du texte sur la liturgie et l'écologie. Elle est présente dans le texte de saint Paul aux Romains que je cite (8, 19-21).
On peut lui trouver un autre fondement scripturaire : l'alliance noachique. Noé, dans son arche a sauvé du déluge sa famille mais aussi les animaux, emportant un couple de chacun d'entre eux, pour préserver la beauté animale de la création, face à la montée des eaux. C'est parce que Noé a sauvé les animaux, oeuvres de sa puissance que Dieu fait alliance avec lui en promettant de ne plus jamais détruire l'humanité. Cette alliance, matérialisée par l'arc en ciel, concerne tous les hommes, pas seulement les Juifs et les chrétiens. Elle est fondée sur le respect de la création, qui fait de l'homme le grand intendant du Jardin divin. Un jardin dont nous avons montré que pour saint Thomas d'Aquin, il demeure dans l'éternité.''
Source
Lien sur le site de la Fraternité pour le Respect Animal: ICI