Pour qu'il y ait "duel" au sens condamné par l'Église, il faudrait que les protagonistes veuillent solder un litige en exposant leur vie.
Pour qu'il y ait "duel" au sens condamné par l'Église, il suffit d'exposer sa vie, ou même, de s'exposer à de graves blessures, même sans qu'il s'agisse de solder une atteinte à l'honneur.
Ainsi, les
Bestimmungsmensuren (voir p.ex.
ICI) pratiquées à ce jour par certaines associations d'étudiants en Allemagne (et quelques pays voisins) sont, au moins depuis 1925, par décret de la S. Congrégation du Concile, assimilées à des duels (
certamina illa esse vera duella sensu canonico, et exinde duellantes poenis ab Ecclesia constitutis esse obnoxios).
Quoique considérée comme sport (le but est en effet de ne pas bouger la tête et de ne donner aucun son ou signe de peur à l'attaque) et quoique ne concernant aujourd'hui aucunement des inimitiés personnelles et des questions d'honneur, cette épreuve n'exclut pas des blessures, parfois (même si de nos jours rarement) mortelles (la tête reste en partie découverte, et souvent il reste des cicatrices sur le visage), elle n'est par conséquent plus pratiquée par les associations catholiques, qui sont nombreuses aussi.
Le droit canon (can. 2351) prévoit l'infamie de droit et l'excommunication
latae sententiae simplement réservée au Saint Siège pour tous les participants (aussi comme observateurs) à un duel (l'infamie seulement pour les combattants et leurs secondants).
Or, la question était de savoir, pour les associations catholiques, si ce type d'escrime académique qui se pratiquait depuis belle lurette est un duel au sens canonique ou pas. La question avait été soulevée dès 1890 par le prince-évêque de Breslau (en Silésie) dont certains séminaristes avaient été membres d'une fraternité combattante et avaient pratiqué la
Mensur. La question était de savoir si ces jeunes hommes étaient frappés d'une
infamia iuris et donc irréguliers
ex defectu (depuis 1917 can. 984-5) pour être ordonnés. La réponse fut affirmative et ils ont dû obtenir une dispense.
En dernier lieu la S. Congrégation du Concile a définitivement tranché (contre l'avis d'une bonne partie de l'épiscopat allemand !) cette question pour cette coutume estudiantine en 1925 (
AAS 18, 1926, 132 sqq.); ce décret du 13 juin 1925, le dernier en date, est même dans le Denzinger.
Pour ce faire une idée, ce petit reportage (italien) des années 60, sur ces pratiques estudiantines (en l'occurrence le corps Saravia) à Berlin (Ouest). Cela permet aux plus jeunes des "liseurs" de découvrir en images le Berlin divisé de notre jeunesse.
C'est
ICI.
On y reconnaît entre autres Eberhard Diepgen, plus tard maire de Berlin (Ouest) pour la CDU.