Le Vatican III par morceaux, bonne formule, se trouve à la fois explicitement dans les oeuvres de feu le cardinal néo-jésuite Carlo Maria Martini (décédé juste avant l'effondrement de l'oeuvre qu'il a obstinément combattue l'herméneutique de la réforme dans la continuité menée de 1974 à 2012/2013) et dans la fondation par le Père Arrupe de la néo Société de Jésus entre 1965 et 1974.
Le néo-jésuitisme a évacué les fondateurs et la mission d'évangélisation au profit d'abord d'une forme de socialisme chrétien - la justice sociale/ Social Justice aux USA qui a évolué en wokisme là-bas - puis à partir de Kolvenbach vers le panthéisme interreligieux (cf. la Pachamama qui s'inscrit dans ce parcours).

On a trop vite oublié qu'au conclave de 2005, avant son retrait explicite pour raison de santé, le cardinal Martini avait été le "challenger" du cardinal Raztinger. Ayant demandé de ne pas voter pour lui, ce fut un cardinal ... argentin Jorge Maria Bergoglio qui concentra les voix des partisans de l'herméneutique de rupture assumée. Pour se récuser à son tour et ouvrir la voie à l'élection de Benoît XVI.

Le bibliste de formation Martini* a tracé dans les années 2005 à sa mort un vaste programme qui déborde même Vatican III et se trouve très marqué par une vision du MASTU (mouvement d'animation spirituelle du totalitarisme universel) : allant au-delà d'un oecuménisme simple entre chrétiens mais se jetant dans l'interreligieux à forte connotation panthéiste comme on disait au XIXe et encore sous Pie XI.
Sa cible privilégiée était l'éthique catholique - il prônait un ralliement au libéralisme - comme la cible première de Kasper a été l'ecclésiologie romaine.

Au plan de la théologie fondamentale, le néo-jésuitisme s'enracine dans la philosophie de Maurice Blondel et plus dans le "blondélisme" à savoir ses multiples élèves en catholicisme tant du côté du renversement de l'Action catholique spécialisée, JAC-JOC etc. pensée comme instrument de combat évangélique devenue un être-avec les communistes à compter des années 1940 ou un être-avec les capitalistes "modernes" pour les Jacistes/MFR, qu'à travers les théologies de l'immanence (de Lubac et l'école de Fourvière, Karl Rahner).

Il faut en gros un bon siècle de travail à la fois souterrain et au grand jour pour aboutir à 2013 et la suite.

* Martini fut un protagoniste essentiel de la "mafia de Saint-Gall" avec plusieurs prélats qui ont miné en interne les pontificats wojtylien puis ratzinguérien. Il y a un côté Rampolla redivivus dans la destinée du cardinal Martini mort à l'été 2012 juste avant d'atteindre sa "Terre promise" du néo-catholicisme. A bien distinguer du courant ésotérique dit martinisme et des Rose-Croix : aucun rapport entre eux.

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