Étude (1903): L'Orthodoxie ne fut pas influencée par le protestantisme par Chicoutimi 2023-05-07 21:34:34 |
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Alors que certains accusent les Orthodoxes d'avoir subi une influence protestantes (comme le mentionnait Candidus ICI à propos du Canon des Écritures), une étude de 1903, publiée par la revue jésuite Études, démontre que, bien au contraire, l'Orthodoxie a su garder son intransigeance, et que la prétendue influence protestante serait, en fait, ''surtout venue de ceux qui, dans l'anglicanisme ou le vieux-catholicisme, avaient intérêt à demander à l'Orient des compromis de doctrine''. Voici donc une intéressante étude sur le sujet qui rappelle, entre autres, l'invalidité des ordinations anglicanes, mais qui manifeste aussi le désir de la réunification entre l'Orient et l'Occident:
''(...) Qui n'a parfois entendu parler de tendances à des atténuations doctrinales et d'«infiltrations protestantes» au sein de l'Église grecque? Nous ne savons ce que ce reproche peut avoir de fondé pour tels ou tels membres du clergé orthodoxe: il nous paraît que le bruit est surtout venu de ceux qui, dans l'anglicanisme ou le vieux-catholicisme, avaient intérêt à demander à l'Orient des compromis de doctrine. Ce que nous savons, c'est que l'Église russe, comme Église, a opposé à ces ouvertures la ferme et intransigeante attitude des patriarches grecs du dix-septième siècle. Et nous constatons avec une satisfaction bien vive que cette attitude est partout celle du distingué chapelain de Berlin. Laissons-le plutôt parler:
Chez les vieux-catholiques on regarde les représentants laïques des communautés comme membres des synodes avec droit de suffrage, tandis que d'après la doctrine orthodoxe le magistère suprême appartient aux seuls évêques et non aux laïques; ceux-ci doivent être conduits et non conduire, de même que le troupeau doit être conduit par le pasteur, et non le pasteur par le troupeau. En outre, le catéchisme (vieux-catholique) admet comme possible, dans certaines circonstances, une erreur d'un concile œcuménique et demande en ce cas aux fidèles de repousser la fausse doctrine et de maintenir fermement la foi catholique. Conclusion mensongère. Le concile œcuménique représente l'Église universelle; si le concile pouvait se tromper, c'est toute l'Église qui se tromperait avec lui et démontrerait par là qu'elle n'est pas d'origine divine et que toute sa doctrine antérieure a reposé sur le faux. Une Eglise qui peut se tromper ne mérite pas d'exister. (Die Sacramente, p. CXVI.)
Si les vieux-catholiques désirent sincèrement être reçus dans l'Église orthodoxe-catholique d'Orient, une condition essentielle est qu'ils admettent la doctrine de la transsubstantiation, telle qu'elle est contenue dans l'article 17 de la Déclaration des patriarches orientaux, et avec laquelle le dogme du concile de Trente s'accorde parfaitement. (Ibid., p. 1c.)
...Tant que l'Église anglicane n'a pas officiellement rejeté les trente-neuf articles, elle conserve le caractère calviniste qui était propre aux auteurs de sa constitution... La thèse d'après laquelle les évèques anglicans pourraient, par la succession apostolique, faire remonter leurs pouvoirs au Seigneur Jésus et aux apôtres, est donc en contradiction directe avec les principes fondamentaux de leur propre Église. Outre cela, les évêques consécrateurs anglicans ne peuvent avoir l'intention de transmettre à leurs successeurs ce que l'Église orthodoxe regarde comme l'essence du souverain sacerdoce: le pouvoir d'administrer tous les sept sacrements, dont deux seulement sont reconnus dans l'Église anglicane; le pouvoir d'accomplir le miracle de la transsubstantiation, auquel l'Église anglicane ne croit pas cette intention serait en contradiction avec la doctrine de leur Église, qu'ils ont affirmée par serment. (Ibid., p. c-CVI.)
... Sur le pressant désir de quelques ecclésiastiques anglicans, le pape Léon XIII a récemment, et de la manière la plus bienveillante, fait examiner la validité des ordinations anglicanes. Naturellement, on n'a pu arriver qu'à un résultat négatif, ce qu'il a été forcé de proclamer solennellement dans la bulle Apostolicæ curæ. Repoussés par Rome, un certain nombre d'évêques anglicans cherchent à faire reconnaître la validité de leurs ordinations par l'Église orthodoxe d'Orient, sans songer que celle-ci ne peut en aucune manière (keine Veranlassung hat), par la reconnaissance des ordres d'une Église étrangère, dont les doctrines s'écartent entièrement de l'orthodoxie, appuyer l'autorité de cette Église... L'Église anglicane peut tolérer dans son sein diverses doctrines, opposées les unes aux autres; l'Église orthodoxe ne le peut pas: une et immuable est sa doctrine dans le temps et dans l'espace. Le cardinal Vaughan, dans la brochure qu'il a publiée d'accord avec les évêques de la province de Westminster, a pertinemment démontré que la décision papale sur la nullité des ordinations anglicanes est fondée sur les faits et en parfait accord avec la manière de voir (Auffassung) de l'Eglise orthodoxe d'Orient. (Ibid., p. CVI-CVIII.)
... Si l'Église anglicane venait à modifier sa doctrine et abandonnait en partie les trente-neuf articles, pourrait-on reconnaître la validité de ses ordinations? A cette question on doit répondre par une négation absolue: un changement de ce genre n'aurait pas d'effet rétroactif; la succession apostolique, une fois interrompue par une ordination nulle, est perdue pour toujours. D'ailleurs, l'Église anglicane a reconnu le souverain, un simple laïque, comme chef de l'Église, et créé de la sorte une façon de papauté laïque; elle a laissé décréter ses dogmes (les trente-neuf articles) et sa liturgie par le Parlement comme par une sorte de concile laïque; par ces faits elle a clairement montré qu'elle renonçait au caractère surnaturel de son sacerdoce et s'est mise pour toujours en contradiction avec l'orthodoxie. Ce ne sont pas des dogmes particuliers qu'elle doit défaire, c'est à son principe même, anti-orthodoxe et anti-catholique, qu'elle doit renoncer; elle doit détruire le fondement de la Réforme, sur lequel elle est bâtie. (Ibid., p. CIX-CX.)
... Quand les anglicans demandent à l'Église orthodoxe orientale la reconnaissance de leur hiérarchie calviniste et réformée, cette prétention équivaut à demander à cette grande et antique Église d'Orient, deux fois millénaire et fondée par Dieu lui-même, de renoncer à la légitimité de ses propres ordres, conservée jusqu'ici sans tache et sans corruption, et cela pour un rien, pour faire plaisir à quelques ambitieux, soi-disant évêques, de confession anglicane. (Ibid., p. CVI-CXII. )
Cette étude comparée des rites de l'ancienne Église, entièrement exempte de critique subjective et de préoccupations polémiques, ainsi que la reproduction des anciens chants, des anciennes prières, qui touchent souvent et éclairent le terrain dogmatique, pourrait contribuer à faire atteindre plus facilement et plus rapidement le but idéal du rétablissement de l'ancienne unité ecclésiastique. Affectionner ce but et y tendre dans la mesure de ses forces, c'est à quoi se sent appelé tout chrétien vraiment croyant. (Fastenund Blumen-Triodion, préface, p. X.)
... Puisse Dieu hâter le jour où les vénérables et antiques Églises de l'Orient et de l'Occident, qui jadis d'un commun accord offraient à Dieu leurs enfants pour le martyre, et qui, malgré une séparation déjà plusieurs fois séculaire, ont conservé si fidèlement l'ancienne foi et les anciens rites, se réuniront de nouveau dans le premier amour, afin que s'accomplisse l'intime souhait du cœur du Rédempteur à sa dernière heure ut omnes unum sint. (Menologion, t. II, p. XLV.)
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