Bien évidemment, tous ceux qui animaient le terreau musical en Allemagne et en Italie au XVIIIe siècle n'étaient pas des génies. Mais les principaux patrons étaient au moins des amateurs éclairés et exigeants : Marie-Thérèse en Autriche, Frédéric-Auguste II, son favori Brühl et sa belle-fille Marie-Antoinette de Bavière en Saxe, Frédéric II en Prusse, Charles-Eugène en Wurtemberg connaissaient très bien la musique et se sont assurés les services des meilleurs musiciens disponibles (Graun et Quantz à Berlin) voire des meilleurs tout court (Hasse à Dresde, Jommelli à Stuttgart), pour en rester aux compositeurs, mais on pourrait en dire autant des interprètes. Il en résultait une puissante émulation entre les cours allemandes. On retrouvait la même émulation à Naples où les conservatoires formaient en grand nombre des musiciens qui n'étaient certes pas tous des génies, mais qui, grâce à d'immenses professeurs comme Leo, Durante ou Fenaroli, possédaient l'aptitude nécessaire pour composer une grande quantité de musique de bon niveau.

Baisser le niveau d'exigence et se contenter de productions médiocres, c'est condamner la louable entreprise consistant à réacclimater notre famille de pensée avec le cinéma à ne concerner qu'un public de niche, qui applaudira quoi qu'il arrive parce qu'il aura l'impression que l'on parle de lui, quelle que soit la qualité de ce qu'on lui propose.

Peregrinus

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