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Traduction du texte intégral...
par vistemboir2 2022-11-18 12:26:30
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(Avec l’aide de DeepL.com - Source : Rorate Cæli)

Enzo Bianchi, prieur extrême-libéral : Comment pouvons-nous avoir l'œcuménisme et le dialogue avec tout le monde, sauf avec nos frères traditionalistes ? Nous avons besoin de la paix liturgique.

Quand on a perdu Enzo Bianchi...

Bianchi est bien connu comme le fondateur de la communauté monastique "œcuménique" de Bose. Il a été démis de ses fonctions de prieur laïc il y a quelques années, non pas en raison d'un scandale personnel, mais pour des questions peu claires concernant "l'exercice de l'autorité". Quoi qu'il en soit, il a toujours été une voix cohérente pour le libéralisme radical en Italie catholique, et un défenseur acharné de tout ce qui concerne François.

Jusqu'à aujourd'hui.

Même Bianchi est choqué et embarrassé par le mauvais traitement et l'évitement des catholiques traditionnels sous le pontificat actuel. Dans le numéro actuel de Vita Pastorale, le mensuel également très "progressiste" des catholiques italiens "progressistes", Bianchi a eu quelques mots de choix concernant une Église qui écoute et veut dialoguer avec tout le monde - tout le monde, sauf les traditionalistes.

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La communion ecclésiale

La messe ne peut être un lieu de contestation et de division fraternelle.
Et la liturgie, si elle n'est pas célébration de l'Évangile, ne peut attirer personne.
Vita Pastorale - 10 novembre 2022
Par Enzo Bianchi

Le Pape François écrit dans sa lettre apostolique Desiderio desideravi que les tensions, malheureusement présentes autour de la célébration, ne peuvent être jugées comme une simple divergence de sensibilité envers une forme rituelle, mais qu'elles doivent être comprises comme des divergences ecclésiologiques. C'est pourquoi il a estimé de son devoir d'affirmer que "les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II par rapport aux décrets du Concile Vatican II sont l'unique expression de la lex orandi du Rite Romain".

L'expression est forte et péremptoire, mais elle ne nie certainement pas que le Vetus Ordo en vigueur jusqu'à la Réforme Liturgique était dans ces siècles une expression de la lex orandi du Rite Romain.

Certes, la liturgie catholique actuelle, qui a de toute façon toujours et continuellement besoin d'être réformée, parce que l'Église est semper reformanda, exprime la prière du rite romain, mais elle exprime surtout la foi de l'Église d'aujourd'hui, une foi dans la tradition, mais approfondie, enrichie, parce que la liturgie grandit avec sa célébration toujours renouvelée. Il se passe pour la liturgie ce qui se passe pour la Parole de Dieu : Divina Scriptura cum legente crescit !

D'autre part, il faut rappeler à tous que la tradition est ce qui transmet le fondement de la foi. Le danger est de s'attacher aux traditions et non à ce qu'elles transmettent. Une tradition ne vit pas si elle n'est pas renouvelée.

C'est pourquoi le pape François, dans Desiderio desideravi, répète que le mandat qu'il a reçu en tant que successeur de l'apôtre Pierre lui impose de garder et de confirmer la communion ecclésiale catholique dans une recherche incessante de l'unité. Mais il n'échappe à personne que cette unité à laquelle toute l'Église doit tendre, et qui ne sera complète qu'à l'éschaton, s'avère être contredite par des portions de fidèles qui veulent être et se disent fidèles à la tradition, et tout récemment brisée par la réalité née du schisme de Mgr Marcel Lefebvre. Il est vrai qu'en Italie cette présence des traditionalistes est très limitée et circonscrite, et pour cette raison l'église italienne n'y prête pas beaucoup d'attention, mais nous savons bien que dans d'autres pays - surtout en France, en Allemagne et aux États-Unis - les traditionalistes constituent une minorité bien attestée, non négligeable et très efficace en termes de communication et de visibilité. Dans une diaspora catholique, parmi des catholiques de moins en moins nombreux, leur présence apparaît significative et capable de s'exprimer avec un militantisme persévérant.

Il faut tout de suite préciser qu'il s'agit d'une présence bigarrée, montrant différents visages, différents styles, différentes manières d'être dans la communion ecclésiale, avec des manières très différentes de lutter pour continuer à exister : d'une critique réfléchie et légère, à une contestation presque continue, à une délégitimation de l'Église catholique, du pape François et des évêques. Nous assistons parfois à la mutation d'une critique consciencieuse et filiale en une accusation dure et convaincue de trahison de la foi, et donc une accusation d'hérésie.

La situation est grave, et il est temps de cesser de se moquer de cette partie de l'Église, voire de la railler et de la mépriser. Pratiquer l'œcuménisme avec tant de communautés chrétiennes, parfois gravement appauvries du noyau de la foi en Christ, et ne pas savoir dialoguer et marcher même avec les traditionalistes n'est certainement pas un signe d'authentique charité fraternelle, ni de conscience que nous sommes unis par l'unum baptisma, l'unique baptême, qui fait de nous des frères et des disciples de Jésus-Christ.

Pouvons-nous parvenir à un discernement calme et serein de cette réalité ? Dans mon existence de moine catholique et de chrétien, toujours attentif à la vie si diverse des églises, de même que j'ai toujours fréquenté des églises et des monastères de communautés chrétiennes non catholiques mais orthodoxes ou réformées, de même j'ai toujours fréquenté des communautés ou des monastères qui, désireux d'être fidèles à la tradition antérieure à la réforme liturgique, ont obtenu la possibilité de continuer à vivre la liturgie en la célébrant avec le Vetus Ordo. Il ne me suffisait certainement pas de contempler, de participer et de jouir de la beauté des rites et du chant grégorien, mais je regardais attentivement la vie humaine et spirituelle de ces communautés, et je remarquais toujours un amour sincère pour la liturgie, une fidélité sérieuse et profonde à la tradition monastique, vécue avec une intention évangélique, riche d'initiatives et de travail pour vivre la condition de tous les hommes, une vie commune capable d'une grande charité. J'ai donc envoyé mes frères moines à l'abbaye française du Barroux, une communauté florissante, pour apprendre à faire du pain, et dans mes séjours dans ce monastère et dans d'autres monastères traditionalistes, j'ai pu vérifier que même avec eux "il est beau et doux de vivre ensemble". Je les ai sentis tout simplement frères, et j'avoue que je me suis mieux retrouvé parmi eux que dans certains monastères qui se disent fidèles à Vatican II mais vivent une vie de résidence religieuse non monastique.

L'interview que le nouvel abbé de Solesmes a donnée après son audience avec le pape François, le 5 septembre 2022, reste significative. Dom Geoffroy Kemlin est à la tête d'une congrégation de monastères dans laquelle certains célèbrent avec le Vetus Ordo préconciliaire tandis que d'autres suivent la réforme de Paul VI, en vigueur dans toute l'Église catholique latine. Il lui incombait donc de faire connaître au pape les réactions à Traditionis custodes enregistrées en France et de lui demander comment il devait gérer l'application du Motu proprio dans ses monastères. Le pape François lui aurait dit à ce propos que c'est vraiment à lui, l'abbé de Solesmes, de faire le discernement, et que cela ne dépend pas de sa personne, même s'il est le pape, parce qu'il vit à deux mille kilomètres. Littéralement : "Tu es un moine, et le discernement est propre aux moines. Je ne te dis ni oui ni non, mais je te laisse discerner et prendre une décision." Conseil, cela, que le pape a aussi donné à certains évêques français, et cela nous dit que ce que le pape veut vraiment, c'est l'unité, ce qui n'empêche pas une diversité de rites tant que la foi catholique du mystère eucharistique est honorée.

Lors d'une audience avec le pape François en 2014, le pape m'a demandé ce que je pensais des traditionalistes, et je lui ai dit : "Votre Sainteté, s'ils acceptent le concile Vatican II, s'ils acceptent vraiment votre ministère de successeur de Pierre, s'ils déclarent valides la réforme liturgique et l'eucharistie normalisée par Paul VI, laissez-les vivre.... L'Église doit accepter une communion plurielle, elle ne peut plus être monolithique dans ses formes."

Je continue à avoir la même opinion après toutes ces années où l'Eucharistie , au lieu d'être un lien d'unité est devenue une cause de division. Et pour cela, la responsabilité doit être prise non seulement par ceux qui retombent dans la nostalgie du passé - les "indietrists" [rétrogrades], comme les appelle le Pape - mais aussi par ceux qui, avec les traditionalistes, n'ont pas été clairs, ont été hypocrites et ambigus, les poussant sans en avoir l'air sur des positions de contestation et de rupture avec l'Église.

Ecclesia Dei a-t-elle toujours agi avec véracité, loyauté, transparence en tissant un dialogue avec ces parties de l'Église ? Et certains cardinaux et évêques, de quel côté étaient-ils durant la période post-conciliaire : adhérant à Vatican II et à la réforme qui en a résulté ou la critiquant au point d'en diminuer l'autorité ?

Nous connaissons déjà tellement de tensions et d'oppositions dans l'Église aujourd'hui que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre ne serait-ce que la paix eucharistique. La messe ne peut pas être un lieu de contestation et de division fraternelle, et pour que s'ouvre un chemin de vraie communion, il est plus que jamais nécessaire que la célébration du Novus Ordo soit pratiquée en évitant le laisser-aller, la banalité et la laideur. Actuellement, la situation fait qu'il est vraiment fatigant pour de nombreux catholiques d'assister à la liturgie pour en tirer des fruits spirituels. Trop de proéminence du prêtre, trop de verbiage, des chants mal édités et indignes, des homélies qui se nourrissent maintenant presque uniquement des sciences humaines, de la psychologie, de l'histoire de l'art : cela enchante tout le monde mais ne convertit personne.

À mon avis, la situation est dramatique et je comprends que les amoureux de la tradition n'acceptent jamais le Novus Ordo, mais restent ancrés au rite ancien qui ne doit jamais être méprisé et dévalorisé. La liturgie, si elle n'est pas un mystère ordonné, si elle n'est pas belle même dans sa simplicité, si elle n'est pas une célébration de l'Évangile, elle ne peut attirer personne, pas même par la grâce. L'unité catholique ne peut et ne doit donc pas être une uniformité, mais une harmonie multiforme, une communion plurielle, dans laquelle chacun et tous trouvent des possibilités de participation vivante. Traditionis custodes et Desiderio desideravi doivent être une invitation pour tous à renouveler la foi eucharistique à travers une veillée et une belle célébration de l'Eucharistie vécue comme une communion et non comme une occasion de division ecclésiale. [C'est Rorate qui souligne.]

***
Note de Rorate : Bien sûr, pas de critique ouverte, et une acceptation provisoire du motu proprio (après tout, il n'est pas traditionaliste), mais rempli de la critique la plus forte qu'on puisse trouver de la part d'un allié de François. Et, dans un sens, c'est ce qu'on devrait attendre de tous les catholiques vraiment "libéraux" (dans le sens correct du mot libéral). Malheureusement, la plupart des libéraux sont soudainement devenus des autoritaires hyperpapistes, au cours de ce pontificat seulement, ce qui révèle que leur libéralisme a toujours été une imposture - et qu'ils sont vraiment de violents révolutionnaires.

Ils échoueront, de toute façon, et cette horrible époque de mauvaise gestion et de tromperie papale passera aussi.

     

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 Fort soutien d'Enzo Bianchi aux "tradis". Merci par Gaspard  (2022-11-18 10:25:27)
      Traduction du texte intégral... par vistemboir2  (2022-11-18 12:26:30)
          L'essentiel par Roger  (2022-11-18 12:41:44)
      saine réaction qui, au fond, reprend presque mot pour mot celle du Père Congar par Luc Perrin  (2022-11-18 16:00:01)
          Père Congar par Halbie  (2022-11-18 20:41:48)


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